Il était un peu plus de 3 heures du matin ce samedi 23 octobre lorsque le train de primeurs parti de Perpignan la veille au soir est entré en gare du Min de Rungis sous les crépitements des flash, dans l’odeur du vin chaud et au son de l’Hymne à la joie. Cette nuit, personne n’a boudé son plaisir. Arrêté depuis 2019, le retour de ce train de fret était très attendu. Une première étape, très symbolique, vers une renaissance du fret ferroviaire dans l’un des plus importants marchés de gros du monde. Retour en images et explications.
“Le train ne sifflait plus. Pourtant le ferroviaire fait partie de l’histoire du Min”, a rappelé Stéphane Layani, président de la Semmaris, société d’économie mixte gestionnaire du marché, évoquant les rails encore visibles dans certaines parties du Min. “Il y a une vingtaine d’années, il y avait des trains qui arrivaient de toutes les directions” se souvient aussi Thierry Marin, patron de Maillard Rouelle, l’un des grossistes en fruits et légumes qui a joué le jeu de ce retour au train pour une partie de son arrivage quotidien. A sa création dans les années 1960, le Min de Rungis disposait de 7 quais. Au fil du temps pourtant, l’acheminement s’est de plus en plus exclusivement tourné vers les camions, dont le taux de qualité de service/coût reste imparable.
Malgré la rénovation complète du terminal ferroviaire en 2010, pour passer de 200 000 à 400 000 tonnes transportées chaque année grâce à deux trains de 24 wagons chacun, représentant jusqu’à un quart des livraisons de fruits et légumes du MIN de Rungis, l’un des deux derniers trains, ceux qui arrivaient du marché international de primeurs Saint Charles International de Perpignan, est arrêté en novembre 2016 et la fermeture de la dernière liaison est sur la table dès le printemps 2017. Parmi les problèmes coûteux à gérer : la rénovation des wagons frigorifiques vieillissants. Malgré l’intense mobilisation locale des élus comme des syndicats, le dernier train s’arrêtera en 2019, le temps de se chercher un nouveau modèle.
Dans un contexte de réchauffement climatique et d’urgence à réduire les gaz à effet de serre, la question reste toutefois d’actualité. Dès août 2020, Jean Castex, en déplacement au port de Bonneuil-sur-Marne, annonce une réouverture à court terme. Le Premier ministre rêve même de prolonger la liaison en autoroute ferroviaire reliant Barcelone à Anvers. En décembre 2020, la Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGITM) lance un appel à manifestation d’intérêt puis retient la SNCF via sa filiale logistique.
Parmi les professionnels du Min entièrement dédiés à la logistique : les dégroupeurs s’occupent de répartir les arrivages des camions ou du train pour les acheminer vers les grossistes. Ci-contre, une partie de l’équipe de TFI.
Un nouveau départ qui s’inscrit aussi dans une stratégie nationale de développement du fret ferroviaire
Pour que le service reste compétitif par rapport à la route, l’Etat met au pot dans le cadre de sa stratégie de développement du fret ferroviaire qui vise à doubler la part modale du fret d’ici à 2030. Ce plan de 72 mesures est doté de 170 millions € par an jusqu’en 2024, dont une enveloppe de 15 millions € annuels pour l’autoroute ferroviaire. Restaient quelques petits casse-têtes logistiques à régler comme celui de retrouver un sillon (créneau d’autorisation de circulation du train de bout en bout pour éviter les embouteillages). Depuis l’arrêt du train en 2019, les créneaux avaient en effet été réattribués à d’autres trains, explique Marc Papinutti, directeur de la DGITM.
Le train, qui a repris les rails ce vendredi, va assurer 5 liaisons par semaine, avec un départ de Perpignan à 16h30 et une arrivée au MIN de Rungis à 3h15. Les trains sont composés de 12 wagons frigorifiques (contre 24 auparavant) d’une capacité équivalente pour chacun à celle d’un camion et demi (soit 38 palettes de 1 x 1,2M). Cela représente 10% du volume des fruits et légumes qui transitent par le marché, indique la Semmaris qui précise qu’il s’agit du train de fret le plus rapide d’Europe. Il s’arrêtera entre la mi-juillet et la mi-octobre, période durant laquelle le trafic est moindre.
Seul bémol, les trains repartent à vide. Beaucoup moins de marchandises partent en effet dans le sens Rungis Perpignan. “Et les camions cassent les prix sur les trajets retour”, confie un professionnel.
Un transporteur a été retenu pour opérer l’acheminement, le groupe Primever, tandis qu’une douzaine de grossistes en fruits et légumes ont décidé de jouer le jeu en confiant une partie de leur transport au train. Une première mise pour voir comment la situation évolue, s’assurer de la ponctualité, surveiller l’évolution des coûts et des volumes disponibles.
