Fin septembre, la soirée télévision devant un match de foot s’était terminée tragiquement à Valenton après qu’un homme ait fait irruption dans le pavillon et tiré mortellement sur un jeune homme de 18 ans. Ce mardi soir, son meurtrier présumé s’est enfui de l’hôpital où il avait été transféré après avoir simulé un état dépressif.
Le fugitif, âgé de 28 ans et incarcéré à la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise), était arrivé au centre hospitalier vers 21H30. Il faisait l’objet d'”une extraction médicale après qu’il a été découvert dans sa cellule en train de se mutiler”, selon l’administration pénitentiaire. Mais sa tentative de suicide n’était qu’un leurre. A l’hôpital, il était attendu par une femme, armée d’un fusil, “à pompe ou de chasse”, selon une source policière.
La complice a exigé “que le détenu soit détaché” puis a tiré sur l’un des agents. Ce dernier reçoit “30 impacts de plomb, superficiels, dans le bas du dos”, le blessant légèrement, selon cette source. Les agents d’escorte n’étaient pas armés mais équipés de gilets pare-balles.
Le policier blessé a été admis à l’hôpital en observation pour “passer des examens complémentaires” mais “ses jours ne sont pas en danger”, selon l’administration pénitentiaire, précisant que le surveillant a été “protégé par son gilet pare-balle”. Les pompiers présents lors du transfert sont “secoués et se reposent”, indique le Sdis du Val-d’Oise. Sur place, deux étuis de calibre 12 ont été retrouvées, a précisé la source policière.
La femme, le détenu et un troisième homme qui faisait le guet ont ensuite pris la fuite ensemble à bord d’une voiture. Ils sont activement recherchés avec la diffusion d’une fiche aux services à l’échelle nationale.
La PJ de Versailles a été saisie de l’enquête des chefs “d’évasion en bande organisée et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique”, précise le parquet de Pontoise dans un communiqué. Au vu des éléments, aucune enquête administrative n’a été diligentée, selon la Chancellerie.
L’homme, issu de la communauté des gens du voyage, était en détention provisoire depuis le 1er octobre, après avoir été soupçonné d’avoir tué le jeune homme de Valenton dans la nuit du 28 au 29 septembre.
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Selon la source policière, il était déjà très défavorablement connu des services de police pour tentative d’homicide, vols et violences aggravées et séquestration, mais n’était pas classé comme “détenu particulièrement signalé” (DPS).
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti s’est rendu à la maison d’arrêt d’Osny ce mercredi pour apporter son “indéfectible soutien” aux surveillants qui encadraient le transfert médical. Il a auparavant rencontré l’agent pénitentiaire blessé à l’hôpital de Pontoise.
Les trois surveillants sont “psychologiquement extrêmement marqués par ce qu’ils ont vécu hier”, a déclaré M. Dupond-Moretti devant la presse. “Les agents pénitentiaires, qui constituent la troisième force de sécurité de ce pays, en aucune façon ne méritent d’être ‘tirés’ comme ils l’ont été hier soir, au péril de leur vie”, a-t-il ajouté.
Interrogée sur l’absence de port d’arme chez les agents, la Chancellerie a indiqué que “le niveau de risque est à replacer dans le contexte”, avec “deux évasions en 2020 sur 54 371 extractions médicales”. En 2021, pour huit des treize évasions recensées, dont celle d’Osny, le détenu a profité d’un transfert à l’hôpital pour se faire la belle.
“Sur ces trois dernières années, une seule de ces évasions est survenue avec une complicité extérieure. Le cas de figure le plus classique est celui de la fuite du détenu”, a-t-on précisé place Vendôme.
En mai 2018, à l’hôpital de Brest, un détenu fiché S était parvenu à fausser compagnie à ses gardes et avait pris la fuite avec des complices qui l’attendaient dans une voiture.
Début novembre, un prisonnier toulousain s’est évadé de l’hôpital de Carcassonne dans des conditions similaires, selon France Bleu et La Dépêche.
Les escortes de détenus ne sont plus assurées par les forces de l’ordre depuis 2019. Cette tâche est désormais assurée par les agents pénitentiaires.
Les extractions pour raison médicale sont assurées depuis une circulaire d’octobre 2019 par “des équipes locales de sécurité pénitentiaires (ELSP) déployées sur le territoire, formées et habilitées au port d’arme”, selon la Chancellerie.
Au 13 décembre, 519 personnels pénitentiaires étaient habilités au port d’armes, répartis dans 51 équipes locales de sécurité pénitentiaires, a-t-elle ajouté.
Ralenties par la crise sanitaire, ces formations “doivent être accélérées en 2022” avec notamment 216 agents formés l’année prochaine sur le ressort de la Direction interrégionale de Paris dont la prison d’Osny, selon la Chancellerie.
“Cet épisode, sans conséquence tragique heureusement, met cependant en lumière des dysfonctionnements qui ne sont pas nouveaux et posent de réelles questions de sécurité pour les fonctionnaires hospitaliers et pénitentiaires”, a réagi dans un communiqué l’Unsa Santé et Sociaux Public et Privé du Val d’Oise et de Pontoise.
par Alexandre MARCHAND / Alexandre HIELARD
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