Pour la deuxième année consécutive, la mairie de Clichy-sous-Bois a distribué gratuitement une pochette de fournitures scolaires aux 2 800 élèves des écoles élémentaires de la commune.
Cahiers, stylos billes, feutres, crayon de couleur, calculatrice, ardoises… Comme tous leurs camarades de Clichy-sous-Bois scolarisés du CP au CM2 — y compris les élèves entrant dans les dispositifs Ulis (enfants handicapés) et UPE2A (allophones), les élèves de l’école élémentaire Paul Eluard, ont eu la surprise de recevoir pour la rentrée des classes une pochette avec l’essentiel des fournitures nécessaires pour l’année scolaire.
“Ça fait économiser de l’argent”, souligne Kenzo, élève de CM1. “Comme ça, on a tous les mêmes fournitures”, commente un autre. Dans la pratique, le matériel est laissé en classe par les enfants. Pour Olivier Klein, le maire de Clichy-sous-Bois, cette “mesure de solidarité” était nécessaire au vu de l’impact de la crise sanitaire et sociale: “il n’y a pas de raison de ne pas essayer d’aider encore plus les familles”, indique-t-il.
80 000 euros
A Nathalie Elimas, secrétaire d’Etat chargée de l’éducation prioritaire, venue mardi 7 septembre visiter l’école Paul Eluard, Olivier Klein, explique: avec ces fournitures “on complète l’allocation de rentrée scolaire pour permettre aux parents de l’utiliser autrement”, avant de glisser: “Clichy n’est pas Marseille mais la ville a quand même quelques difficultés.”
Côté parents, une mère dont deux de ses trois enfants sont scolarisés à l’école Paul Eluard, confirme à Nathalie Elimas: “Ça nous soulage un peu. On peut acheter autre chose que les fournitures avec l’allocation que nous verse la CAF [ndlr, caisse d’allocation familiale]. Moi j’ai par exemple acheté un bureau. Vous savez, je ne travaille pas et mon mari est à temps partiel, donc c’est dur.”
Cette aide est bien entendu accueillie avec enthousiasme par les enseignants. Elle s’ajoute à l’enveloppe de 28,50 par élève qui leur est allouée par la mairie. Des fonds auparavant investis presque exclusivement dans l’achat de fournitures, mais qui peuvent désormais être employés à l’acquisition de matériel pédagogique.
“Nous nous sommes ravis, commente Thierry Wingardin, le directeur de l’école élémentaire Paul Eluard. A la rentrée, les élèves ont déjà leur matériel, les parents n’ont plus cette démarche à faire, même si j’aime bien que les enfants préparent leur cartable et se préparent ainsi à devenir élève le jour de la rentrée”. Seul bémol, il faudra attendre la mi-octobre pour recevoir les compas. Des améliorations possibles sont également suggérées comme la remise de la pochette avant la rentrée ou l’inclusion de matériel éco-responsable dans la pochette.
Co-financement avec la cité éducative
“Les établissements de la ville sont à 100% classés en REP+ [réseau d’éducation prioritaires “renforcés”], on a donc tiré parti au maximum de la cité éducative”, indique Olivier Klein. Représentant un investissement d’environ 80 000 euros, la mesure est, en effet, co-financée dans un “esprit 50-50” par la cité éducative, devenue l’un des piliers de la politique de la ville du gouvernement, en particulier dans les quartiers prioritaires. L’idée est de créer une continuité de la scolarité puis de la formation professionnelle entre 3 et 25 ans, en associant tous les acteurs de l’éducation : éducation nationale, collectivités locale, associations.
Après un premier essai-pilote à Grigny (Essonne), c’est à Clichy-sous-Bois que le dispositif de cités éducatives a été lancé en septembre 2019. Soit 14 ans après les émeutes qui avaient agité pendant trois semaines la commune suite au décès de deux adolescents du quartier du Chêne pointu fuyant la police.
Le Chêne pointu, c’est justement le quartier au coeur duquel se trouve le groupe scolaire Paul Eluard, rattaché lui-même au réseau REP+ du collège Robert Doisneau. “Il faut savoir que notre commune est la plus pauvre de France métropolitaine, rappelle Olivier Klein, et que, par exemple, 70% des habitants du quartier qui est tout autour vivent sous le seuil de pauvreté [ndlr, établi à moins de 1 063 euros par mois selon l’INSEE].”
A la distribution de fournitures scolaires s’ajoutera, courant octobre, s’ajoutera celles d’ordinateurs pour les quelque 500 élèves de CM1 que compte la ville. “Nous avons décidé cette mesure à la rentrée 2020, explique Olivier Klein, parce que nous n’avions pas de visibilité sur la politique sanitaire et l’éventualité d’un nouveau confinement. Nous avons l’avons reconduite parce que la fracture numérique est très importante et que des élèves ne peuvent pas travaillé sur un portable.”
En Seine-Saint-Denis, quatre nouvelles cités éducatives ont été labellisées fin juillet à Saint-Denis, Aubervilliers, Epinay-sur-Seine et Pantin, portant à neuf leur nombre dans le département.
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