Un milliard d’euros pour un plan éco-collèges, RSA pour les 18-25 ans, 100% de voies cyclables d’ici 2024, conseil citoyen départemental, budget participatif, brevet des collèges contre le sexisme, observatoire de lutte contre les discriminations… Voilà quelques-unes des mesures que la gauche, rassemblée sous le slogan “Agir nous protège” entend promouvoir pour remporter les élections départementales des 20 et 27 juin 2021 en Seine-Saint-Denis.
Entouré des représentants d’EELV, de Génération.s, du PS, du PCF et du MRC-GRS, Stéphane Troussel, président sortant PS du conseil départemental, a détaillé mardi 11 mai le programme du rassemblement de la gauche et des écologistes.
Un rassemblement par nécessité
« L’enjeu des départementales, c’est le quotidien des habitants », a-t-il fait remarquer. Parce que la crise économique et sociale qui nous attend va nécessiter d’être aux côtés des gens. »
Dans le salon d’un hôtel audonien où se tenait cette présentation, Karim Bouamrane a rappelé que c’est ici “qu’a démarré notre histoire de reconquête ». En mars 2020, il avait repris la mairie de Saint-Ouen à la droite. Aujourd’hui, il est investi candidat PS pour le canton de Saint-Ouen. « Nous sommes une des gauches les plus intelligentes du monde, se félicite l’élu. On aurait pu faire comme ce qui se passe dans 90% du territoire et se dire chacun reste dans son couloir. On s’est dit notre ego est totalement secondaire par rapport à l’intérêt des gens. »
Bélaïde Bedreddine, candidat PCF dans le canton de Montreuil 2 et président du groupe communiste au conseil départemental, a noté que cette unité « s’est construite réellement durant le premier confinement ». Nadia Azoug, candidate EELV dans le canton de Pantin, s’est aussi souvenue « des longues heures à distance » passées pour parvenir à l’accord ayant scellé le rassemblement de la gauche et des écologistes. Un accord qui est apparu comme une nécessité « face au danger de victoire de la droite », selon Emilie Lecroq, mais dont l’objectif est « aussi de redonner à la gauche ses valeurs transformatrices » dans un contexte de crise démocratique. A noter aussi dans l’union la présence de Génération.s, représenté par Oriane Filhol, maire adjointe de Saint-Denis et candidate dans le canton de Saint-Denis 1, et de la Gauche républicaine et solidaire, par Stéphanie Klebek, candidate dans le canton de Livry-Gargan.
Pour ce qui est du PCF, l’alliance avec la plate-forme d’union de la gauche n’est toutefois pas au rendez-vous dans tous les cantons. Quant à la France insoumise, elle ne figure pas au tableau.
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Le programme par thématique
Jeunesse
L’un des points clé du programme : « On va mettre le paquet sur la jeunesse », a expliqué Stéphane Troussel qui a rappelé que la Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France, « une chance dans un pays vieillissant ».
- Expérimentation d’un « RSA jeune » pour les 18-25 ans : une proposition qui part du constat selon le président socialiste du conseil départemental que « la crise que nous vivons met en lumière un angle mort des politiques publiques », la France étant « l’un des rares pays à ne pas avoir élargi ses minima sociaux » aux jeunes. Toutefois, « il faudra travailler », a-t-il concédé, sur le public spécifiquement visé : « jeune étudiant, jeune en insertion, en formation ? »
- Mise en place d’un plan massif de formation et de recrutement de 10 000 volontaires JO 2024.
- Mise en œuvre d’un plan éco-collège doté de 1 milliard d’euros visant à la rénovation « souvent lourde » de 43 établissements, ciblant en particulier les passoires thermiques. Ce plan vise également la création de 8 nouveaux collèges pour accueillir 7 000 élèves supplémentaires. Il devra par ailleurs permettre la réduction des 50% des émissions de CO2 sur l’ensemble des collèges existants et de végétaliser 130 cours.
Ecologie
- Agrandissement et amélioration des 8 parcs du département (Clichy-sous-bois, terrain des essences du parc Georges-Valbon, parc de la Poudrerie, etc…).
- Plantation de 30 000 arbres dans le cadre du plan Canopée : « un moyen de lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi de ramener du beau et de l’agréable et de respecter les habitants », selon Bélaïde Bedreddine.
- Déploiement d’un plan bassin et assainissement de 100 millions d’euros pour améliorer la qualité de l’eau, créer des bassins de baignade écologique et redécouvrir des cours d’eau (comme Vieille Mer qui prend sa source à Dugny).
