Après 200 jours de fermeture, les bars et les restaurants ont pu rouvrir leurs terrasses mercredi 19 mai. Si de grosses averses ont parfois perturbé ces retrouvailles, clients comme restaurateurs de Pantin (Seine-Saint-Denis) ont vécu ce premier jour de déconfinement comme une grande bouffée d’air.
C’est la vie qui reprend ! », s’exclame Margot, 36 ans, ravie de s’installer vers midi sur la petite terrasse du Gévaudan. « D’habitude mes deux enfants vont au centre de loisir mais là j’ai décidé qu’on allait profiter de la réouverture tous ensemble », explique-t-elle en jetant un coup d’œil au menu que vient de poser un serveur sur une chaise face à elle. « Un burger ! », réclame son fils, tandis que Margot commandera « une frite » accompagné d’un verre de rosé. « C’est une belle journée, ajoute-t-elle. En plus ce soir je vais au théâtre. »
Retour à la vie sociale
Comme elle, de nombreux Pantinois attendaient ce premier jour de déconfinement avec impatience. Toujours à la terrasse du Gévaudan, Constance finit de boire un café avec une collègue avocate. « Ces long mois ont été difficiles à vivre, raconte-t-elle. J’allais au café au moins une fois par jour. Ce sont des lieux de rencontre où l’on y voit de nouvelles têtes. »
Pour les salariés, cette réouverture est aussi synonyme de changement. Olivier attend deux collègues au restaurant Food and Truck en savourant une bière accompagnée de cacahouètes. « C’est la première depuis six mois, confie-t-il. Il se trouve que je viens de me faire vacciner et j’ai vu la terrasse ouverte. Alors j’ai improvisé un petit apéro pour marquer le coup et reprendre les habitudes qu’on avait d’aller de temps en temps se retrouver ensemble à l’extérieur. »
Au restaurant la Java, c’est une équipe d’une quinzaine de personnes qui s’est attablée. « Ça fait deux semaines qu’on a réservé, explique l’une d’entre elles. C’est super de pouvoir se retrouver parce que dans la cuisine du bureau c’était impossible de manger tous ensemble à cause des règles de distanciation sociale. » Malheureusement une grosse averse écourtera ces retrouvailles. Abou et Ali, qui travaillent dans la livraison, ont pu, quant à eux, finir de déguster leur repas au sec, sous les parasols. « On se régale, c’est bien plus agréable que la vente à emporter ou le sandwich et ça permet de sortir », assurent-ils.
Fin d’un cauchemar
Pour les restaurateurs, l’optimisme prédomine. Mourad, le patron du Gévaudan, considère que « c’est la fin d’un cauchemar ». Devant sa terrasse qui se remplit petit à petit, il confirme que les aides de l’Etat lui permettent de tenir le coup. « Mais maintenant je veux tourner la page de la crise sanitaire. J’attends la prochaine étape, le 9 juin, pour rouvrir mon service en salle.»
Pour l’heure, avec les restrictions imposées, c’est-à-dire un service uniquement à l’extérieur et une jauge de 50% sauf pour les terrasses de moins de 10 tables (pour lesquelles une séparation est conseillée entre les tables), il devra se contenter d’un petit tiers de sa capacité d’accueil. Même constat à l’Eau du canal, situé à deux pas de la mairie, où Omar se félicite d’accueillir à nouveau ses clients. « Il y a beaucoup d’habitués. Mais, en temps normal, je sers entre 100 et 130 couverts. »
Au Food and Truck, Gaci, le propriétaire, pointe une autre facette des traces que laisse cette crise sanitaire pour les restaurateurs : la difficulté à trouver du personnel. « J’ai deux employés qui ne veulent plus venir travailler. Ils disent que c’est trop difficile. » Stéphanie, une voisine qui vient de s’installer avec sa fille à l’une de ses tables, était elle aussi du métier : « Avec le confinement, je me suis recentrée sur ma famille et j’ai décidé de changer de voie, révèle-t-elle. Mais en venant profiter d’un moment ici je veux aussi marquer mon soutien aux restaurateurs pour qui cette crise a été très dure. »
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