A Saint-Ouen, la plus grande ville du canton du même nom, l’affrontement entre l’actuel maire, Karim Bouamrane et l’ancien, William Delannoy, polarise la campagne. Les habitants, eux, se sentent moyennement concernés par le scrutin.
« Karim se présente vous savez », hèle Nadia qui attend un petit voisin à la sortie de l’école élémentaire située près du parc des Docks. « William aussi, il est chaque dimanche au marché », la coupe Corinne, une voisine qui passe par là.
Dans le canton de Saint-Ouen, à un mois des élections départementales, le nouveau face à face entre les têtes d’affiche du rassemblement de la gauche et des écologistes d’une part, et de la droite d’autre part, occupe les militants. Un affrontement entre les deux figures de la vie politique locale qui polarise la campagne sur la ville alors que le canton couvre aussi l’île Saint-Denis et une partie d’Epinay-sur-Seine, dont le maire, Hervé Chevreau (centriste), qui est l’un des deux conseillers départementaux sortant, se présente cette fois comme suppléant de William Delanoy.
« Si ce n’était pas eux les candidats, je ne suis pas sûr que j’aurais prêté attention à cette élection, commente Thierry en sortant du métro. « Parce que, franchement, je ne sais même pas à quoi ça sert de voter pour le département. D’ailleurs, c’est quand le vote ? », interroge-t-il.
Comme en 2004, le scrutin se déroulera simultanément avec celui des régionales, les dimanches 20 juin pour le 1er tour et le 27 juin pour le second. En Seine-Saint-Denis, 42 binômes homme-femme se présentent dans 21 cantons. Pour rappel, le Conseil départemental a pour compétences le social, avec notamment le versement du revenu de solidarité active (RSA) et des allocations handicap et personnes âgées, ainsi que l’accompagnement des allocataires, la construction et l’entretien de la voirie départementale et des collèges.
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Les binômes candidats dans le canton de Saint-Ouen
William Delannoy et Marina Venturini (sans étiquette/LR) |
Christian Sieber et Cendrine Boulain (RN) |
Solène Khin Zn Minn et Mohamed-Jamil Abid (sans étiquette) |
Karim Bouamrane et Emilie Lecroq (PS/PCF) |
Typhaine Leforestier et Marc-Antoine Authier (Agir) |
“C’est fini je n’y crois plus!”
« Je ne sais pas si je vais aller voter, explique Mohamed, croisé au square Marmottan, dans le quartier Garibaldi. J’habite ici depuis vingt ans. Moi, ce que je vois, c’est la facture EDF et les loyers qui augmentent. Et c’est vrai que les classes populaires disparaissent. Que le département soit dirigé par la gauche ou la droite, ça changera pas grand chose. De toute façon, les changements, ils se font par la force des choses avec l’organisation des jeux olympiques. » A ses côtés, Arezhi estime pour sa part que la politique locale n’a plus le même impact. « C’est au niveau mondial que se trouvent maintenant les leviers d’action. Les maires et les départements font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont. »
Assise sur un banc face à l’église Notre-Dame du Rosaire, une retraitée confie sa déception à l’égard des politiques. « Je les vois passer avec des tracts mais je n’irai sûrement pas voter. C’est toujours les riches qui profitent du système. Nous, on vit dans l’insécurité, on ramasse les miettes et on est censé dire merci. C’est fini je n’y crois plus! »
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