Circulation routière | Ile-de-France | 31/05/2021
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Paris: la fermeture aux voitures des voies sur berge pollue les banlieusards

Paris: la fermeture aux voitures des voies sur berge pollue les banlieusards

Déplacement de la pollution vers plus d’habitants et de la congestion automobile sur le périph sud… une étude de l’Institut des Politiques publiques questionne la fermeture des voies sur berge à Paris.

L’institut d’évaluation quantitative des politiques publiques, piloté par l’école d’économie de Paris(PSE) et le Groupe des Écoles Nationales d’Économie et Statistique (Genes), pointe dans son étude, intitulée “Des centres plus verts, des banlieues plus grises?”, la tendance des métropoles à réduire les voies de circulation automobile dans leur centre et les controverses que ces décisions suscitent car elles “ne s’attaquent pas à la dépendance profonde des villes à l’égard du transport automobile privé”.

Concernant Paris, c’est à la rentrée 2016, à l’issue de la fermeture estivale des voies sur berge pour les festivités de Paris Plage, que la capitale a décidé de fermer définitivement la voie Georges Pompidou sur 3,3 km rive droite, au niveau le plus central, le long des îles Saint-Louis et de la Cité. A l’époque, la décision avait suscité la bronca des maires de banlieue, inquiets d’un embouteillage en amont des portes de la capitale.

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Cinq ans après, l’étude fait trois constats, qui témoignent d’un report de la circulation et donc de la pollution. Le premier est que “la fermeture de la voie sur berges a conduit à une hausse de la congestion de 15 % sur les voies Ouest-Est du périphérique sud, soit 2 minutes supplémentaires pour un trajet de 10 km”, le second est que “du fait de plus fortes densités de population autour du périphérique, la population résidente potentiellement affectée par une dégradation de l’air est environ deux fois plus importante que la population résidente ayant bénéficié de cette fermeture” et le troisième que “ces effets de court terme interrogent sur la dépendance à l’automobile de l’agglomération parisienne et sur le niveau de gouvernance adéquat des politiques environnementales.”

Pour comparer les situations de temps de trafic, l’étude s’est focalisée sur la circulation sur le boulevard périphérique, dans le même sens que l’ex voie sur berge. “On peut distinguer deux groupes de perdants : les “perdants directs”, qui utilisaient la voie Georges Pompidou avant septembre 2016 et qui ont été contraints à changer d’itinéraire, et les “perdants indirects”, qui utilisaient déjà le périphérique sud avant la fermeture de la voie et sont affectés par la dégradation des conditions de circulation”, pointe l’étude qui estime que les perdants directs ont subi une augmentation de six minutes de la durée de leur trajet tandis que les perdants indirects ont perdu deux minutes.

Concernant la pollution, l’étude se base sur des données d’Airparif. Elle en déduit une corrélation positive au centre ouest de Paris et une négative sur les quais hauts directement au-dessus des anciennes voies automobiles, et sur le périphérique sud. En termes de population, l’étude chiffre à 22 000 les habitants bénéficiaires à 54 700 ceux qui sont exposés à une “potentielle dégradation de la qualité de l’air”.

Carte réalisée par l’Institut des politiques publiques (IPP) avec les données de Airparif

Du côté des solutions alternatives à la fermeture de circulation, l’étude suggère “les péages urbains, susceptibles de s’ajuster en temps réel à la situation du trafic”, ou encore la modulation de l’espace comme l’expérience en cours de voie réservée aux voitures transportant plusieurs passager sur le périphérique intérieur.

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