Agrandir les cours de promenade, les nettoyer et y assurer la sécurité des détenus: définitivement condamné après une décision du Conseil d’Etat mercredi, l’Etat va devoir effectuer d’importants travaux à la maison d’arrêt de Fresnes.
Deuxième plus gros établissement pénitentiaire de France après Fleury-Mérogis, la prison de Fresnes est aussi l’une des plus vétustes, plusieurs fois épinglée pour ses conditions de détention jugées indignes.
En 2018, le tribunal administratif de Melun avait donné six mois à l’Etat pour effectuer des travaux conséquents dans les cours de promenade de l’établissement: agrandissement, rénovation des sols, nettoyage et amélioration des équipements (bancs, abris).
Le tribunal qui – chose rare – s’était rendu sur place avant l’audience, avait aussi ordonné l’installation de vidéosurveillance “afin que tout incident puisse être détecté et traité en temps réel”.
Le ministère de la Justice avait fait appel – rejeté – puis déposé un pourvoi devant le Conseil d’Etat pour faire annuler cette décision. La plus haute juridiction administrative a décidé mercredi de le rejeter, rendant la condamnation de l’Etat définitive.
L’administration pénitentiaire a “multiplié à dessein les recours pour ne pas exécuter les travaux” mais “est désormais au pied du mur. Elle n’a plus d’excuse pour ne pas s’exécuter”, a réagi Patrice Spinosi, l’avocat du détenu à l’origine du recours.
Sollicitée, la Chancellerie n’a pas réagi dans l’immédiat.
En 2018, le ministère de la Justice avait annoncé la rénovation “complète” de cet établissement pénitentiaire bâti à la fin du XIXe siècle, pour un coût estimé à environ 270 millions d’euros. Aucune date précise n’a encore été donnée pour le début des travaux.
Le Contrôleur général des prisons (CGLPL) avait rendu en 2016 un rapport accablant sur Fresnes, décrivant notamment des cours de promenade “exiguës”, dotées d’un espace “structurellement insuffisant” et dont la rénovation constituait une “urgence”.
“Il n’est pas rare que l’on voie plus de vingt-cinq personnes dans un espace d’environ 45 m2”, détaillait le rapport.
Fin 2019, une visite de suivi a permis de constater des avancées “quasi-nulles” concernant l’état et l’hygiène des cours de promenade, le CGLPL estimant que les conditions de détention à Fresnes demeuraient “totalement indignes”.
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