Un an après le contrôle policier qui a entraîné la mort de Cédric Chouviat à Paris, plusieurs centaines de personnes ont marché, dans le calme et le froid dimanche après-midi, pour honorer sa mémoire mais aussi demander la suspension des policiers, dont le maintien en exercice constitue, selon eux, un “scandale”.
“C’est une marche en mémoire de notre fils, de notre père, de notre époux”, a déclaré devant les journalistes Christian Chouviat, le père du livreur de 42 ans, avant le départ de la marche.
Derrière une banderole demandant “Justice pour Cédric”, plusieurs centaines de personnes se sont élancées peu après 14H15, de la place de l’Uruguay, dans le très chic XVIe arrondissement de Paris. Parmi eux, entre autres, Assa Traoré, des militants d’Attac et de la Ligue des droits de l’Homme, les parlementaires de la France insoumise Alexis Corbière et Eric Coquerel et la sénatrice écologiste Esther Benbassa.
#JÉtouffe. À la marche blanche organisée en mémoire de #CédricChouviat, mort il y a un an. En soutien à toutes les familles de victimes. Pour la #vérité et la #justice. Pour la fin des #violencespolicières. Le combat continue. @ecologistesenat @EELVIdF @EELV pic.twitter.com/9u31iSE6FT
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) January 3, 2021
Ils sont arrivés, trois heures plus tard, quai Branly, près de la Tour Eiffel, à l’endroit où Cédric Chouviat a été contrôlé le 3 janvier 2020. Il avait alors été plaqué au sol, son casque de moto sur la tête, provoquant un malaise. Transporté dans un état critique à l’hôpital, il était mort le 5 janvier.
Quatre policiers ont participé à ce contrôle; trois ont été mis en examen pour “homicide involontaire”, tandis qu’une quatrième policière a été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
La suspension de ces policiers est “le plus important pour nous”, a déclaré avant le départ de la marche son père, Christian Chouviat, soulignant que le fait qu’ils n’aient pas été suspendus est “un scandale”. Et la décision “ne dépend que de Gérald Darmanin”, le ministre de l’Intérieur, a-t-il martelé.
Entourée d’autres familles ou proches de personnes mortes dans des dossiers où les forces de l’ordre sont mises en cause, comme Babacar Gueye ou Ibrahima Bah, la mère de Cédric Chouviat, Fatima, a elle aussi demandé leur suspension. “Je ne peux pas accepter que la quatrième policière ne soit que témoin assisté”, a-t-elle ajouté. Les policiers “travaillent encore et nous ne le comprenons pas”. “On a cette chance que mon fils ait filmé sa mort, on est des privilégiés, si je puis dire, dans notre malheur”, a-t-elle encore dit:
“Cédric nous a laissé toutes les preuves pour le défendre”.
La marche blanche, sous discrète présence policière, était aussi dirigée contre la proposition de loi “Sécurité globale”, vivement contestée ces derniers mois lors de manifestations, notamment par les journalistes et les défenseurs des libertés publiques. De nouvelles manifestations sont d’ailleurs prévues les 16 et 30 janvier.
En fin de marche, et alors que des manifestants chantaient régulièrement “Tout le monde déteste la police”, Sofia Chouviat, fille de Cédric Chouviat, a pris le micro pour déclarer: “On ne déteste pas la police, c’est pas vrai (…). On va être plus intelligents. On est contre ceux qui ne respectent pas les lois”.
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