Lancée en France en 2016, la ligne d’écoute associative Nightline connaît un engouement particulier depuis le début de la crise sanitaire et ses confinements successifs. Avec ses antennes d’écoute à Paris, Saclay, Lille, Lyon et Toulouse, elle reçoit les appels téléphoniques ou messages par chat des étudiants désemparés de 21 heures à 2h30, grâce à d’autres étudiants bénévoles.
Formés à l’écoute active, les 125 bénévoles se répartissent les soirées de tous les jours de la semaine. “Les chats sont limités à deux heures, et les appels à 1h30. Mais les étudiants peuvent rappeler juste après. On essaie de protéger les bénévoles, ce n’est pas toujours facile. Ils sont formés pour prendre du recul et il y énormément de soutien entre les bénévoles, on fait beaucoup de réunion de partage, pour extérioriser“, explique Floriane Varais-Kurtz, visage public de l’association et présidente de Nightline Lyon? L’association fait aussi de la prévention auprès des établissements d’enseignement supérieur afin de faire évoluer les perceptions autour de la santé mentale étudiante. Pour Lucile Regourd, porte-parole, ces actions permettent “d’ouvrir le débat, d’en créer un et surtout de créer des espaces de parole. On fait de la déstigmatisation“.
Des appels de détresse, des questionnements sur le futur, la crainte du virus ou des préoccupations plus quotidiennes… chacun appelle pour parler de ce qu’il veut. “Les multiples confinements ont accentué le sentiment d’isolement des étudiants, mais ce n’est pas un phénomène nouveau. Il est vrai que cela a mis en lumière la détresse psychologique des étudiants. Au premier confinement, il n’y avait que la Nightline Paris qui était ouverte, les appels ont doublé. Et au deuxième confinement, dès le premier soir, les Nightline nouvellement ouvertes ont reçu beaucoup d’appels alors qu’il avait fallu quelques semaines, à l’ouverture en 2017 de la première Nightline, avant de recevoir les premiers appels. On constate une aggravation. Les principaux sujets abordés sont les relations familiales, amicales ou amoureuses, mais aussi le stress des études.” La Nightline, inspirée du modèle anglo-saxon, respecte plusieurs critères, à commencer par l’anonymat. “Les bénévoles ne doivent ni dire leur nom, ni divulguer qu’ils participent à cette Nightline, cela peut freiner certains à appeler. Quand tu sais que tu risques d’avoir ton pote au bout du fil, ça peut te décourager.”
Les autres consignes sont la confidentialité, le non-jugement et la non-directivité. “C’est le plus important, on ne donne pas de conseils, on ne dit jamais à l’étudiant quoi faire, s’il n’en fait pas expressément la demande. Nous ne sommes pas formés pour cela, nous ne sommes pas psychologues. Mais nous avons un document d’orientation, une base de données avec tous les psychologues et les services de santé appropriés. On peut rediriger les étudiants“, témoigne Floriane Varais-Kurtz.
Pour accompagner les jeunes étudiants et informer sur les questions de santé mentale, l’association a aussi mis en place un podcast, Vide ton sac, divisé en saisons qui abordent chacune une thématique en lien avec la santé mentale et l’actualité. Il y a aussi une gazette, Tête la première, imaginée par Rafaelle Fillastre, stagiaire en graphisme au sein de Nightline France, et mise au point avec la collaboration d’une apprentie et d’une autre stagiaire de l’association. A long terme, explique la présidente de Nightline Lyon, “l’idée est d’ouvrir dans toutes les villes. Pour le moment, on va ouvrir une antenne à Toulouse, prochainement.”
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