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Transports | Ile-de-France | 10/11/2021
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Métro 1 à Fontenay-sous-Bois: enquête publique attendue début 2022 et pétition de la discorde

Métro 1 à Fontenay-sous-Bois: enquête publique attendue début 2022 et pétition de la discorde

Dans les starting-blocks depuis plusieurs années, le prolongement de la ligne 1 du métro jusqu’à Val-de-Fontenay connaît des turbulences depuis cet automne, avec la suspension de l’enquête publique qui devait démarrer ce 15 novembre. D’après nos informations, le projet devrait revenir sur les rails rapidement avec une enquête publique attendue début 2022. Dans le même temps, une pétition de riverains inquiets des travaux en bordure du bois a mis le feu aux poudres. Les défenseurs du métro prévoient de réagir à leur tour tout en défendant l’environnement. Explications et calendrier des actions.

Pour bref rappel du contexte, le prolongement de la première ligne de métro jusqu’à Val-de-Fontenay, dont les premières études concrètes ont démarré il y a 25 ans, doit renforcer le maillage des transports dans l’est parisien en se connectant à la fois au RER E, RER A, T1 et ligne 15 Est du Grand Paris Express, contribuant à la redistribution du trafic sur l’ensemble du réseau de transports publics et à la réduction de la circulation automobile. Environ 100 000 voyageurs jour supplémentaires sont attendus sur la ligne avec ce prolongement et 27,6 millions chaque année sur la partie prolongée. Les travaux ne pourront démarrer qu’à l’achèvement de la ligne 15 Est du Grand Paris Express et la mise en service est attendue en 2035. Son coût : 1,5 milliard d’euros.

Sur des rails depuis des années, le projet, porté par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité régionale des transports, devait faire l’objet d’une enquête publique en cette fin d’année mais celle-ci a été suspendue suite à deux évaluations au vitriol émanant de l’Autorité environnementale et du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) (service ministériel qui réalise des contre-expertises sur les projets financés par l’Etat à hauteur de plus de 100 millions d’euros). L’Autorité environnementale a notamment réclamé des explications concernant la présence d’anciennes carrières et fait état d’une forte réserve concernant la création d’ouvrages annexes en bordure du bois. Elle a même questionné la rentabilité socio-économique du projet, réclamant une évaluation qui ne soit pas basée sur le modèle spécifiquement utilisé par l’Autorité des transports d’Ile-de-France mais sur un modèle national. Le SGPI a également questionné le modèle économique par rapport au nombre d’usagers, ceci dans un contexte financier tendu avec des grands projets de transports dont les coûts ont parfois dérapé comme par exemple le prolongement du RER E à l’ouest.

Pour rappel complet du contexte, lire : Avis de tempête sur le prolongement de la ligne 1 du métro à Val-de-Fontenay

Dès le mois d’octobre, des élus de l’Est parisien de tout bord se sont donc mobilisés pour réclamer le déroulement de l’enquête publique, allant jusqu’à questionner le Premier ministre.

Lire: Matignon très attendu sur le prolongement de la ligne 1 du métro à Val-de-Fontenay

Depuis, la situation a évolué et, selon nos informations, IDFM prévoit de mettre à l’ordre du jour du prochain Conseil d’administration, le 9 décembre, les réponses qu’il souhaite apporter à l’Autorité environnementale, à la fois sur les questions écologiques et sur la modélisation de l’évaluation socio-économique. L’enquête publique, armée de ce dossier complété, pourrait ensuite démarrer en début d’année, potentiellement le 15 janvier. Ce sera au préfet de la déclencher. D’ici là, la réponse du Premier ministre, interpellé sur le sujet par les élus, reste très attendue, l’Etat devant participer au financement du projet.

Une pétition s’inquiète d’un “massacre” du bois de Vincennes

L’avis de l’Autorité environnementale a toutefois commencé à inquiéter plusieurs riverains du bois de Vincennes et, après discussions sur les différents groupes Facebook de Vincennes, un collectif s’est constitué avec un groupe Facebook dédié, Touche pas à mon bois de Vincennes, qui compte à ce jour 140 membres. “Le bois est un site classé et tout le monde semble se moquer des conclusions de l’Autorité environnementale!”, dénonce un des membres actifs du collectif. Dans une pétition lancée sur Change.org, le collectif note ainsi que “l’emprise du chantier dans le bois est estimée à 20 000 m2 (la superficie d’environ 100 terrains de tennis) qui vont être déboisés et partiellement bétonnés” et annonce que “des milliers d’arbres, dont certains plus que centenaires, vont être abattus !” “Pourtant, de nombreuses alternatives existent qui permettraient de sauver notre bois de Vincennes, insiste le collectif. Utiliser la ligne déjà existante à l’arrière gare du château de Vincennes qui relie le terminus actuel à la station de maintenance de Fontenay-sous-Bois, privilégier une ligne de tramway au parcours plus flexible, ou plus simplement investir les 1,5 milliards d’euros du projet dans la modernisation du RER A qui suit exactement le même parcours que la ligne 1 en plus rapide !” enjoint le collectif.

Des chiffres largement exagérés pour IDFM. “On ne va pas déboiser 20 000 m2! Et les espaces seront reboisés après le chantier”, fait-on savoir chez le maître d’ouvrage. Le chantier à ciel ouvert sur les premières centaines de mètre du tracé (la suite sera opérée par un tunnelier) s’explique par la nécessité de se raccorder à la ligne existante du métro, construite beaucoup plus proche de la surface car à l’époque il n’y avait pas de tunneliers.

