Société | Paris | 08/09/2021
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Les habitants de Pelleport vent debout contre le projet d’accueil d’usagers du crack

Les habitants de Pelleport vent debout contre le projet d’accueil d’usagers du crack © Twitter Joajour

Ils ne veulent pas d’une “salle de shoot” à proximité de leurs crèches et écoles et le font savoir. Les riverains de la rue Pelleport (Paris 20) se sont rapidement mobilisés en apprenant la possible implantation d’un centre d’accueil pour usagers du crack dans un îlot riche en écoles.

Banderoles et affiches ont fleuri en quelques jours. Et samedi après-midi, devant la mairie du XXe arrondissement, des heureux mariés ont dû cohabiter avec quelque 200 habitants de l’arrondissement, dont une grande proportion de femmes et d’enfants, venus s’opposer à l’ouverture d’un espace pour usagers du crack qu’ils qualifient déjà de “salle de shoot”.

13 000 consommateurs de crack en Ile-de-France

Lundi 30 août, dans son dernier courrier au Premier ministre Jean Castex pour amorcer des solutions face au fléau du crack dans la capitale – 13 000 consommateurs en Ile-de-France, selon une source policière -, l’élue socialiste n’avait pourtant pas évoqué nommément une nouvelle salle de consommation à moindres risques (SCMR) où la prise de stupéfiants est autorisée et encadrée afin notamment de faire diminuer overdoses, contaminations et nuisances dans l’espace public. Préférant le terme “d’espaces intégrés de prise en charge pour sortir les usagers du crack de la rue”, l’élue listait quatre nouveaux lieux possibles, dont un “dans le quartier Pelleport, opérationnel avant la fin de l’année”.

Si la mairie n’a pas précisé l’adresse exacte, un message posté sur un groupe de riverains leur a permis d’identifier l’école maternelle vacante située au 172 rue Pelleport, explique Clémentine Sillam, chargée de la communication dans le “Collectif Paris 20” nouvellement créé.

Interpellé jeudi lors de la rentrée scolaire, le maire d’arrondissement Eric Pliez (DVG) n’a pas démenti. Or cette école vacante, qui sert “d’école de remplacement en cas de travaux” ou de centre de loisirs pour jeunes enfants selon une autre riveraine Agnès Salom, est surtout entourée de trois écoles, d’autant de crèches et d’une maison de retraite.

“Tout le monde est extrêmement remonté”, dit cette parente d’élève de l’école polyvalente mitoyenne située au 166. Dans ce quartier tranquille, qui compte toutefois plusieurs points de deal, “il y a un vrai équilibre mais il est fragile”, estime cette consultante RH de 50 ans impliquée dans la vie de son école et de la MJC voisine.

“C’est un quartier calme, populaire avec beaucoup d’enfants. Ouvrir ça à cet endroit, c’est scandaleux”, ne décolère pas Céline Boisgerault, 42 ans, maman d’Adam, 4 ans, qui sautille devant elle. “Tout cela va drainer forcément des dealers, sans compter les seringues qu’il faudra ramasser dans les parcs où on n’osera plus aller”.

Quelques nuances dans les critiques

Dans une circonscription qui a voté à 75% à gauche pour la dernière législative, tout le quartier n’a pas une vision aussi tranchée: Les parents d’élèves “favorables aux salles de soin ont plutôt du mal à se positionner”, reconnaît Agnès Salom. Et Giuseppe, qui habite un passage juste à côté de l’école où “la présence de délinquants est déjà visible”, espère que l’arrivée de toxicomanes “pourra amener du personnel de sécurité supplémentaire et le quartier sera sous contrôle”.  Pour cet architecte célibataire de 34 ans, “chacun voit ses intérêts.”

“Seule une stratégie thérapeutique globale, incluant lorsque cela est nécessaire de la consommation supervisée, permettra de rompre le cycle de l’errance dans la rue et de stabiliser l’usager dans un lieu d’accueil et de soin”, explique cet ancien responsable d’Aurore, une association d’accompagnement de toxicomanes. Son vécu pédagogique ne sera pas de trop pour convaincre.

Méfiance envers la récupération politique

Avec la présence de plusieurs opposants politiques à la première manifestation, appelée à se renouveler chaque samedi, les riverains mobilisés se méfient d’une éventuelle récupération politique. Deux conseillers de Paris aux couleurs bien distinctes, François-Marie Didier (LR) et Danielle Simonnet (LFI), ont soulevé le problème de “méthode” que constitue selon eux l’absence de concertation des habitants et des élus. Pour M. Didier, “c’est une nouvelle démonstration de l’exercice solitaire du pouvoir et des passages en force systématiques d’Anne Hidalgo”.

Réunion publique le 15 septembre

Dans une réponse adressée lundi à ses administrés, le maire Eric Pliez évoque l’ouverture d’un “espace de repos et de soins” et les convie le 15 septembre à une réunion près de l’école vacante.

Manif le 10 septembre

En attendant, des riverains ont déjà prévu de manifester à nouveau ce samedi 10 septembre.

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