Depuis le 5 juillet, des bassins mobiles accueillent des enfants à Clichy-sous-Bois et à Villetaneuse. Avec son opération “Savoir nager”, le comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 veut permettre à 2 000 enfants de la Seine-Saint-Denis, département qui accueillera les épreuves de natation mais qui est sous-doté en piscines, d’acquérir au moins l’aisance aquatique.
Chanceuse, Ima, 7 ans, s’essaye au plongeon avec seulement trois autres camarades qui se partagent le bassin installé au stade Dian, à Villetaneuse. “Pour elle, c’est la première fois avec un maître-nageur, confie son père, Hamid. Elle a l’habitude de la piscine, mais là c’est du sérieux, c’est pour apprendre.” Comme d’autres habitants de la commune, il déplore la fermeture de la piscine Jacques-Duclos depuis 2015.
Pour les quatre enfants venus ce mercredi, c’est presque que comme un cours particulier. “Si vous étiez venus hier, s’exclame la maman d’Ismaël et Yousra, âgés respectivement de 10 et 7 ans, vous auriez vu beaucoup plus de nageurs.” En effet, un centre de loisir participait aussi à cette séquence de séances. “Il y a dû y avoir une sortie“, en conclut-elle. Concernant l’expérience de ses enfants, elle se dit pleinement satisfaite: “Je peux vraiment juger des progrès qu’ils font: ma fille n’a jamais eu peur de l’eau, mais mon fils qui était plus craintif, semble maintenant complètement à l’aise. C’est important qu’ils sachent nager, c’est comme apprendre à faire du vélo ou à conduire en voiture.” Pour eux, le dernier cours aura lieu vendredi.
10 séances de 45 minutes
Au bord du bassin, Benjamin, l’un des deux maîtres-nageurs qui s’occupent du groupe, indique les exercices à faire: “Vous essayer de faire l’aller et le retour sur la largeur.” Un peu plus tard, il lance des anneaux de couleurs qui coulent au fond du bassin: “Essayez maintenant de nager tout en les comptant !“
Chaque nageur à droit à 10 séances de 45 minutes. Deux tranches d’âge ont été défini: 4-6 ans et 7-12 ans. “L’objectif est d’apprendre aux enfants “les premiers gestes qui vont les sauver en privilégiant une approche différenciée“, indique Benjamin. Pour réussir le test d’aisance aquatique, il faut par exemple savoir flotter sur dos pendant 5 secondes ou encore nager sur le ventre sur 20 mètres.
Pour les plus âgés et les plus aguerris, c’est le test du sauv’nage de l’école de natation française qui est proposé. Plus difficile, il s’agit de nager sur parcours de 50 mètres, sans appuis ni lunettes, comprenant plusieurs exercices de flottaison, de sustention et d’immersion. “En général les enfants arrivent bien à faire chaque exercice séparément mais pas à la enchainer, considère Benjamin. Pour l’instant, je dirai qu’il y en a trois qui y parviennent.”
Maitre-nageur depuis 8 ans, il fait d’ailleurs ce constat : “les enfants sont de plus en plus sédentaires, ce qui ne s’est pas arrangé avec la crise sanitaire. Au bout trois ou quatre demi-longueurs on sent déjà la fatigue, ce qui n’était pas le cas il y a deux ans.” Un constat qui rend d’autant plus nécessaire l’enjeu sécuritaire de l’apprentissage: “Nous insistons beaucoup sur l’importance que les enfants soient toujours sous la surveillance d’un tuteur lorsqu’il vont nager. Un enfant peut se fatiguer rapidement.”
Un enfant sur deux ne sait pas nager
Lancé le 5 juillet à Clichy-sous-Bois et à Villetaneuse, “Savoir nager” s’y achèvera le 28 août. Un autre bassin a ouvert le 19 juillet à Bagnolet et un autre sera installé à Sevran le 2 août. Dans ces deux villes, le dispositif s’achèvera le 29 août.
“Les jeux olympiques Paris 2024 laisseront des bassins en héritage, explique Marie Barsacq, directrice impact et héritage de Paris 2024. C’est très bien, mais on s’est demandé comment on pouvait contribuer à apprendre à nager aux enfants dans un département où un sur deux ne sait pas nager quand il rentre au collège” (contre un sur six en France).
Avec “Savoir nager”, Paris 2024 a voulu couvrir l’ensemble du territoire. Au sein de chacun des quatre établissements publics territoriaux que compte la Seine-Saint-Denis (Plaine commune, Est ensemble, Paris terres d’envol et Grand Paris Grand Est), les villes ont pu candidater pour accueillir l’un des quatre bassins éphémères prévus. Gratuit pour les enfants, le dispositif est financé à parts égales avec l’Agence nationale du sport et la Fédération française de natation. Des créneaux sont également réservés pour les adolescents, les adultes et les personnes handicapées.
“C’est une première année test pour étudier comment faire grandir ce projet et pourquoi pas l’étendre à d’autres villes dans d’autres départements du pays“, s’enthousiasme Marie Barsacq.
Pour Benjamin l’expérience est déjà concluante. “Depuis l’ouverture du bassin, je compte une moyenne de 80% de participation des enfants inscrits, ce qui veut dire qu’il y a une réelle demande“, signale-t-il. D’ailleurs, au-delà de l’apprentissage, l’idée est que les enfants reprennent goût pour le sport et s’orientent vers une pratique plus durable, en club par exemple. Dans le cas de la natation, cet objectif risque de se heurter pour un moment encore au manque de piscines en Seine-Saint-Denis. Avec seulement 36 bassins pour ses 1,5 millions d’habitants, le département est le moins bien doté à l’échelle nationale.
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