Comme Victor Simon, 77 ans, greffé du foie vivant à Cachan, plusieurs centaines de coureurs ont pris le départ de la 34e “Course du Cœur” ce mercredi soir, depuis l’esplanade Saint-Louis derrière le château de Vincennes. Ce parcours en relais jusqu’à la ville savoyarde de Bourg-Saint-Maurice s’élance chaque année pour sensibiliser au don et à la greffe d’organes. Après la crise sanitaire qui a lourdement affecté les greffes, ce départ a aussi été l’occasion d’alerter sur l’urgence des dons. Reportage.
Lampe au front, les premiers coureurs sont partis à la tombée de la nuit pour une première étape entre Vincennes et Sucy-en-Brie. Durant quatre jours et quatre nuits, 17 équipes vont se relayer pour parcourir environ 800 kilomètres jusqu’à Bourg-Saint-Maurice, en Savoie, après une incursion en Suisse.
La course a été lancée il y a plus de 30 ans à l’initiative de l’association Trans Forme, qui fédère des sportifs transplantés et dialysés. Chaque année, des équipes de salariés sponsorisées par de grandes entreprises s’y engagent aux côtés d’une équipe d’athlètes porteurs de greffes.
Un sujet encore tabou
C’est le cas de Victor Simon, 77 ans. Cet habitant de Cachan s’entraîne trois fois par semaine pour participer à ce challenge sportif. “Voilà 17 ans que j’ai été greffé du foie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. Je fais cette course depuis 8 ans maintenant. A travers notre engagement dans cet événement sportif, nous témoignons de la réussite de la transplantation. C’est encore un sujet tabou aujourd’hui le don d’organe. J’apprécie les rencontres que l’on fait durant ces 4 jours avec les gens sur le parcours. Nous pouvons ainsi les sensibiliser”, explique-t-il, chaudement équipé pour se préparer à la fraîcheur nocturne.
Tout au long des 800 kilomètres, des associations et des collectivités profitent organisent des événements visant à promouvoir le don d’organe et de tissus. “Ces rencontres permettent aux gens de réfléchir et d’informer leurs proches au cas où l’occasion se présente. C’est difficile de penser à cela parce que ça oblige aussi à penser au pire, heurtant ainsi un tabou culturel”, reconnaît Olivier Coustère, directeur de la course, lui-même greffé rénal.
Pour assurer une plus grande visibilité à l’événement, des parrains médiatiques s’associent comme l’ancien patineur artistique Philippe Candeloro ou la médecin et présentatrice télé Marina Carrère d’Encausse, tous deux présents ce mercredi soir à Vincennes. Des sportifs ont également accepté de se joindre à la course au côté des équipes comme Jean-Charles Trouabal, ancien athlète français co-détenteur du record du monde de relais 4×100 mètres, Pauline Rossignol Tollard, championne d’Europe d’aviron U23 ou encore Philippe Croizon, l’aventurier français amputé des quatre membres.
L’agence de biomédecine lance un appel
Présente également ce mercredi pour donner le départ de la course, Emmanuelle Cortot-Bouchet, directrice générale de l’agence de biomédecine, qui gère notamment la liste nationale des malades en attente de greffe et le registre national du refus, a pour sa part lancé un appel. “L’activité de prélèvement et de greffe dans les services hospitaliers a été durement pénalisée par la crise épidémique. Le virus a constitué un risque pour les receveurs, les dons et tissus de personnes contaminées n’ont pas pu être acceptés et la tension sur les équipes de soignants a perturbé les coordinations hospitalières de prélèvement. Nous estimons qu’il y a eu 25% de greffes en moins et aujourd’hui, environ 24 000 patients sont en attente d’un don. Certains types de greffe ont été plus impactés que d’autres. Ainsi, les greffes cardiaques ont chuté de 13% contre 29% pour les greffes rénales. La mobilisation des équipes et des associations a été exceptionnelles, des consignes ont été élaborées pour permettre la reprise de l’activité. Le nombre de greffe est à nouveau en hausse mais nous restons en-deçà des chiffres de 2019”, a alerté la directrice.
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