Renforcer les solidarités entre personnes d’âges, de classes sociales, de nationalités et de sexes différents, en développant l’échange de services, tel est l’objectif des Accorderies. La France en compte une quarantaine et leur réseau fête ses dix ans cette fin novembre, mois de l’Economie sociale et solidaire. Petit tour dans celle de Cachan, la seule du Val-de-Marne, née en 2019.
C’est dans un petit local municipal au rez-de-chaussée de la cité-jardin que l’Accorderie locale a pris place. Dans une pièce éclairée au néon, six organisateurs discutent de la tenue de la prochaine foire aux échanges du samedi 27 novembre, un temps fort de l’association à l’occasion des dix ans du réseau des Accorderies. “Il s’agit de faire se rencontrer l’offre et la demande” explique Jean-Michel, lui-même “accordeur”.
Ici, tout repose sur l’entraide réciproque. Les membres, appelés “accordeurs”, bénéficient de services rendus pour les services qu’ils donnent, le tout étant compté en heures. “L’idée est d’aider aux gens à prendre conscience qu’ils disposent de ressources, de savoir-faire, même s’ils ne les considèrent pas comme tels”, explique Michèle, “accordinatrice” (organisatrice) depuis le début. Les services proposés peuvent aller de la cuisine aux cours d’informatique, en passant par le bricolage, la couture, l’aide administrative…
Venu aider à l’organisation de la foire aux échanges, Jean-Michel arrive un peu en avance pour bénéficier d’une heure de service. Michèle va l’aider à faire de la place sur son téléphone, pour installer une application de cartes de randonnée. “Tu vois la petite icône en haut de ton téléphone ? Elle signifie que tu es connecté au Wifi !”, explique calmement Michèle. “Ça, tu me l’apprends ! Rien que pour ça, ça vaut la peine d’être venu”, sourit Jean-Michel.
Les accordeurs ne manquent pas d’anecdotes, se souvenant par exemple de cette maman anglaise qui souhaitait apprendre à faire du vélo. “Elle avait peur de monter dessus mais on lui a appris et nous l’avons encouragée à se lancer. Deux mois plus tard, elle partait en vacances à bicyclette avec ses enfants !” Il y a aussi cette dame qui a appris à nager. “La personne qui lui a appris pensait ne rien avoir à apporter quand elle s’est inscrite à l’accorderie. Pourtant, un brevet de maître-nageur, c’est une compétence rare ! Elle ne s’en serait sûrement pas rendue compte si elle ne nous en avait pas parlé”, raconte Michèle. “Ce que j’aime ici, c’est qu’on donne lieu à des échanges qui donnent lieu à du mélange. J’aime l’idée de créer quelque chose de collectif dans cette société individualiste, c’est pour ça que je suis ici”, ajoute Jean-Michel. “Nous nous basons sur des principes tellement alternatifs que notre action ne peut se faire qu’à l’échelle locale”, explique Aline Pirès, seule employée de l’Accorderie.
Une initiative née au Québec
Le concept est né en 2002 outre-Atlantique, dans les quartiers populaires québécois, et s’est fédéré en réseau en 2006 avant d’essaimer en France en 2011 grâce à un partenariat entre le réseau québécois et la fondation Macif, avec d’abord des implantations à Paris, dans le 19ème, et à Chambéry. Soutenu également par le Secours Catholique et la Caisse des Dépôts, le réseau français compte aujourd’hui une quarantaine d’Accorderies et près de 20 000 membres, avec à son actif plus de 750 000 heures échangées.
LA Cachan, l’association compte déjà 120 Accordeurs et vise à s’ouvrir un maximum aux habitants en multipliant les initiatives. Passionné de randonnée, Jean-Michel propose ainsi tous les dimanches des balades en région parisienne, le plus souvent autour de Fontainebleau ou en vallée de Chevreuse. Au programme également : soirées tarot, ateliers de réparation de vélo…
Foire aux échanges de service le 27 novembre
Prochain temps fort : la foire aux échanges de services le 27 novembre de 14h30 à 17h30 à l’Accorderie de Cachan, au 179 avenue Aristide Briand. Le local est situé côté esplanade Victor Hugo.
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