Manifestation | | 20/10/2021
Réagir Par

Manifestation à Cachan après la sortie polémique sur l’armement létal de la police municipale

Manifestation à Cachan après la sortie polémique sur l’armement létal de la police municipale © Raphaël Bernard

Vingt jour après le clash sur l’armement létal des policiers municipaux au conseil municipal de Cachan, une petite cinquantaine de personnes, dont plusieurs élus des villes voisines, sont venues manifester leur “soutien aux forces de l’ordre” à l’appel du conseiller d’opposition Sébastien Trouillas. De son côté, la maire PS de la ville, Hélène de Comarmond, a déposé plainte pour manipulation et instrumentalisation de ce qui s’est passé.

Rappel du premier acte. Tout a commencé le 30 septembre par le commentaire en conseil municipal d’un adjoint LFI à propos de la proposition régionale de subventionner les armes létales des municipales.  “Je croyais que le but de la police était de protéger la population, pas nécessairement de posséder des armes pour la tuer“, lâchait l’élu, suscitant la colère du groupe de droite, lequel décidait de quitter la salle après avoir interpellé la maire sur le sujet. En fin de conseil, le groupe centriste revenait sur l’incident en réclamant des explications et la maire faisait état d’un emballement de l’assemblée. “Evidemment la police est là pour protéger nos concitoyens”, insistait-elle. Depuis, la polémique a enflé sur les réseaux sociaux, relayée par le maire de la ville voisine, Vincent Jeanbrun, puis a pris un tour national après reprise sur la chaîne CNews. L’affaire est montée jusqu’au ministère de l’Intérieur quand Gérald Darmanin a écrit à la maire de Cachan, Hélène de Comarmond (PS), pour réclamer des explications et que sa lettre a immédiatement fuité dans les médias. Ce mardi, le président du groupe de droite cachanaise, Sébastien Trouillas, organisait une manifestation de soutien aux forces de l’ordre. Pour rappel complet du contexte, lire : Cachan: passe d’armes polémique en conseil municipal et buzz national

Ce mardi soir, plusieurs élus de ville voisines étaient au rendez-vous, à l’instar d’Antoine Madelin , conseiller départemental de Fresnes (LR-Libres) délégué à la sécurité et conseiller d’opposition de Fresnes, ou encore Vincent Jeanbrun, conseiller régional et maire (Libres) de L’Haÿ-les-Roses : “Je n’ai pas à me mêler à la vie quotidienne des Cachanais mais quand c’est la police nationale qui est en cause, oui, je suis concerné !”, justifie l’édile au micro. Depuis Le Plessis-Trévise, le conseiller d’opposition RN Alain Philippet est aussi venu se joindre à la cinquantaine de personnes présentes.

Pendant une vingtaine de minutes, les prises de parole se succèdent, dénonçant dans les propos de l’adjoint LFI une “atteinte aux valeurs républicaines” qui contribue à la haine envers la police. “La mairie est trop laxiste”, déplorent Martine, 65 ans, et Dany, 82 ans. D’une seule voix, les deux retraitées constatent une hausse des incivilités (tirs de mortier, tapage nocturne, consommation d’alcool sur la voie publique…) qui pèsent chaque jour un peu plus sur leur vie quotidienne. “Cela va faire une dizaine d’années que je ne sors plus de chez moi après 20h”, raconte Dany, cachanaise depuis 22 ans. De son côté, Martine se voit déjà ailleurs : “J’ai déjà fait estimer la valeur de mon appartement pour le revendre . J’ai déjà un pied dehors.”

Si le mot d’ordre de la mobilisation est le soutien aux forces de l’ordre, les élus rappellent également leurs arguments en faveur de l’armement létal des policiers municipaux. “Jamais aucun policier municipal n’a tué quelqu’un par erreur en France. C’est une chimère absolue. En revanche, il est déjà arrivé qu’ils tuent un terroriste comme dans le cas du meurtre de Samuel Paty ou de l’attaque de la cathédrale de Nice”, affirme Antoine Madelin. Le cas de Clarissa Jean-Philippe, policière municipale tuée en janvier 2015 à Montrouge par les auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo, est également évoqué à plusieurs reprises : “Si elle avait été armée, elle aurait pu se défendre”, estime Sébastien Trouillas.

“À partir du moment où les voyous ont des armes, je pense qu’il faudrait armer les policiers municipaux. Cela ne changerait sûrement pas grand chose pour nous, mais ce serait une bonne chose pour eux”, estiment Anne et Bruno, à Cachan depuis plus de 25 ans.

Secrétaire départemental SGP FO Police, Reda Belhaj regrette également des propos qui attisent la haine au lieu d’aider au rapprochement entre la police et la population.

Au-delà de la manif, le conseiller d’opposition Sébastien Trouillas entend également demander la démission de l’adjoint LFI et a d’ores et déjà publié une pétition en ligne.

De son côté, la maire de la ville, Hélène de Comarmond, a annoncé hier soir par communiqué avoir déposé plainte auprès de la Procureure de la République. L’élue dénonce des “fake news” qui ont des “répercussions concrètes” en ville, citant des “menaces, intimidations et tirs de mortiers d’artifice”. “Nos agents se sont fait insulter au téléphone”, relate-t-on au cabinet de la maire. L’édile reproche en particulier la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo ne montrant que la sortie de l’adjoint LFI et la réaction des élus d’opposition de droite et non l’échange à la fin du conseil, lorsque la maire s’explique auprès d’un conseiller d’opposition LREM. “La manipulation et l’instrumentalisation mènent à la détérioration du débat démocratique. Les faits doivent être rétablis pour ne pas laisser le débat public être guidé par la désinformation”, enjoint l’élue.

Au-delà de la manifestation, la polémique continue aussi de vivre par tribune interposée. Vincent Jeanbrun a ainsi publié une tribune accusant la gauche de colporter la haine, dans Valeurs Actuelles, tandis qu’une cinquantaine d’élus de gauche ont publié une tribune par communiqué pour apporter leur soutien à Cachan et ses élus. Lire à ce sujet : Polémique cachanaise: droite et gauche d’Ile-de-France règlent leurs comptes par tribune interposée

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
2 commentaires

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

Ajouter une photo
Ajouter une photo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous chargez l'article suivant