50 à 80 femmes en difficulté ou victimes de violence, venues de toute la France, franchissent chaque jour le seuil de la Maison des femmes à Saint-Denis.
Une extension couvrant une surface deux fois plus grande y a été inaugurée le 19 octobre dernier. “Cette structure dispose désormais de nouvelles salles de consultation, d’un bloc opératoire et d’une salle d’accueil pour les enfants“, détaille Jean Pinson, directeur général du centre hospitalier de Saint-Denis, lors de l’inauguration de l’extension de la Maison des femmes.
Située au 1 chemin du Moulin Basset à Saint-Denis, la Maison des femmes est ouverte du lundi au vendredi, de 9:00 à 17:00.
14 600 consultations en 2020
En l’agrandissant de 230m2 supplémentaires, ce qui double sa surface initiale, l’objectif est de répondre au besoin croissant du territoire : 14 600 consultations y ont été réalisées en 2020 contre 8 553 en 2018.
“La Maison des femmes de Saint-Denis est en premier lieu le projet d’une femme, le Dr Ghada Hatem et il voit le jour grâce à sa détermination et son courage infini, rappelle Dr François Lhote, président de la commission médicale d’établissement (CME). La création de cette structure dans cette ville singulière par son histoire, par sa sociologie, par son dynamisme et par son cosmopolitisme, répondait à un besoin d’agir de façon inconditionnelle, coordonnée et globale sur tous les aspects touchant les femmes victimes de violence. La nécessité de son agrandissement a validé la pertinence de ce projet innovant mais témoigne de l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir.“
“Une approche multidimensionnelle”
Fondée en juillet 2016 par la Dr Ghada Hatem, la Maison des femmes est une unité de soins de l’hôpital Delafontaine. Elle s’appuie sur une association éponyme, reconnue d’utilité publique, pour lever des fonds.
Pour Amélie Verdier, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France depuis août dernier, “ce modèle de prise en charge globale des femmes en difficulté ou victimes de violence avec une approche multidimensionnelle, dépasse la simple prise en charge hospitalière.”
Décoration, murs colorés, tout est fait pour rendre l’accueil le plus chaleureux possible. Le parcours de soins s’articule autour de trois unités : planification familiale, mutilations sexuelles et violences conjugales, intrafamiliales, sexuelles et sexistes. L’accès à l’avortement y est ouvert dans le délai légal de 12 semaines de grossesse et toutes les méthodes d’interruption volontaire de grossesse (IVG) y sont proposées, aussi bien chirurgicale, sous anesthésie générale et locale, que médicamenteuse, à domicile ou avec une hospitalisation. “La Maison des femmes c’est aussi un plaidoyer sur l’extension du délai d’IVG“, a d’ailleurs souligné Katy Bontinck, première adjointe au Maire de Saint-Denis, rappelant qu’une proposition de loi pour le porter à 14 semaines doit être débattue prochainement au parlement.
Lire à ce sujet: La députée Albane Gaillot fait avancer le droit à l’IVG
Prise en charge juridique, policière et administrative
Les patientes qui viennent parfois de départements éloignés bénéficient également d’un accompagnement social et juridique, d’une prise en charge corporelle, de groupe de parole et d’ateliers d’amélioration de l’estime de soi.
“Son extension va permettre d’étendre le spectre de ses activités, notamment l’intégration d’une antenne médico-judiciaire“, se félicite Dr François Lhote. Depuis mai 2019, les patientes peuvent déposer plainte directement à la Maison des femmes qui accueille chaque mercredi une permanence policière.
Une équipe de bénévoles anime par ailleurs une permanence administrative pour les accompagner en vue de rédiger des courriers et des CV ou de faire sa déclarations de revenus.
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