“On fait toujours les soldes, tous les ans. Et cette année encore plus ! S’acheter des vêtements ça permet de se vider la tête“, confient Sofia et Lisa, étudiantes, venues faire du shopping ensemble à Créteil Soleil.
“Cela fait du bien au moral“, confie l’une d’elle. Les deux amies n’ont pas cours en présentiel depuis plusieurs mois et n’ont pas pu non plus garder leur job étudiant cette année. C’est donc grâce à leurs parents qu’elles peuvent se lâcher un peu. “Ils sont très sympas, ils ont bien compris que c’est difficile pour nous en ce moment.” Les deux jeunes femmes ne sont pas les seules à s’être rendue à Créteil Soleil ce lundi, pour “dévaliser Primark”.
“On n’a pas beaucoup de stock, il va s’écouler rapidement“
Devant les grandes enseignes de fast fashion, comme Bershka, Pull&Bear ou Stradivarius, de longues files d’attente s’étirent. “Cette année les soldes, c’est pas trop mal par rapport au contexte. De toute façon, on n’a pas beaucoup de stock, il va s’écouler rapidement. On n’aura pas besoin de passer au-dessous des 50%. Ce qui change, c’est qu’il y a moins de trafic, mais ça fait déjà longtemps, on s’y est habitué“, constate une vendeuse de Desigual.
“Le premier jour des soldes, le 20 janvier, c’était très difficile, mais le week-end suivant, ça a cartonné. Il y avait beaucoup de monde c’était très mouvementé. En 5 jours de solde, on n’a plus rien en réserve“, renchérissent deux vendeuses de chez Kookai. Une affluence qui leur rappelle la veille du premier confinement, ajoutent-elles. “Avec le confinement de novembre, les livraisons se sont ralenties. On n’a pas énormément de stock. Les gens achètent surtout des tenues estivales et des pulls. En plus, on fait des soldes très intéressantes, on va descendre en dessous de 60%, jusqu’à 70%“ajoute une vendeuse qui s’inquiète en revanche d’un reconfinement et espère écouler tout le stock avant. “Heureusement, nous avons la vente en ligne…”
Tendance. Selon les données du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), la moyenne de fréquentation des centres commerciaux pour les premiers jours des soldes d’hiver 2021 (mercredi – samedi) est estimée à -30,6% au niveau national et à -35,6% pour le panel IDF. “Un différentiel qui s’explique pour partie en raison du fait que les centres commerciaux d’Ile-de-France sont plus impactés par le couvre-feu et la fermeture des restaurants/cinémas, une offre de loisirs qui attire en général de nombreux visiteurs”, indique le CNCC.
Véritable temple de la consommation, le centre commercial de Créteil accueille 21 millions de visiteurs par an et abrite plus de 200 boutiques et restaurants. Chaque saison, les soldes sont “le rendez-vous incontournable“, “à ne pas manquer“, pour Patrice et Marylin, un couple de sexagénaires qui habitent à Maisons-Alfort. “On y va chaque année, c’est un moment essentiel, ça nous permet d’économiser un peu pour les grandes occasions ou les anniversaires“, expliquent t-ils, les bras chargés de sacs. “C’est pour notre petite fille tout ça.”
“J’achète avant que ça ferme”
Certains s’activent par anticipation d’un prochain confinement, comme Stéphanie, 37 ans, qui croule sous les sacs. Assise, elle se repose après son shopping effréné. “J’achète avant que ça ferme. Il me manquait des choses pendant le premier confinement”, se souvient-elle. “Je ne commanderais sur Internet qu’en dernier recours.”
“C’est plus facile d’accès sur Internet”
Un avis que ne partagent pas Mélanie et Margaux, 22 et 21 ans, qui fument une cigarette devant le centre commercial, des petits sacs sous le bras. “J’aime pas trop faire les soldes en magasin“, explique Mélanie. ” D’habitude je les fais sur Internet. Aujourd’hui on est venues pour accompagner une copine. C’est plus facile d’accès sur Internet, il y a moins de monde, c’est plus pratique.” Et puis, remarque Margaux, “c’est le bordel les soldes en magasin. alors que sur Internet, il y a des choses exclusives, et puis c’est tout le temps les soldes sur Internet.” Les rassemblements de gens à l’intérieur malgré la pandémie les effraient moins en revanche. “Il faut que l’économie continue de tourner”, estiment t’elles.
Ce couple de sexagénaires qui travaillent dans le tourisme, lui, ne sent “pas à l’aise”, avec toutes les contraintes sanitaires. “Avec le masque, le gel, ce n’est pas très agréable“, confie la femme raconte que le vigile est venu lui rappeler le port du masque alors qu’elle buvait un café, vendu au sein du centre commercial. “Tout cela est stressant, même parler aux gens ce n’est pas facile. On n’a pas trop envie d’acheter des choses dans ces conditions”, expliquent t’ils en désignant leur sac Carrefour. “Ce n’est même pas sûr qu’on fasse vraiment les soldes aujourd’hui. On va d’abord aller prendre l’air dehors.” Ils en viennent à espérer un troisième confinement, “sévère mais pas trop long”, afin de retrouver au plus vite une vie normale, et de “pouvoir recommencer à faire des cadeaux à nos familles.”
“Cela ne sert à rien de s’acheter des vêtements, à part pour défiler seul dans sa chambre”
Alexandre et Medhi, deux amis, dont l’un travaille dans une boutique de maroquinerie dans le centre commercial, ne sont guère plus enthousiastes. “Le pouvoir d’achat a baissé, il y a moins de travail. Moi, mon boss a viré 5 personnes cette année“, témoigne Alexandre. Cela ne sert à rien de s’acheter des vêtements, à part pour défiler seul dans sa chambre. Les gens sont déprimés et n’ont pas d’argent!” Medhi abonde: “dans ma boutique qui est déjà vraiment pas chère, les gens ne peuvent même pas acheter les produits à 50%.” Il raconte qu’après le premier confinement, il a lui même perdu son travail, et qu’il est aujourd’hui en “période d’essai, pouvant être viré n’importe quand.” Alexandre, étudiant, travaillait lui en tant que barman à Paris, mais il a perdu son travail et ne touche pas le chômage partiel.
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