“Je viens ici parce que je n’ai pas assez de ressources. C’est déjà un peu difficile en temps normal mais avec le Covid, ce n’est plus possible. J’ai cherché du travail partout mais il n’y en a pas beaucoup. Il y a le baby-sitting mai s les gens ont peur de confier leur enfant à un étranger“, confie Amine, étudiant en Master 1 de Biométrie à Paris 12. Ce lundi midi, le syndicat Unef de l’Upec (Université Paris Est Créteil) organisait une distribution alimentaire au campus central avec des associations de solidarité.
A quelques mètres des pelouses où les étudiants sont venus pique-niquer au soleil, le bâtiment P s’est rempli de fruits et légumes, conserves, produits d’hygiène, plats préparés et gâteaux mitonnés par l’association Vos gâteaux, une chaîne de solidarité qui s’est constituée au début de la crise sanitaire pour apporter des gâteaux au personnel soignant. L’association cachanaise Jeunesse retrouvée a aussi prêté main forte.
“La demande est en forte hausse. Pendant la dernière distribution organisée il y a deux, trois semaines, une cinquantaine d’étudiants étaient là. Aujourd’hui on a 150 inscrits. Et on va sûrement donner aussi à certains qui ne sont pas inscrits. On ne peut pas étudier le ventre vide, motive le président de l’Unef Upec, Adam Abdramane. Nous accueillons des étudiants venus de différentes universités parisiennes, qui sont en grande difficulté en raison de la crise sanitaire. Ce sont des jeunes qui habitent souvent seuls, boursiers ou non, mais que les parents ne peuvent pas aider. Certains ont perdu leur job étudiant ou peinent à en trouver un.”
“Une fois qu’il est 16h, je peux bien attendre encore deux heures pour manger”
Pour Amine, ce n’est pas la première distribution alimentaire. “Cela m’a beaucoup aidé parce que la plupart du temps, j’essaie de sauter des repas, d’économiser en attendant un peu. Une fois qu’il est 16h, je peux bien attendre encore deux heures pour manger.” Son budget nourriture : 2,3 euros par jour, pour les trois repas. “J’essaie d’acheter des conserves, des pâtes et de cuisiner les restes pendant plusieurs jours. Mes parents vivent en Algérie et ne peuvent pas m’envoyer de l’argent, ils n’en ont déjà pas beaucoup.” Ce qui le fait tenir, l’intérêt des cours. “Mon but est de finir ce master et d’avoir mon métier.”
Deux étudiantes passent en coup de vent récupérer leurs paniers, avant de rejoindre en courant leur cours d’économie qu’elles ne veulent pas rater. Manel, elle rentre chez elle pour suivre son cours à distance. “J’habite loin de la faculté, j’espère que je vais arriver à l’heure. Mais c’était important pour moi de venir chercher ce panier, je n’ai vraiment plus grand chose.” Elle a perdu son “job étudiant” cette année et raconte sa galère. “Gérer les cours, les problèmes d’argent, le stress et l’angoisse de la vie étudiante, j’ai du mal, confie-t-elle. Parfois c’est dur d’aller en cours, je sèche pas mal. Sur zoom, c’est très facile de ne pas écouter ou de ne pas se connecter. Les profs ne disent rien.”
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