Né en 1947 à Santiago du Chili, le dramaturge Oscar Castro est décédé ce 25 avril des suites de la Covid-19. Il avait fondé le théâtre Aleph au Chili en 1968, accueilli ensuite à la Cartoucherie de Vincennes puis à Ivry-sur-Seine lors de son exil en France à partir de 1976.
Acteur, auteur, metteur en scène, c’est avec des amis étudiants qu’il fonde son théâtre, alors qu’il est élève à l’Ecole de journalisme de l’Université Catholique de Santiago. Entre poésie, musique, humour et dérision, la compagnie s’inspire d’Héctor Noguera, Augusto Boal, Jorge Luis Borges mais aussi Federico Fellini et connaît le succès jusqu’au coup d’Etat de 1973. D’abord censuré, il est arrêté sous la dictature d’Augusto Pinochet et enfermé avec sa sœur dans les camps de Villa Grimaldi, puis de Tres Álamos où ils essaient de résister en restant créatifs. Sa mère et son beau-frère, venus les visiter, seront aussi arrêtés et n’en sortiront pas vivants. En 1976, il est exilé en France et est accueilli par la troupe d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil de la Cartoucherie de Vincennes où il crée La triste e Increible historia del general Peñaloza y el exiliado Mateluna, une pièce sur l’exil.
En 1982, sa pièce La Nuit suspendue obtient le prix du meilleur texte et de la meilleure mise en scène aux Théâtrales Charles Dullin, la biennale de théâtre du Val-de-Marne. Les pièces se succèdent, jouées dans différents théâtres. L’auteur ouvre aussi la scène aux non professionnels, et notamment aux publics d’exclus. Du théâtre social qui “consiste à créer une pièce de théâtre musicale et chorégraphique avec un groupe d’une quinzaine de personnes d’un même statut ou métier ou sur un thème choisi”, explique le théâtre Aleph.
En 1995, le théâtre Aleph s’installe dans un port d’attache fixe, à Ivry-sur-Seine, dans une ancienne usine de carton. La devise : “un théâtre humaniste, festif et populaire depuis 1968”. Le théâtre continue à embarquer amateurs et professionnels sur la scène, crée son école. Il collabore aussi avec le Théâtre des Quartiers d’Ivry.
C’est en 2013 que l’homme de théâtre repart ouvrir un Teatro Aleph au Chili. Ce 25 avril, c’est la ministre de la Culture chilienne, Consuelo Valdés, regrettant “une triste nouvelle pour le théâtre”.
Un triste día para el teatro con la partida de Óscar Castro. Intérprete, director y gestor que dedicó su vida al teatro en Chile y el extranjero, con un compromiso inclaudicable. Un abrazo a su familia, amigos y a las distintas generaciones que guió. pic.twitter.com/0YV9f5tpxv
— Consuelo Valdés (@Consuelovaldesc) April 25, 2021
“Véritable passeur de cultures, cet auteur, acteur, metteur en scène militant aura ainsi consacré sa vie entière à impulser et à partager un théâtre, mêlant musique et danse, humour, impertinence et créativité avec ses sœurs et frères humains, contribuant à la vitalité artistique et culturelle du Val-de-Marne où il vivait et travaillait depuis quarante-cinq ans”, a salué le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, dans un communiqué. “Oscar Castro était un artiste-citoyen épris de liberté pour qui le théâtre était une manière d’être au monde et de le faire bouger.”
Oscar Castro prenait le monde dans ses bras. Il ne pouvait laisser personne indifférent(e). Pourtant, il est parti subrepticement (certains ont surpris son clin d’oeil facétieux), comme un dernier salut léger, la dernière pirouette de cet auteur-metteur en scène-acteur à nul autre pareil. Bon voyage Oscar. On t’embrasse fort.
un grand homme nous quitte…..
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