L’association Villes et villages où il fait bon vivre, présidée par le communicant Thierry Saussez, a publié son palmarès ce week-end, faisant des heureux et malheureux et suscitant parfois la surprise. Coup d’œil en cuisine pour comprendre le processus de sélection. (Article mis à jour avec le nombre de communes labellisées)
Que Nogent-sur-Marne soit une ville où il fait bon vivre en bordure de Paris, avec Marne, bois de Vincennes, RER, cinéma, théâtre… difficile d’en disconvenir. Que le verdoyant Périgny-sur-Yerres soit relégué en queue de peloton avec toutes ses voisines du plateau briard, est plus étonnant. (Voir le classement complet en Val-de-Marne en fin d’article)
Quoi qu’il en soit, la publication du palmarès, dont le top 500 a été propulsé via le JDD de ce dimanche, a fait le buzz sur les réseaux sociaux, entre édiles se félicitant du rang de leur ville et élus d’opposition fustigeant au contraire la non présence de leur commune parmi les meilleures élèves.
A l’initiative de ce palmarès, l’association Villes et villages où il fait bon vivre, a été créée en 2017 par le conseiller en communication institutionnelle et politique Thierry Saussez, également créateur du Printemps de l’optimisme, un think tank qui vise à appliquer l’hygiène de vie positive au comportement collectif et au regard sur la France et le monde. L’association a lancé son premier palmarès en 2020 à partir de 182 critères mesurés grâce aux données de l’Insee (Institut national de la statistique) et de sources étatiques, indique-t-elle. Un 183ème critère a été ajouté au palmarès 2021, celui de la couverture numérique en haut et très haut débit.
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La disponibilité des données sur les 183 critères à l’échelle nationale permet de comparer la totalité des villes du pays et le palmarès porte sur 34 837 communes. L’ensemble de ces critères sont associés à des thématiques (qualité de vie, sécurité, transports…).
Au-delà de ces 183 indicateurs répartis par thématique, l’originalité du dispositif tient dans leur pondération, laquelle s’appuie sur un sondage de la population réalisé par l’institut OpinionWay, afin de déterminer les familles de paramètres plébiscitées par les habitants. Un sondage qui est réalisé chaque année. Ainsi, en 2021, le critère des transports diminue-t-il par exemple de 10% par rapport à 2020, peut-être sous l’effet des confinements successifs liés à la crise sanitaire.
Voir les résultats de la pondération obtenue par le sondage OpinonWay*
Voir la notice méthodologique. Le détail des sources de données par critère n’y est en revanche pas précisé, non plus que leur date.
Les communes éligibles au label peuvent en acheter l’exploitation
Une fois réalisé ce classement, l’association distingue 3134 communes. “Pour récompenser les communes avec les meilleurs résultats, l’association permet au cercle fermé de territoires distingués d’exploiter le label Villes et villages où il fait bon vivre dans leur communication, coup de projecteur optimiste attestant de leurs qualités”, défend l’association. Au-delà de la simple communication de leur classement dans le palmarès, les villes peuvent ainsi acheter un certificat en quadrichromie et aussi des goodies : trophées, jetons, mugs… “Les communes ont également la possibilité de mettre des panneaux à l’entrée de la commune, élément essentiel de communication positive. L’association est en contact avec un fabricant de panneaux d’entrée de ville qu’elle peut leur recommander pour la fabrication de panneaux personnalisés”, insiste l’organisme.
Entre 415 et 3 200 € par an pour être labellisé
Evidemment, cette communication positive n’est pas gratuite. Les prix varient de 415 € HT par an pour les communes de moins de 500 habitants à 3 200 € HT pour les communes de plus de 50 000 habitants. L’exploitation de la licence de marque, elle, a été confiée à une société commerciale, Taleus. “Ces ressources permettent de couvrir les investissement de collecte de données, de recherche et développement, ainsi que les mises à jour annuelles de l’association”, précise l’organisme sur sa page de présentation. Le service communication de l’association a été sollicité par 94 Citoyens pour connaître le nombre de villes qui ont adhéré au label, et a indiqué qu’il allait rechercher ce chiffre. Il sera mis en ligne dès qu’il nous aura été transmis. Le site de l’association ne publie pas en effet la liste de ses villes labellisées, seulement celle des labellisables.
Mise à jour 14 avril à 17h : l’association indique qu’environ 200 communes sont actuellement labellisées, et qu’il y a cette semaine “de nombreuses nouvelles demandes”.
Une démarche commerciale qui n’a pas convaincu tous les maires. “J’ai reçu un courrier pour nous féliciter de faire partie des 500 meilleures villes où il fait bon vivre, accompagné d’une offre à caractère commercial pour nous inviter à adhérer”, pointe Igor Semo, maire LR de Saint-Maurice, parmi les dernières communes du Val-de-Marne à faire partie du top 500. “Ce classement ne me rend ni jaloux, ni anxieux”, relativise-t-il, un peu étonné aussi par le classement de Saint-Mandé, relégué encore plus bas malgré son prix du m2 qui explose tous les plafonds et un cadre qui cumule bois et métro parisien. A Limeil-Brévannes, classée aussi en bas des villes du département, la maire, Françoise Lecoufle (LR), n’a pas non plus l’intention d’accorder plus d’importance que cela à ce classement qu’elle a “vu passer sur Facebook”. Ici, la nouvelle du jour, ce-sont les 3 286 vaccins qui ont été injectés depuis un mois. “Cet après-midi, on a en fait 400 en 4 heures, avec 7 infirmiers et 7 médecins!”. Idem à Périgny-sur-Yerres. “Tant mieux pour ceux qui ont des bonnes notes mais vu les demandes d’achat à Périgny-sur-Yerres et dans le plateau briard, je crois que nous n’avons pas besoin de palmarès pour savoir qu’il y fait bon vivre”, sourit le maire, Arnaud Védie.
