Le tribunal administratif de Melun a confirmé ce 25 mars 2021 la reconstruction, en format réduit, de l’usine d’incinération d’ordures ménagères d’Ivry-sur-Seine.
Mis en service en 1969, le centre d’incinération d’Ivry Paris 13, qui représente aujourd’hui 38% des capacités de traitement du Syctom, le syndicat en charge de la gestion des déchets ménagers de 84 communes de l’agglomération parisienne, doit être remplacé par un nouvel équipement dont la capacité de traitement passera de 730 000 à 350 000 tonnes par an. Une réduction de capacité de moitié qui s’accompagnera de la valorisation d’une partie des déchets en séparant la matière organique pour traiter spécifiquement les bio-déchets.
Si la question de la reconstruction de l’incinérateur est en gestation depuis une quinzaine d’années, avec notamment une mise en débat sous l’égide de la Commission nationale du débat public, le projet s’est accéléré ces dernières années après la signature du marché de reconstruction avec le groupement IP13, composé de Suez Environnement, Vinci et Hitachi Zosen Inova. En 2018, le feu vert a été donné après enquête publique mais le projet restait controversé par les écologistes, au point de compliquer durablement les relations politiques locales entre ces derniers et la majorité communiste ivryenne.
Pour les associations de défense de l’environnement comme Zéro Waste France, qui milite pour réduire drastiquement les déchets, et le collectif local 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler), la reconstruction de l’incinérateur, même à la moitié de sa capacité, reste inutile si l’on réduit la production de déchets conformément aux objectifs que le gouvernement a lui-même fixé dans la loi de transition énergétique. Du côté du Syctom, on explique que même en réduisant les déchets, cela ne sera pas suffisant à court terme et que se passer d’incinérateur reviendrait à aller enfouir les déchets ailleurs. En novembre 2018, le préfet a donc signé l’autorisation d’exploiter.
C’est dans ce contexte que le collectif 3R et Zéro Waste France ont porté l’affaire devant le tribunal administratif de Melun pour contester le permis de construire, l’autorisation d’exploiter et encore la déclaration d’intérêt général.
Lire : Incinérateur d’Ivry-sur-Seine: Zero Waste France et le Collectif 3R attaquent en justice
Le tribunal a fait état d’une “très large concertation locale” depuis 2008, rappelant les différentes étapes du projet, et a validé le caractère d’intérêt général en retenant que le but de l’opération était “de réduire le volume des déchets traités et donc les rejets de polluants (…) [tout en permettant] de préserver l’alimentation du réseau de chaleur géré par la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU)“.
Concernant le permis de construire délivré le 28 septembre 2018 par le préfet du Val-de-Marne au Syctom, autorisant la destruction de l’ancienne usine et l’édification d’une nouvelle unité d’incinération, les associations requérantes estimaient que le représentant de l’État aurait du imposer des mesures spécifiques de réduction des émissions de poussières fines et de dioxyde d’azote. Le juge administratif a retenu l’argumentation du Syctom pour qui l’incinération “d’ordures ménagères ne contribue que marginalement au rejet de ces polluants”.
Dans le Val-de-Marne, un autre projet d’incinération fait actuellement l’objet d’un recours contentieux, celui de la construction d’un troisième four à l’incinérateur de Créteil, géré lui par le Smitduvm (un autre syndicat intercommunal) pour passer d’une capacité de 240 000 à 360 000 tonnes de déchets traités par an.
Lire : Recours contentieux contre l’extension de l’incinérateur de Créteil
Voir tous nos articles sur la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry
d accord avec raymond , vivement la planification écologiste !
Avant le tri ou l’incinération, il y a la réglementation sur les matériaux utilisés.
Lorsque j’étais enfant, toutes les bouteilles, quel que soit le contenu, étaient en verre, réutilisable à l’infini. Toutes les boites étaient en carton ou en métal, tous deux récupérables (pour partie car dégradés par leur fabrication).
La plastique est un matériaux extraordinaire, mais personne n’a pensé à sa fin de vie. Les décharges, en France mais de préférence loin de chez nous, ont été saturées. Les villes (par exemple Marseille) ou les pays qui n’avaient pas de traitement des ordures ménagères, les ont jetés à la mer, et aujourd’hui, on constate que les terres et les mers sont gravement polluées. A l’époque, les consommateurs pensaient que tout cela était brulé et disparaissait ; maintenant on sait qu’il n’en est rien.
On nous parle régulièrement des laines polaires, issues des bouteilles d’eau minérales. D’abord cela ne concerne pas tous les types de bouteilles (pas les produits ménagers), mais surtout c’est recyclable une fois ! Les polaires deviennent des déchets à leur tour, en différé.
On sait produire du pétrole de synthèse avec des déchets plastique, mais cela n’est pas ‘rentable’ d’un strict point de vue financier, alors on ne le fait pas …
La société sans déchets, cela n’existe pas ; mais au lieu de culpabiliser les consommateurs qui n’ont pas leur mot à dire, ce sont les industriels qu’ils faut réglementer. Mais on ne le fait pas , car nos gouvernements sont couchés devant la finance internationale.
Le problème n’est pas écologique, mais politique.
il ne faut pas 50 ans pour réduire les déchets. En attendant 25% des déchets de la région sont brulés dans le 94 alors que nous avons 12% de ses habitants. Si on ne règle pas rapidement les problèmes la planète tournera sans les êtres humains…. Il y a le feu à la planète. Il faut virer ce gouvernement au service des milliardaires et passer à la planification écologique. Ne pas prendre à la terre plus qu’elle ne peut donner, ou alors que va -t-on laisser aux enfants ?
Les entreprises ne sont obligées à aucun effort de tri : papiers, denrées alimentaires invendues, emballages, cartons, bouteilles, … tout est mélangé, et ça représente plusieurs millions de tonnes par an en Ile de France.
Idem pour les collectivités et les administrations: il est rarissime que les poubelles qu’elles disposent dans l’espace public ou dans leurs bureaux permettent le tri des déchets.
Avec un peu de volonté politique on pourrait mettre en oeuvre des incitations qui favorisent mieux le tri et limitent le recours à l’incinération.
C’est nécessaire car l’incinération a un impact climatique indéniable : pour 350000 tonnes par an d’ordures incinérées on produit quelque 200000 tonnes de CO2 par an, une contribution tout à fait significative aux émissions de gaz à effet de serre (plusieurs % ). Les industriels de l’incinération, à Ivry ou à Créteil, se gardent d’ailleurs bien de publier les bilans de production de CO2 de leurs unités.
Quel dommage ; il aurait été tellement plus simple de créer une décharge publique d’une capacité de 350 000 t par an pendant … disons 50 ans, le temps d’arriver à ‘la-société-zéro-déchets’ !
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