60 gendarmes à Saint-Chéron et 30 policiers à Boussy-Saint-Antoine, tel est le renfort annoncé par le ministre de l’Intérieur en visite en Essonne après le décès à l’arme blanche de deux adolescents à 24 heures d’intervalle, à l’occasion de deux rixes – n’ayant pas de lien entre elles, à Saint-Chéron et Boussy-Saint-Antoine, distantes d’une quarantaine de km.
A Boussy-Saint-Antoine, le garçon de 14 ans a été tué “très probablement d’un coup de couteau au ventre”, a précisé à l’AFP la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Un autre adolescent de 13 ans a été blessé à la gorge et transporté par hélicoptère vers un hôpital, dans un état grave mais il est désormais hors de danger.
Selon la DDSP, l’auteur des coups mortels s’est rendu à la police.
Au total, sept gardes à vue étaient en cours mardi soir, selon le parquet d’Evry, qui a précisé que la rixe avait opposé “environ une trentaine de jeunes” venus d’Epinay-sous-Sénart et de Quincy-sous-Sénart.
Lundi, dans le même département, une altercation entre une dizaine de jeunes avait éclaté aux abords du collège de la ville de Saint-Chéron (5.000 habitants), située près d’Etampes. Une adolescente ayant reçu un coup de couteau au ventre était décédée dans la soirée à l’hôpital.
Cette rixe lundi avait opposé une dizaine de jeunes de Dourdan et de Saint-Chéron.
Six jeunes – âgés de 13 à 16 ans – ont été placés en garde à vue. Trois d’entre eux avaient été interpellés dans une gare tandis que trois autres s’étaient rendus spontanément à la gendarmerie.
L’opinel – arme du crime – a été retrouvé et l’un des jeunes a reconnu “son implication dans le coup mortel”, a rapporté la procureure d’Evry, Caroline Nisand. Il était déjà connu pour deux infractions mais sans lien avec des faits de violences.
L’adolescente tuée, dernière d’une fratrie de quatre enfants, était scolarisée en classe de troisième au collège de Dourdan, a précisé la procureure à la presse.
Selon le rectorat de Versailles, elle “venait d’être admise pour intégrer une classe relais”, un dispositif d’accompagnement qui permet de lutter contre le décrochage scolaire.
Un phénomène des bandes qui “gangrène” le département
Pour la procureure, ce phénomène des bandes de mineurs “gangrène” le département. “Nous sommes dans un phénomène de revendication d’une autorité sur un territoire, une ville ou parfois un simple quartier, sans que cela soit nécessairement en lien avec le trafic de stupéfiants”, a expliqué la magistrate.
Après le premier décès, le préfet de l’Essonne, Eric Jalon, avait fait savoir qu’il avait demandé à la gendarmerie “de renforcer la surveillance” dans le secteur de Saint-Chéron, Dourdan et les communes avoisinantes “pour éviter toute propagation de ce phénomène à court terme”.
Il avait annoncé une réunion lundi prochain avec “les maires de la dizaine de communes les plus concernées par ce phénomène dans le département” ainsi que “les entreprises de transports et l’Education nationale”, afin de doter “chacun de ces secteurs d’un véritable dispositif anti-rixes”.
En déplacement dans l’Essonne, M. Darmanin a souligné la difficulté d’anticiper ces rixes entre bandes de jeunes, qui “concernent principalement l’Ile-de-France”, et dans lesquelles, selon lui, “le mimétisme des réseaux sociaux” joue un rôle important, ainsi que les “messageries cryptées”.
Face à ces rixes entre bandes qui concernent principalement de très jeunes adolescents, nous réunirons avec @jmblanquer les préfets des départements d’Île-de-France en fin de semaine, en vue de la rentrée scolaire. pic.twitter.com/du4xBeqmkB
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) February 23, 2021
Ces deux nouveaux décès interviennent un mois après le passage à tabac de Yuriy, un collégien de 15 ans, dans le XVe arrondissement de Paris. Une affaire qui avait braqué les projecteurs sur le phénomène de bandes dans la capitale.
Citant cette agression de Yuriy, M. Darmanin a évoqué une “explosion de rencontres violentes, sans connaître pour autant les terribles chiffres de 2015 et 2016”. En 2016, neuf jeunes avaient trouvé la mort lors de rixes, selon le ministre.
Un plan de lutte contre les bandes violentes a été lancé en 2010 par la préfecture de police de Paris, avec la création d’une cellule qui suit ce phénomène sur l’ensemble de l’agglomération parisienne (capitale et petite couronne).
Depuis cinq ans, le nombre de bandes apparaît cependant stable, tant sur l’agglomération parisienne que sur la capitale, souligne-t-on de source policière, en précisant que “46 bandes actives” ont été recensées dont “15” à Paris.
Dans la capitale, il y a eu deux décès en 2020, contre un en 2019, trois en 2018 et quatre en 2017. Le nombre de blessés s’est élevé à 72 en 2020, contre 59 en 2019, 71 en 2018, 109 en 2017, selon la même source.
par Ornella LAMBERTI / Leo MOUREN
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