A ce stade, ce retour du train, avec la moitié des wagons de 2019, reste une première étape, encourageante, mais pas encore décisive quant à un vrai retour du fret ferroviaire au Min de Rungis.
“D’ici quinze jours, je lancerai un appel à projets pour une gare multimodale à Rungis”, a annoncé ce samedi matin Stéphane Layani, se projetant dans de nouvelles destinations du nord au sud. “Ce-sont les volumes qui font fonctionner le train”, a insisté le patron du Min avant de rappeler l’enjeu climatique et l’objectif du marché de réduire son empreinte carbone de 30% d’ici à 2030. Très concrètement, ce terminal de transport combiné, qui doit voir le jour “à l’horizon 2024”, doit “porter à 20% la part du ferroviaire dans les approvisionnements du Marché de Rungis et d’éviter près de 60 000 camions par an sur les routes”, annonce la Semmaris.
Un objectif partagé par l’Etat. “Ce n’est pas du greenwashing mais une démarche sociétale. Quel sens cela a-t-il de transporter des des petits légumes bio en camion ?” a appuyé Marc Papinutti, directeur de la DGTIM, rappelant la performance du transport par train et l’effort de l’Etat sur cet enjeu, entre la part consacrée au fret dans le plan de relance et les 72 mesures de la stratégie de fret ferroviaire.
Le fret ferroviaire en France : un retard à rattraper
Au départ de Perpignan quelques heures plus tôt, Jean Castex, n’a pas dit autre chose tout en mesurant l’ampleur du défi. “Depuis 2000, les volumes transportés par le train ont diminué de 43 %, ce n’est pas Mathusalem 2000. Le fret ferroviaire français a aujourd’hui une part modale de 9 % tandis que la moyenne européenne est tout simplement au double, 18 %. Mais il y a plus inquiétant : la moyenne européenne augmente encore, il y a des pays qui sont à 30, tandis que nous, on continue de décroître. Façon de dire que nous plombons la moyenne européenne. Il n’y a pas de fatalité pour qui connaît l’histoire de la SNCF”, a lancé le Premier ministre. D’où l’enjeu de doubler la part modale du fret d’ici à 2030. A terme, la ligne Perpignan Rungis doit être couplée à un transport de conteneurs sur l’autoroute ferroviaire Le Boulou-Gennevilliers. “Les deux, c’est quand même 26 000 camions équivalents qui seront retirés des routes”, a insiste le chef du gouvernement, soit 25 000 tonnes de CO2.
Dès aujourd’hui : 4 000 camions en moins sur les routes chaque année
En attendant, le retour du train de 12 wagons entre Perpignan et Rungis permet déjà de retirer l’équivalent d’une centaine de camions par semaine de la route, soit un peu plus de 4 000 par an en tenant compte de l’arrêt estival.
Un premier pas qui n’était pas gagné d’avance lorsque le train s’est arrêté il y a deux ans, comme s’en sont souvenus les élus locaux et parlementaires de tout bord qui s’étaient fortement mobilisés pour le maintien de la ligne, aux côtés des syndicats et du gestionnaire du Min. D’où la liesse partagée cette nuit, à l’arrivée du train.
Aucun sens cette remarque !!!!
L’équivalent de 18 camions par jour, 10 % du volume transporté à Rungis !!! Dérisoire.
Il faut absolument transférer une partie du transport de la route au rail, en particulier le transit international. Les autoroutes ferroviaires doivent être développés, par le transport de containers et par celui des remorques routières. Aux USA, le transport ferroviaire représente 40 % du total.
Bien entendu, il y aura toujours des oppositions, comme l’inévitable commune de Saint-Maur, opposée à tout, sauf à l’apartheid social et au bétonnage de luxe.
Ah voilà
C est de la faute de saint maur
Ah vous nous aimez pas grand jaloux ….
Attaque gratuite et dénuée de fond
Non : le maire de Saint-Maur s’est opposé au projet d’autoroute ferroviaire qui pouvait transiter pat ‘sa’ commune ! Il s’était aussi opposé aux projets de lignes de bus nouvelles qui devaient traverser cette ville …
Ce que veut cette municipalité, c’est de faire de Saint-Maur une commune dortoir … de luxe. Notamment en détruisant tout le tissu de petites entreprises qui existaient dans ce qui était encore une petite ville.
Saint Maur ne voulait pas de la ligne 15 : inutile pour les habitants avec la possibilité de ramener de l’insécurité.
Ils ont même essayé d’arreter ou de ralentir les travaux du métro !
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