Deux jours après le début des cours à distance pour plus de 12 millions d’élèves, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête sur une série d’attaques informatiques présumées contre la plateforme du Cned, alors que le télé-enseignement souffrait encore de ratés mercredi.
Tout devait “être prêt”, avait promis le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, mais comme l’an dernier l’école à la maison connaît des “bugs” liés à des serveurs défaillants et des attaques informatiques.
Face à ces attaques apparues mardi, le Cned (Centre national d’enseignement à distance) a évoqué mardi soir des “actes délibérés de malveillance”.
La section cybercriminalité du parquet de Paris a ainsi annoncé mercredi s’être saisi du dossier. Confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLTIC), son enquête a été ouverte pour “accès frauduleux à un système de traitement automatisé” et “entrave au fonctionnement” d’un tel système.
Mardi matin, M. Blanquer avait évoqué une “très forte attaque informatique venue de l’étranger”, sans plus de précision sur son origine. “Nous continuons à travailler sur cette origine”, a dit mercredi le ministère, sollicité par l’AFP.
Le Cned a par ailleurs expliqué avoir transmis “l’ensemble des éléments techniques liés à ces cyberattaques” à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).
Contacté, un représentant de l’Anssi a confirmé que l’agence suivait “la situation” et précisé que les équipes du Cned échangeaient “régulièrement avec les équipes de l’Anssi pour déterminer les meilleures mesures à prendre pour atténuer les effets de ces attaques”.
De son côté, le ministère de l’Education nationale a fait état auprès de l’AFP d’une “nouvelle attaque survenue dans la nuit de mardi à mercredi” sur la plateforme du Cned qui a “de nouveau créé des ralentissements mercredi matin”. Il a cependant assuré que “globalement, cela fonctionne”.
Un constat pas forcément partagé par des syndicats comme le Snes-FSU ou le Snuipp-FSU, qui pointaient mercredi en fin de matinée “de grosses difficultés à se connecter sur le site de continuité pédagogique Ma Classe à la Maison”, dépendant du Cned.
“C’est d’autant plus inquiétant car nous sommes mercredi et que ce jour de la semaine est censé occasionner moins de connexions que les autres jours”, a indiqué de son côté Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, “beaucoup d’élèves n’ont que la matinée de cours ou pas du tout de cours”.
Autre crainte, soulevée par la secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, Sophie Vénétitay: “si les élèves n’ont pas pu se connecter mardi puis mercredi, on va perdre des élèves qu’on aurait pu facilement garder avec un système efficace”.
L’enseignement à distance a été généralisé cette semaine, de la fermeture des établissements scolaires vendredi soir jusqu’aux vacances de printemps unifiées à partir du 12 avril. Avant une rentrée programmée le 26 avril, en présentiel dans les écoles maternelles et primaires et en distanciel pendant une semaine supplémentaire dans les collèges et lycées.
L’afflux de connexions cause en outre depuis mardi d’importantes difficultés d’accès à un autre outil pédagogique numérique de l’enseignement scolaire, les ENT (environnements numériques de travail), gérés par les collectivités locales.
Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, indiquait ainsi “des bugs signalés encore en fin de matinée (mercredi) sur les ENT en Normandie, dans le Grand Est et en Ile-de-France et Hauts-de-France”.
Frédéric Marchand, secrétaire général d’Unsa Education, recense lui des “ralentissements ou des blocages” d’ENT notamment sur les académies de “Lyon, Clermont, Bordeaux, Poitiers, Nice ou encore Aix”.
Pour les ENT “des cinq régions (Hauts-de-France, Île-de-France, Grand-Est, Nouvelle Aquitaine et Occitanie) ayant connu hier (mardi) des blocages et des temps d’inaccessibilité, leur utilisation est à nouveau possible”, a affirmé le ministère dans un communiqué.
Il pointe en revanche “des ralentissements signalés ce matin (mercredi) en région Île-de-France et en région Grand-Est”, des “désagréments” qui, selon lui, “sont en cours de résolution”.
par Anne-Sophie MOREL
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