Les communes qui sont dans le top du classement, elles, n’ont pas l’intention de bouder leur plaisir et n’ont pas attendu de label pour relayer l’info sur les réseaux sociaux ou publier un communiqué. “Ce classement est d’autant plus remarquable du fait du contexte national et de la crise sanitaire sans précédent que nous traversons depuis un an. Malgré la crise, à Nogent, il fait toujours bon vivre“, se réjouit le maire Jacques J-P Martin.
Je suis d’accord avec vous, mais il faut pas augmenter la taxe foncière pour ça
— C.C (@Duc_du_94) April 11, 2021
Une publication du palmarès très confidentielle
Le site de l’association ne donne les informations par ville qu’en interrogeant le moteur de recherche au cas par cas, ce qui est assez fastidieux (nous l’avons fait ci-dessous, uniquement pour le 94). La liste des villes est communicable sur demande mais uniquement celle des villes éligibles (dans le top 500), explique l’attachée de presse de l’association. Pas de rappel des chiffres 2020 non plus, donc impossible de comparer 2020 et 2021.
Le détail du classement en Val-de-Marne
Ville | Classement national | Rang départemental |
Nogent-sur-Marne | 47 | 1 |
Créteil | 50 | 2 |
Saint-Maur-des-Fossés | 61 | 3 |
Vitry-sur-Seine | 68 | 4 |
Maisons-Alfort | 95 | 5 |
Alfortville | 101 | 6 |
Fontenay-sous-Bois | 107 | 7 |
Ivry-sur-Seine | 109 | 8 |
Champigny-sur-Marne | 135 | 9 |
Cachan | 138 | 10 |
Vincennes | 139 | 11 |
Choisy-le-Roi | 161 | 12 |
Villeneuve-Saint-Georges | 171 | 13 |
Villiers-sur-Marne | 186 | 14 |
Joinville-le-Pont | 198 | 15 |
Bry-sur-Marne | 201 | 16 |
Villejuif | 209 | 17 |
Le Kremlin-Bicêtre | 217 | 18 |
Thiais | 230 | 19 |
Sucy-en-Brie | 272 | 20 |
Arcueil | 273 | 21 |
Le Perreux-sur-Marne | 294 | 22 |
Orly | 302 | 23 |
L’Haÿ-les-Roses | 306 | 24 |
Charenton-le-Pont | 342 | 25 |
Fresnes | 362 | 26 |
Chennevières-sur-Marne | 382 | 27 |
Chevilly-Larue | 393 | 28 |
Boissy-Saint-Léger | 412 | 29 |
Bonneuil-sur-Marne | 436 | 30 |
Saint-Maurice | 446 | 31 |
Gentilly | 448 | 32 |
Rungis | 462 | 33 |
Limeil-Brévannes | 469 | 34 |
Saint-Mandé | 483 | 35 |
Valenton | 504 | 36 |
Le Plessis-Trévise | 531 | 37 |
Villeneuve-le-Roi | 561 | 38 |
Ablon-sur-Seine | 790 | 39 |
Ormesson-sur-Marne | 798 | 40 |
Villecresnes | 806 | 41 |
La Queue-en-Brie | 936 | 42 |
Marolles-en-Brie | 1115 | 43 |
Mandres-les-Roses | 1122 | 44 |
Noiseau | 1265 | 45 |
Santeny | 1406 | 46 |
Périgny-sur-Yerres | 1814 | 47 |
Article mis à jour le 14 avril (concernant les modalités de mise à disposition publique du palmarès)
Un constat : Seules des communes pas très attirantes sont susceptibles d’acheter ce type de prestation… et aucune chance de leur vendre quoique ce soit si elles sont mal classées évidemment.
=> CQFD : mettons Mocheville et Pacontan-le-Bourg dans les premiers rangs et demandons-leur de lâcher 3000€ pour une pub nationale.
Plaçons quand même quelques communes sympas comme Bellecité et Trochères-les-Maisons en haut pour donner le change et le tour est joué.
C’est juste une opinion évidemment… Sachez juste que je me base sur une méthodologie “innovante et reconnue”, calée sur un sondage personnel (50% de doigt mouillé, 20% de petit doigt, 20% de nez et 10% de bouteille). N’espérez pas avoir davantage de détails (secret commercial), croyez-moi sur parole.
Quand on voit Créteil et Vitry avant Maisons-Alfort, on comprend de suite la fiabilité de ce classement…
Si on observe les dernières places, du rang 40 au 47, o, constate deux choses : ce sont dans l’ensemble des communes agréables et aérées, mais avec très peu de commerce local, et situées à l’est de la Marne, et donc privées de transports en commun efficaces.
Dans ces communes, on est condamné à la voiture pour faire ses courses dans des supermarchés éloignés, ou pour rejoindre une gare RER elle aussi éloignée, et en bas du plateau de Sucy, donc difficilement accessible à pieds ou en transport individuel.
Une ville ce n’est pas seulement un décor, aussi agréable soit il, mais c’est un organisme vivant, avec ses artères et ses sources de vie. La ville dortoir, fusse t’elle constituée de pavillons, ce n’est qu’un lieu de transit.
Merci pour cette analyse précise de l’angle économique.
Je vois deux biais méthodologiques importants :
– les données de sécurité ne sont pas disponibles au niveau local. Chacune des villes du Val-de-Marne a donc reçu le même nombre de points (correspondant à la note départementale) pour ce critère
– globalement on compte le nombre d’installations sportives, commerces, lieux culturels, etc. mais on ne tient pas compte de leur qualité ou de leur taille.
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