Postée sur Change.org, la pétition du jeune collectif a déjà obtenu 53 000 signatures. Une “pétition bidon”, s’agace Bernard Gobitz, vice-président de la Fédération des usagers des transports en Ile-de-France, qui doute de la réalité des dizaines de milliers de signataires. “L’autre jour à deux heures du matin, les signatures s’accumulaient au rythme d’une toutes les quelques secondes, ce n’est pas très crédible!”, expose-t-il, rappelant que “tout le monde va pouvoir s’exprimer sur le projet durant l’enquête publique”.

“J’ai partagé cette pétition avec de nombreuses associations de défense de l’environnement”, témoigne un autre membre du collectif, pour expliquer le succès fulgurant de la pétition. Pour ce dernier, ce projet est “inutile” car le secteur des Rigollots n’est pas si loin des stations de Vincennes ni de Fontenay et n’est donc pas enclavé. En outre, Val-de-Fontenay est déjà “hyperconnectée” avec la la ligne A, interconnectée à plusieurs reprises à la ligne 1, la E et futurement le Grand Paris Express. Pour lui, cela va donc juste contribuer à engorger la ligne 1.

Voir la pétition

Détails du chantier du bois

Ci-dessous le secteur qui sera impacté par le chantier en bordure nord du bois de Vincennes.

Dans le projet de dossier d’enquête publique, dont 94 Citoyens a eu connaissance, il est précisé que les secteurs qui seront déboisés correspondent aux zones en rose, marron et bleu. La zone rose (4810 m2) correspond au tout début du tracé, qui sera réalisé sans tunnelier pour se raccorder au métro existant. Cette zone suit l’avenue du Nogent, à la sortie de Vincennes. La zone marron (1700m2) correspond à la base vie du chantier qui sera située au croisement entre l’avenue de Nogent et l’avenue du Maréchal Fayol (voir photo plus bas). La zone en bleu (7200m2) correspond à la sortie du tunnelier, en bordure du bois le long de l’avenue de la Dame blanche. Dans cet emplacement, trois ouvrages resteront en fin de chantier: un poste de redressement (transformateur de courant, en violet ci-dessous) d’une surface de 120 m2, des grilles de ventilation d’une surface de 20m2, une trappe pompiers de 6m2 et une trappe d’accès matériel de 5 m2. Le reste sera reboisé.

Extrait du rapport de l’Autorité environnementale
La base vie sera située dans l’enclave entourée de l’avenue du maréchal Fayolle et de l’avenue de Nogent

Le oui mais des écologistes

Alors que la pétition a en ligne a cartonné, des élus écologistes ont publié ce mardi leur propre tribune, réaffirmant d’une part la nécessité de prolonger le métro, “indispensable” “à la transition de nos modes de déplacements que les enjeux climatiques rendent plus urgente que jamais.” Mais aussi d’autre part celle de préserver l’environnement durant le chantier, reprenant l’hypothèse d’une destruction de 2 hectares de bois. “Nous ne pouvons pas croire qu’aucune solution technique ne puisse exister. En effet, quel que soit le surcoût financier, il sera de toute façon toujours moins important que celui du réchauffement climatique. Nous demandons à IDF Mobilités d’étudier d’autres alternatives d’excavation pour répondre au défi du prolongement d’une ligne de métro essentielle, sans impacter notre bois, notre environnement et sa biodiversité. C’est la position que nous porterons lors de l’enquête publique qui doit se tenir le plus rapidement possible”, enjoignent les élus.

Voir la tribune et ses signataires

Une marche de soutien au métro

“Les villes de Paris et de Fontenay ont été les premières et les seules à exiger des mesures compensatoires à chaque comité de suivi et depuis plusieurs années, à commencer par la préservation de l’alignement d’arbres remarquables avenue de la Dame blanche qu’Ile-de-France Mobilités et la RATP ont promis de prendre en compte lors des études de faisabilité. Nous souhaitons également qu’il y ait trois arbres replantés pour un arbre abattu et l’enfouissement du poste de redressement”, rappelle de son côté Yohan Rispal, conseiller délégué aux transports public à Fontenay-sous-Bois qui précise, à titre personnel, souhaiter aussi la débitumation de l’avenue de la Pépinière pour compenser. “Mais dire que 20 000 m2 de bois vont être déboisés relève de la désinformation”, poursuit l’élu qui invite à une campagne de “désintox” et rappelle l’impact environnemental positif de ce prolongement, comme les 13,7 millions de véhicules – kilomètres épargnés par an, et le gain de temps au quotidien des habitants, représentant 3,5 millions d’heures par an. Selon les prévisions de l’évaluation préalable, 6,5 % des utilisateurs du projet devraient en en effet être des reportés de la voiture.

Ce mardi soir, l’association Métro aux Rigollot, qui milite depuis des années pour le prolongement jusqu’à Fontenay, s’est réunie dans une ambiance un peu plombée par ces derniers rebondissements et a décidé de réagir en proposant une marche le 20 novembre prochain pour défendre le métro. Le sujet sera également à l’ordre du jour lors du prochain conseil municipal de Fontenay.

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