“Le prix des containers de 40 pieds est passé de 1200 à 12 000 euros, multiplié par dix!” témoigne Jérôme Duchemin, dirigeant fondateur de la société Shokid, spécialiste des peluches, à Nogent-sur-Marne. De quoi faire réfléchir à la relocalisation de sa production. Focus sur cette PME du Val-de-Marne dont la marque maison, Pioupiou et Merveilles, fête ses dix ans cette année.
Depuis ses études d’informatique appliquée et son diplôme à l’IAE de Toulouse, Jérôme Duchemin a toujours travaillé dans le monde du jouet, chez Toys’R”Us puis Disneyland comme acheteur, avant de créer sa propre entreprise. “J’ai toujours aimé l’entrepreneuriat pour faire selon mes idées, et j’ai créé mon entreprise juste avant la crise de 2008, en 2006. Nous avons d’abord fabriqué uniquement en licence pour les autres, Disney, Jacadi, La Grande Récré, PSG… avant de lancer notre propre marque Pioupiou et Merveilles en 2011 tout en continuant les licences. Cela s’est fait naturellement lorsque mon épouse m’a rejoint en 2009, car elle a un savoir faire créatif. Nous avons créé notre propre gamme de personnages”, explique le dirigeant.
Il y a Gaston l’ourson, Siméon le mouton, Oscar le chat, Lady la licorne et encore Gaspard le renard ou Paulo le croco. Les uns chantent des comptines, d’autres projettent des étoiles lumineuses au plafond. “Nous avons relancé des produits qui n’existaient plus comme le coucou caché, la peluche qui se cache les yeux lorsque l’on appuie dessus. C’est un jeu très important pour l’éveil de l’enfant!” Des peluches imaginées, “sans plan marketing”, mais en pensant aux enfants autour d’eux, à commencer par les leurs, nés en 2005 et 2009.
L’entreprise se met aussi à proposer du mobilier, “pour répondre à des besoins que nous avions identifiés chez les parents”, reprend Jérôme Duchemin, comme par exemple le berceau évolutif 0-7 ans, le Berce O’lit, qui a remporté le prix de l’innovation au salon de la puériculture en 2014, ou encore du mobilier Montessori, toujours en “bois massif”.
L’offre est distribuée dans les grands magasins de jouets et les petits indépendants, et vend aussi en direct via Internet. La production, elle, est entièrement réalisée en Asie, mais la donne devrait changer. Car importer depuis l’autre bout de la planète, en ce moment, n’est pas simple. Entre des incidents comme le bateau bloqué dans le canal de Suez au printemps ou la fermeture du port de Yantian en Chine durant deux semaines en raison d’un foyer de Covid, et la reprise mondiale générale après le coup d’arrêt de 2020, les containers sont devenus rares et chers. “Le prix des containers de 40 pieds est passé de 1200 à 12 000 euros, multiplié par dix!” témoigne Jérôme Duchemin. “Cela chamboule complètement la chaine logistique et les consommateurs risquent de voir la différence in fine.”
Dans ce contexte, l’entreprise réfléchit sérieusement à relocaliser une partie de la production, de manière durable. “La seule solution est de réduire les imports aux seuls produits les plus petits. La relocalisation de la production des peluches de grande taille est en cours en finalisation. Les salons professionnels qui démarrent devraient nous permettre de valider l’idée”, détaille le dirigeant qui a déjà identifié des industriels pour relocaliser la production des peluches géantes, dans la Sarthe.
En attendant, Pioupiou et Merveilles a lancé sa dernière collection de peluches sur le thème du monde marin, Aqu’Amis, avec Anatole l’axolotl, Suzie la méduse ou Lotus l’octopus.
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