Société | | 16/12/2021
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Ivry-sur-Seine: les anciens du squat Vaydom expulsés du gymnase Joliot-Curie

Ivry-sur-Seine: les anciens du squat Vaydom expulsés du gymnase Joliot-Curie © Facebook CCI Ivry

Les occupants du squat Vaydom qui avaient été accueillis temporairement au gymnase Joliot-Curie après l’évacuation du 26 octobre, en ont été expulsés ce mercredi matin par la police.

En début de semaine, le passage d’un huissier au gymnase Joliot-Curie avait affolé les personnes hébergées et leurs soutiens qui pensaient l’équipement réquisitionné et valable au moins pour la trêve hivernale. Ce mercredi matin, c’est la police qui a débarqué pour faire évacuer les lieux. C’est la seconde expulsion que vivent ces anciens habitants du squat Vaydom, au 37 rue Marceau.

Une manifestation de protestation a été organisée le jour même, dans l’après-midi, contre l’Etat, ordonnateur de l’expulsion, et la mairie. “On chasse ces gens maintenant. Il n’y a pas plus mauvais timing en plein décembre. Les élus ont promis d’aider mais jusqu’à maintenant ça n’a été que de la parole. Ils nous ont par ailleurs expliqué que ce gymnase était réquisitionné par la préfecture, ce qui n’était pas vrai. Le diagnostic n’a rien donné puisque pour la soixantaine de personnes sans domicile, trois logements laissant à désirer ont été proposés au total. Nous avons des hommes qui sont allés au gymnase de Nogent-sur-Marne mais ils en sont revenus quelques heures plus tard parce qu’ils ne s’y sentaient pas en sécurité avec des toxicomanes”, explique Florence, une enseignante mobilisée.

La manifestation de soutien à un lycéen menacé d’expulsion perturbée

Cet événement est venu se télescoper la manifestation organisée en soutien à un lycéen, Roméo, menacé d’expulsion de France, qui se tenait ce midi devant le lycée Romain-Rolland à l’initiative de RESF Val-de-Marne, de la FCPE locale et des syndicats CGT Educ’Action et Snes-FSU.

Plusieurs élus ont pris la parole pour témoigner leur soutien au jeune homme dont l’adjointe aux politiques éducatives, Fabienne Oudart qui a rappelé que les élus avaient “envoyé des courriers à la préfecture pour s’opposer à son expulsion.” Une intervention qui a déclenché la colère de plusieurs participants dont un homme expulsé le matin-même du gymnase. “Je ne veux pas perturber la manifestation, car nous aussi nous témoignons notre soutien à Roméo, mais la situation est la même pour nous. Vous nous expulsez du gymnase. Pour ne pas dormir dehors dans le froid, nous allons ouvrir des squats et si nous nous faisons prendre, ce sera garde à vue puis centre de rétention administrative”, a fustigé l’ancien occupant. “N’allons pas opposer une misère à une autre“, a tenté de modérer la conseillère départementale PCF Lamya Kirouani, par ailleurs parente d’élève au lycée.

Le maire s’explique

Ce mercredi soir, le maire, Philippe Bouyssou, a publié un long texte sur sa page Facebook pour regretter l’issue de cette situation et rappeler la mobilisation de la municipalité. “L’ouverture du gymnase résulte de l’occupation de l’hôtel de Ville par plusieurs dizaines de personnes, le soir suivant l’évacuation du 37 rue Marceau. Ce soir-là, les élus de la majorité n’ont pas souhaité solliciter une évacuation par les forces de police, malgré les comportements agressifs subis par les agents communaux, et ce afin de prendre en compte la présence de nombreuses familles et d’enfants en bas-âge. (…) Sur les quelque 80 personnes entrées au gymnase le 26 octobre dernier, plus d’une soixantaine sont aujourd’hui hébergées au Centre d’Hébergement d’Urgence des Migrants (CHUM) situé à Ivry Port, dans des logements passerelles ou dans des hôtels du 115. Tous sont en Val-de-Marne, dont la très large majorité à Ivry. (…) Le 5 décembre dernier, la mission confiée par l’Etat à l’opérateur social a pris fin. En quittant le gymnase, l’opérateur stoppe inévitablement son action : plus d’aide alimentaire, plus d’accompagnement social et plus de nouvelles propositions d’hébergement. Dans ces conditions, nous ne pouvons prendre la responsabilité de prolonger la mise à l’abri de ces personnes au gymnase Joliot-Curie. Nous risquerions alors d’accroître la précarité des occupant.e.s du gymnase, de multiplier les risques d’accident (électricité, incendie, etc.) sans que ce délai supplémentaire ne permette de déboucher sur de nouvelles mises à l’abri. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à madame la Préfète d’évacuer le gymnase ce matin, en m’assurant toutefois qu’une solution soit maintenue jusqu’à l’expulsion”.

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