- Poursuite du développement des mobilités douces et du plan 100% de voies cyclables d’ici 2024 avec notamment la mise en place de carrefours hollandais et la volonté de « redonner la place aux piétons » précise Nadia Azoug, notamment par la réduction du nombre de camions en privilégiant le ferroviaire et le transport fluvial.
- Lutte contre les passoires thermiques dans l’habitat.
- Déploiement de 20 000 kits économiseurs d’eau par an.
- Déploiement d’un plan alimentaire territorial.
- Objectif 100% bio et circuits courts dans les collèges.
Lutte contre les inégalités
- Doublement du budget de l’insertion qui passerait de 25 à 50 millions d’euros par an. Alors que le 93 compte 90 000 allocataires du RSA aujourd’hui, cette mesure est nécessaire selon Stéphane Troussel pour compenser la diminution du volume des dépenses d’insertion résultant du transfert des dépenses du RSA au département depuis 2015, mais aussi pour que les habitants puissent prendre part aux chantiers entrainés par les jeux olympiques. Elle reste étroitement liée à sa proposition de renationalisation du RSA « qui laisserait aux départements des marges de manœuvre budgétaire et qui nous permettrait d’engager ces 50 millions d’euros et de créer des agences d’insertion », a fait valoir Nadia Azoug. « Le débat sur la renationalisation du RSA, nous allons le gagner », a enjoint Stéphane Troussel.
- Mise en place d’un revenu de transition écologique : une mesure en faveur de l’emploi durable et relocalisable précise Nadia Azoug, qui s’appuierait sur une allocation de solidarité destiné à des « porteurs d’emploi ».
- Création d’un « chèque alimentaire durable » pour les personnes en difficulté.
- Déploiement d’un plan de lutte contre la fracture numérique avec un soutien financier à l’équipement et « la distribution de tablettes et d’ordinateurs pour les plus défavorisés », a évoqué Oriane Filhol. En parallèle, des actions de formation doivent être entreprises avec le déploiement d’un réseau de conseillers numériques.
- Création d’agences locales d’insertion.
Petite enfance
- Mise en place de 50 maisons d’assistantes maternelles.
- Soutien à la création de nouvelles places de crèches. « Avec 28 000 naissances par an, l’accueil des enfants est un vrai enjeu dans le département », a rappelé Oriane Filhol.
Personnes âgées
- Développement de la carte Ikaria pour proposer aux plus de 60 ans des activités culturelles et sportives avec un chèque culture de 100 euros.
Santé
- Création des « bus itinérants de la santé ».
- Faciliter l’accès à une mutuelle santé.
- Déploiement d’un dispositif de bilan médical systématique pour tous les enfants avant 6 ans (en lien avec la protection maternelle et infantile).
- Développement de l’« Académie populaire de la santé »
Handicap
- Création d’une maison de l’autonomie et des aidants pour améliorer l’accès aux droits des personnes en situation de handicap, mais aussi des personnes âgées et de leur famille. Cette initiative accompagnerait l’engagement de la gauche et des écologistes à réduire les délais de traitement des dossiers de ces deux catégories de population considérées comme prioritaires.
- Mis en place de « relais autonomie locaux ».
- Création de 550 places pour adultes handicapés et pour l’autisme.
- Développement de 30 « tiers-lieux d’autonomie » dans les quartiers.
Sport
- Lancement d’un plan piscine 2 pour développer l’apprentissage de la nage.
- Instauration d’un pass’sport pour les collégiens avec une aide de 100 euros à la pratique sportive.
- Mise en place d’un parcours « sport au collège » en lien avec les clubs et les athlètes du département.
- Création d’un « pôle de référence inclusif et sportif » au stade de la Motte à Bobigny.
Culture
- Engagement à maintenir le budget du département consacré à la culture à hauteur de 18 millions d’euros.
- Lancement d’un nouveau plan d’investissement pour la rénovation et la modernisation des lieux culturels.
Egalité femmes-hommes
- Instauration d’un budget « égalitaire » pour la mise en œuvre des politiques publiques.
- Création d’un « brevet des collèges contre le sexisme ».
- Mise en place d’un programme de prévention du harcèlement.
- Développement de la gratuité des protections hygiéniques notamment dans les collèges.
Démocratie locale
- Instauration d’un budget participatif de 3 millions d’euros par an « afin de permettre aux citoyens de décider de projets d’importance sur le territoire », explique Stéphanie Klébeck. Des budgets participatifs doivent également être créés dans chaque collège « pour participer à la vie démocratique dès le plus jeune âge ».
- Création d’un conseil citoyen.
- Création d’un « Observatoire de l’égalité des droits et des discriminations ».
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