De la préhistoire à l’incendie de Notre-Dame: le musée Carnavalet rouvre ses portes ce samedi 29 mai après quatre ans de travaux, sous le nom de Musée Carnavalet-Histoire de Paris.
Quatre années qui ont permis une rénovation de fond en comble du musée, riche de quelque 625 000 objets et œuvres, était devenue indispensable.
Au rez-de-chaussée, 60 enseignes du Paris ancien, suspendues dans les airs, transportent le visiteur dans une rue du XIXe siècle.
Au fil des salles, il découvrira une pirogue néolithique, une gargouille de Notre-Dame, une niche d’un petit chien en soierie bleue, des boucles d’oreille en forme de guillotine… Et pourra écouter des lettres de Madame de Sévigné, rentrer dans une boutique, des chambres d’écrivains, une salle de bal…
Le chantier a été complexe, car ce musée du Marais s’étend sur deux anciens hôtels particuliers: l’Hôtel des Ligneris (XVIe siècle) et l’Hôtel Le Peletier (XVIIe), qu’une passerelle relie au-dessus du lycée Victor-Hugo.
“Il ne s’agissait pas d’imposer un geste architectural mais d’accompagner quelque chose qui était déjà là”, souligne l’architecte François Chatillon. Le budget total s’est élevé à 58,3 millions d’euros financé à 94,5% par la ville de Paris.
Les façades extérieures ont été ravalées et ravivées, et des œuvres restaurées -par exemple dans la salle de bal Wendel ou le salon Demarteau, orné des panneaux signés François Boucher.
Ont été aménagés des espaces nouveaux, notamment en sous-sol, pour exposer une partie plus importante des collections. Des parquets anciens ont été réinstallés.
Trois escaliers, contemporains, relient des parties du bâtiment, et permettent de mener des visites thématiques (par exemple, la période révolutionnaire). Car la visite des 3 900 m2 du musée, avec ses 3 800 œuvres exposées, nécessite plusieurs heures.
“La nouveauté est d’avoir un fil chronologique continu, de la Préhistoire jusqu’à nos jours sans période absente, même si certaines sont plus développées que d’autres”, indique la directrice du musée, Valérie Guillaume.
Autre changement: l’éclairage, “grâce à des led et des filtres sur les vitres qui ouvrent vers les jardins, alors qu’il y a 30 ans on avait tendance, pour protéger les œuvres, à créer des boites dans la boite”, ajoute-t-elle.
La nouvelle disposition des collections “retrace une histoire de Paris de manière à la fois historique, documentaire, sentimentale et proche des habitants”, relève l’adjointe à la Culture de la mairie de Paris, Carine Rolland.
Le musée, labyrinthe d’escaliers et de couloirs, a été rendu accessible à 95% aux personnes à mobilité réduite. Et près de 10% des œuvres sont exposées à hauteur d’enfant, accompagnées de dessins et notations d’écoliers. Ainsi David, 4 ans, décrit la pirogue comme “le serpent des mers”.
“L’accessibilité, ce n’est pas seulement mettre des ascenseurs”, déclare la directrice du musée, deux mois après la polémique causée par l’emploi, sur quelques dizaines de panneaux, de phrases courtes et d’un vocabulaire simplifiée, où Louis XIV s’écrit Louis 14 et Napoléon III Napoléon 3, à destination d’une partie du public en situation de handicap.
Les chiffres romains ont été conservés sur tous les autres cartels, y compris les cartels enfants, les écrans, les graphiques, insiste Valérie Guillaume.
En fin d’itinéraire, sont évoquées la transformation de Paris dans les années 70, et l’actualité marquante pour la capitale, dont les attentats terroristes, l’incendie de Notre-Dame et jusqu’aux rues de la ville pendant le confinement. Des accrochages qui seront périodiquement actualisés.
Le musée en chiffres
– Un fonds de 625 000 œuvres de la préhistoire à nos jours
– 3 800 œuvres exposées dont 10% à hauteur d’enfant
– 3 900 m2 de surface d’exposition permanente et 360 m2 d’exposition temporaire
– 34 salles de décors
– 2 400 m2 de jardins et cours
– 600 m2 de centre d’activités culturelles et de ressources documentaires
Paris vu par Henri Cartier-Bresson
Dans les salles d’expositions temporaires (les seules payantes), une exposition d’Henri Cartier-Bresson “Revoir Paris” accompagnera les premiers mois de la réouverture.
par Jean-Louis DE LA VAISSIERE
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