Remplacer les emballages des marchandises alimentaires par des bacs réutilisables, tel est le projet de Pandobac, entreprise basée à Rungis. Une solution qui se veut à la fois écologique et économique. Rencontre avec Anaïs Ryterband, co-fondatrice de l’entreprise.
A l’origine de ce projet, un constat et la rencontre de trois personnes, Anaïs Ryterband, Shu Zhang et Roch Feuillade. “Tout part d’un constat de Shu : elle travaillait dans un restaurant à Paris et a remarqué que les livraisons quotidennes de marchandises alimentaires produisaient une quantité énorme de déchets. Le polystyrène, le carton, les cagettes s’entassent et encombrent les poubelles. En plus, les déchets ne sont pas triés et ils finissent tous incinérés.” Aujourd’hui, 3 000 000 emballages alimentaires sont jetés chaque jour. “Tout ça coûte très cher, notamment à cause des amendes pour les poubelles qui débordent. Shu en a parlé autour d’elle et s’est rendue compte que c’était un problème commun à tous les restaurateurs. On s’est rencontré par un ami en commun, et avec Roch, un de ses amis de Centrale, on a créé Pandobac en 2018“, raconte Anaïs Ryterband. “Supprimer les emballages alimentaires, c’est quelque chose qui peut avoir un impact bénéfique. On a remarqué que ce sont toujours les mêmes fournisseurs qui livrent les marchandises. On a décidé d’aller s’installer à Rungis, car c’est là que sont les trois quarts des fournisseurs de restaurant. On leur propose alors des solutions pas jetables, on loue des bacs réutilisables.”, explique-t-elle.
Location, suivi et lavage
“Pandobac propose trois offres : la location, le suivi et le lavage. On loue des bacs aux grossistes, qui les livrent aux restaurants. Les restaurants stockent les bacs et les rendent aux grossistes, qui les ramènent à Rungis, et nous les lavons. On essaie d’optimiser les camions vides, et de limiter les transports. On les remet ensuite en circulation. Nous essayons d’avoir une logique à la fois économique et écologique. Par exemple, à Rungis, on utilise un vélo-tire-palettes.“, détaille la co-fondatrice. “Ces bacs n’ont pas la même performance thermique que les emballages traditionnels,” concède la créatrice, “mais comme ils sont utilisés localement, pour une durée limitée, cela ne pose pas de problème.” Une question se pose, ces bacs sont en plastique, n’y t’il pas de matériau plus écologique que le plastique ? La co-fondatrice fait la distinction entre le plastique à usage unique et le plastique réutilisable. Et c’est ce second plastique facilement lavable à haute température et recyclable.
Depuis Rungis, Pandobac couvre toute l’Ile-de-France, deux antennes ont ouvert en Bretagne et dans la région lyonnaise. “On valorise l’implantation locale“, rappelle Anaïs Ryterband. Pandobac, qui emploie une dizaine de personnes, travaille aujourd’hui avec plus d’une vingtaine de fournisseurs, et plus de cent restaurants reçoivent les bacs.
“S’adapter au covid“
“Avec la situation sanitaire, le nombre de bacs a baissé, on a du se diversifier. On propose désormais une offre de conseil. On s’adresse aux collectivités et aux entreprises, on travaille au réemploi : c’est à dire remplacer les emballages par des choses réutilisables. On propose des études de faisabilité, on supervise des opérations, on réfléchit ensemble à des visas. On travaille avec toutes sortes d’entreprises, ça va de Yves Rocher, au restaurant de sushis. On travaille aussi avec les collectivités scolaires, les nouvelles lois AGEC et EGalim ont repensé la façon de se nourrir dans les écoles. Passer aux emballages réutilisables, ce n’est pas évident, il faut revoir toute la logistique, c’est là que nous intervenons.”, explique-t-elle. L’entreprise continue à fonctionner au mieux, malgré les difficultés de la période. “La saison des salons approche, on se prépare pour ça, on s’en sort plutôt pas mal !“, remarque la créatrice.
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