Nécropole des rois de France, la basilique Saint-Denis devrait retrouver sa flèche de 85 mètres de hauteur d’ici 2028. Dans les cartons depuis une trentaine d’années, ce projet de reconstruction est désormais a désormais bouclé son financement grâce au fonds de solidarité interdépartemental et d’investissement (FS2I) des 7 départements de banlieue. En attendant 2028, les visiteurs pourront découvrir les méthodes de restauration traditionnelle grâce au chantier école.
Réuni mardi 4 mai, à l’hôtel de ville de Saint-Denis, le conseil d’administration du FS2I a entériné le financement des travaux à hauteur de 20 millions d’euros sur cinq ans, dont 3,5 millions d’euros dès 2021, soit 74% du coût global estimé des travaux (27 millions d’euros hors-taxe). La région Ile-de-France a de son côté annoncé une contribution de 5 millions d’euros.
Un effort à la mesure du projet : « Il s’agit de redonner à Saint-Denis toute sa place dans le patrimoine français », souligne Jacques Moulin. L’architecte en chef des monuments historiques rappelle que le démontage de la tour nord et de la flèche en 1846-1847, après une tornade, ne devait être que temporaire. Mais sa restitution a ensuite été maintes fois repoussée : « la basilique Saint-Denis est un monument phare de l’Ile-de-France, ce qui a longtemps été édulcoré par le pouvoir parisien », pointe-t-il.
Un financement décisif
Avant de s’attaquer au remontage des 2 400 tonnes de pierre, il faut engager les chantiers de fouilles préventives et de consolidation, dont le démarrage est attendu à l’automne.
Une étape incontournable qui a pesé sur la révision du modèle économique d’autofinancement promu au départ par Jacques Moulin, sur le modèle de la restauration du château de Guédelon (Yonne). « Sans ces travaux, le financement du projet n’était pas possible. Grâce à l’engagement du FS2I on est sorti de ce cercle vicieux », explique Julien de Saint Jores, nouveau directeur de l’association Suivez la flèche. En charge de la reconstruction, celle-ci est partie prenante de la convention tripartite d’objectifs et de moyens adopté avec le fonds de solidarité interdépartemental et d’investissement (FS2I) et le département de la Seine-Saint-Denis.
Créé en janvier 2019 par les sept départements franciliens, le FS2I vise à rééquilibrer les inégalités territoriales au sein de la région, en termes d’investissements. Il mutualise les ressources dans les domaines de compétences des départements (collèges, centres médicaux, crèches, etc…) mais pas seulement : plusieurs projets sont aussi soutenus par le biais du FS2I en matière de transports et d’enseignement supérieur. Au total 441 millions d’euros de crédit d’investissement ont été votés en trois ans.
Concernant le détail des projets financés en 2021, lire :
IDF- FS2I: les départements de banlieue financent ensemble 141 millions € de nouveaux projets
« S’il y a bien un projet exceptionnel, c’est celui de la reconstruction de la flèche de la basilique Saint-Denis », s’enthousiasme Stéphane Troussel (PS), président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. « Et pas seulement au plan patrimonial, il est aussi porteur de sens en termes d’attractivité, d’emploi et d’insertion. » Autant d’aspects que l’on souligne aussi dans l’entourage du président du département du Val-de-Marne, Christian Favier (PCF), qui vient de prendre la présidence du conseil d’administration du FS2I. « La banlieue peut aussi attirer des touristes », souligne-t-on.
Un chantier-école ouvert
Car l’objectif est bien là : développer l’attractivité. « Lorsque le chantier aura pris son rythme de croisière d’ici 2024-2025, on espère atteindre 300 000 visiteurs par an », indique Julien de Saint Jores. Contre 140 000 avant la crise sanitaire.
Du fait du changement du modèle économique, la configuration du chantier a elle aussi changé. Exit l’idée d’un belvédère qui aurait permis aux visiteurs d’observer le déroulement des travaux. A la place, l’association Suivez la flèche veut proposer une expérience numérique immersive associée à un village d’artisans.
Parmi eux, le forgeron Bakari Yatera et les tailleurs de pierre Délivrance Makingson et Frédéric Thibault accueillent déjà, depuis deux ans, le public désireux de comprendre les méthodes traditionnelles de travail. Alors que les travaux seront entrepris par des entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques, le principe de chantier-école devrait être maintenu pour former des apprentis à ces métiers. « Il y a une volonté de contribuer à développer l’emploi local », ajoute Julien de Saint Jores qui évoque la perspective d’une trentaine d’emplois créés.
Tous ces aménagements ont permis de raccourcir les délais dans lesquels seront menés les travaux, initialement prévus sur dix ans et « de ramener le projet à taille humaine », souligne Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, qui annonce la pose des premières pierres avant Noël 2022. Pour lui, l’objectif est désormais de faire du remontage de la flèche un atout pour la candidature de Saint-Denis à être désignée capitale européenne de la culture en 2028.
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