En huit mois, ce sont trois associations du quartier qui ont été touchées par les flammes au Blanc-Mesnil, le dernier en date s’étant déroulé dans la nuit du 8 au 9 février dans le quartier des Tilleuls. Victimes d’un incendie en novembre dernier, les membres de l’association caritative Speranza ne baissent toutefois pas les bras. Reportage.
Quartier des tilleuls, 16 heures. Dans les locaux de Speranza, on s’active : dans moins d’une heure, les adhérents viendront récupérer leurs colis alimentaires. Au menu : compotes, céréales, pâtes, jus de fruits, escalopes de poulet surgelées, et même galette des rois. De quoi tenir une semaine. Pour pouvoir bénéficier des paniers, les adhérents payent 5€, en plus d’une cotisation annuelle de 10€. “Les gens ont moins l’impression de faire l’aumône”, explique explique Sofiene, trentenaire à la longue barbe et cofondateur de l’association qui cherche à aider ceux qu’ils appellent les “précaires justes” : pas assez pauvres pour aller à la soupe populaire, mais pas assez riches pour pouvoir mettre de l’argent de côté une fois le loyer et les courses payés.
Avec la pandémie, le public a certes évolué. Désormais, ce n’est plus qu’une petite moitié de bénéficiaires qui payent leurs courses hebdomadaires. Mais les bénévoles comptent bien continuer à remplir leur mission de réinsertion. “Celui qui aura économisé grâce à notre aide pourra peut-être rembourser une dette, commencer une formation…”, défend un autre co-fondateur. Accueillant environ 150 personnes par semaine en temps normal, Speranza a plus que doublé sa fréquentation, fournissant jusqu’à 400 colis hebdomadaires au plus fort de la pandémie. On vient des villes voisines de Drancy, du Bourget, et même de Bagnolet, à plus de 12 km, pour recevoir son aide. L’association est en pleine expansion et le 6 février dernier, elle a ouvert un autre local à Villepinte.
Difficile de croire qu’il y a moins de trois mois, elle a perdu la moitié de ses locaux dans un incendie, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2020. Ce soir là, ce sont plusieurs tonnes de denrées alimentaires qui sont parties en fumée. Dès le départ, les membres de l’association évoquent la piste criminelle, pointant du doigt les poubelles et le canapé inhabituellement placés devant les locaux, ainsi que les murs badigeonnés d’essence. D’autant plus que Speranza n’est pas la première association à prendre feu dans la cité. Le 29 mai, c’est le café solidaire Le Tilia, notamment connu pour avoir fabriqué des masques aux habitants de la cité pendant le premier confinement, qui avait brûlé.
Dans la nuit du 9 février, c’est la “maison pour tous” des Tilleuls, située a quelques centaines de mètres à peine de Speranza, qui a brûlé à son tour, une structure gérée par l’Institut de Formation, d’Animation et de Conseil (IFAC).
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