Mattéo avait 17 ans, “un rire marrant”, et aspirait à devenir assistant vétérinaire. Il a été mortellement poignardé mardi à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Le suspect: un “pote” de sa résidence, 16 ans.
Mattéo était le fils unique de Cindy Hinault et Jorge de Valadares. Une nouvelle famille en souffrance en Île-de-France, où plusieurs meurtres d’adolescents par d’autres adolescents, à l’arme blanche, ont récemment eu lieu.
Mardi, vers 18h40, Mattéo “se mange un coup”, au pied de l’un des 29 bâtiments de sa résidence du Clos des Perroquets, où il vit depuis ses deux ans, raconte un de ses copains.
La plaie, profonde de onze centimètres, lui est fatale
“En plein coeur! Pas à la cuisse… et onze centimètres. Il ne lui a laissé aucune chance”, juge sa mère Cindy, secrétaire de direction en pédopsychiatrie.
Le suspect, auditionné mercredi et jeudi, doit être présenté vendredi à un juge d’instruction, en vue d’une éventuelle mise en examen. L’adolescent a dit aux enquêteurs avoir eu un différend avec Mattéo, mais nié avoir été “sur les lieux au moment des coups portés”, selon le parquet de Créteil.
Cette piste d’un différend entre deux personnes écarte à ce stade celle d’un conflit entre bandes de jeunes, dont les affrontements ont donné lieu à des drames ces derniers mois, avec la mort de plusieurs adolescents dans différents départements de la région.
“J’espère que les pouvoirs publics vont vraiment prendre en compte, et très vite, toutes les familles endolories par la mort d’un enfant”, dit Jorge, le père de Mattéo.
“Un rire qui grésille”
A 17 ans, Mattéo avait “passé la phase un peu chiante de l’ado”, raconte Jorge avec tendresse. “On était vraiment dans le dialogue, il était paré intellectuellement, socialement et humainement”, poursuit ce conseiller d’éducation de 46 ans. “Il avait tout pour devenir un grand homme”.
Sportif, Mattéo a intensivement pratiqué le hockey-sur-glace pendant onze ans. Lycéen en bac pro commerce, il avait reçu les encouragements, mais aspirait surtout à devenir assistant vétérinaire.
Sa famille biculturelle l’avait rendu “très ouvert”: son père portugais et catholique, sa mère française et athée. “Il avait des amis de toutes nationalités”, raconte Jorge. “Il était d’une très grande empathie, toujours à vouloir défendre les autres et ne se laissait pas influencer”, abonde Cindy.
Sa tante Marlène souligne sa “bienveillance”. “Depuis ma séparation, il venait plus souvent me voir, exprès”. Combien de soirées passées à regarder, avec sa tante, la série espagnole “Casa de Papel”, au lieu de jouer comme il l’aimait en réseau avec ses amis aux jeux vidéo?
Sans Mattéo et son rire contagieux, s’annonce “un été vide” pour Timéo, 15 ans, qui devait le retrouver dans un camping à Fréjus.
“Mattéo est drôle de base, mais c’est surtout son rire à lui qui est aussi marrant: quand il rigole, ça grésille”, décrit celui qui parle encore de son ami au présent. “Mattéo était réglo, je l’ai jamais vu se disputer avec quelqu’un, même sur un terrain de foot”, abonde Pierre, un autre copain.
Que s’est-il passé mardi soir ?
Des ados de la résidence avaient pour habitude de jouer au ballon ou de fumer une chicha entre deux barres d’immeubles.
“Tous potes et tous polis, ils arrêtaient même la balle pour laisser passer mon chien”, estime une habitante depuis 25 ans. Une autre résidente nuance: “il y a déjà eu des bagarres”, mais jamais “quelque chose d’aussi violent”.
Parents et amis assurent ne pas avoir eu écho d’un conflit avec le suspect. “Mattéo était calme, pas quelqu’un qui cherchait l’embrouille”, ajoute un de ses voisins, 15 ans, qui fréquentait Mattéo depuis le collège.
“C’est aussi notre pote le gars qui a mis un coup”, confie le jeune. “Je comprends pas pourquoi il a fait ça, je lui en veux, mais bon…”, souffle l’adolescent, perplexe, qui a préféré taire son prénom.
par Clara WRIGHT
Tous les jeunes qui sont assassinés étaient de braves petits très gentils et plein d’avenir !!! Bientôt une marche blanche … En attendant la suivante.
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