Terrasse avec vue sur le Louvre et le Sacré-Coeur: il s’agit bien d’un… logement social. Au-dessus de La Samaritaine, grand magasin appartenant au numéro un mondial du luxe LVMH, la ville de Paris a inauguré mercredi 96 logements à loyer modéré.
“Quand j’ai visité la première fois, j’ai pleuré”, confie Catherine Cortinovis, assistante de direction à la retraite qui accueille pour l’événement élus et journalistes dans son studio de 31 m2 aux grandes baies vitrées, en plein coeur du Ier arrondissement.
Elle paie 700 euros de loyer, charges et chauffage compris. “Sans le logement social, je ne pourrais jamais me payer un tel appartement”, poursuit-elle.
Dans le privé, elle paierait plus de 1 000 euros hors charges pour un logement de cette taille, le loyer médian se situant dans le quartier autour de 33 euros du mètre carré, selon l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne.
L’illustre mais vétuste Samaritaine, entre la rue de Rivoli et la Seine, avait fermé en 2005 pour engager une titanesque rénovation. Après les travaux, la surface dédiée au magasin est passée de 30 000 à 20 000 mètres carrés; le reste a été attribué aux logements, à une crèche et des bureaux.
Le grand magasin flambant neuf avait été inauguré en juin, en présence du président de la République Emmanuel Macron et du PDG de LVMH, le milliardaire Bernard Arnault.
Le bâtiment aux structures métalliques compte désormais au-dessus des boutiques de luxe 24 logements pour des personnes en situation de grande précarité, 48 habitations à loyers modérés (HLM), et 24 logements financés par un prêt locatif social (PLS) pour des personnes qui ne peuvent pas prétendre à la location HLM, mais n’ont pas de revenus suffisants pour se loger dans le privé.
“L’attribution se fait selon le système de cotation”, précise Éric Pliez, maire du XXème arrondissement parisien et président de Paris Habitat, le bailleur social. Le système, rendu obligatoire partout en France depuis le 1er septembre, consiste à attribuer des points au dossier du demandeur de logement social en fonction de critères comme les revenus ou l’ancienneté de la demande.
Les premiers habitants sont en fait arrivés dès octobre 2020. Environ la moitié des ménages travaillent à Paris, et 21 exercent des métiers dits “essentiels”: enseignant, professionnel de santé, éboueur…
“On a eu une bonne étoile!”, soutient Zina Hadjab, aide-soignante à l’hôpital Saint-Antoine, qui a obtenu son logement de 80 m2 pour elle, son mari et ses deux filles adolescentes au moment du confinement (1 400 euros de loyer charges comprises).
“Ce n’est pas seulement un quartier magnifique, on voulait que ce soit de plus en plus un lieu de vie”, estime Ariel Weil, maire de Paris Centre, qui réunit les quatre premiers arrondissements de la capitale.
Dans la rue, qui compte une école en plus de la nouvelle crèche, “ce sont les enfants qui ont la priorité”, assure-t-il, en vantant l’installation d’une petite barrière, qui ferme l’accès aux voitures au moment de la sortie des enfants.
“Cette opération nous donne envie d’en faire encore beaucoup d’autres”, a déclaré Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris en charge du Logement.
À Paris, les logements sociaux de La Samaritaine ne sont pas les seuls à être établis dans un cadre luxueux. On en trouve aussi près du Palais Royal, ou encore à deux pas des Champs-Élysées. Un objectif est mis en avant: créer de la mixité sociale. Ces projets permettent aussi de rénover des bâtiments existants, plutôt que d’en construire de nouveaux en périphérie.
par Coline DACLIN
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