Ce vendredi 8 septembre, Patrick, « une pointure du droit social » comparaissait devant le tribunal de Paris suite à trois accusations de «voyeurisme par personne abusant de son autorité ». Après plus de 8 heures de débats, le procès a finalement été renvoyé. Compte-rendu.
13h30, début de la séance. Le président souligne qu’il a « à cœur de commencer à l’heure » car «un gros dossier risque de nous prendre du temps.» Pour cette raison, 4 dossiers audiencés ce vendredi sont renvoyés.
Alors que l’affaire concerne un prestigieux cabinet d’avocats, cette inversion des rôles crée une ambiance particulière dans le tribunal. Entre l’accusé, les plaignantes, les témoins, une partie du public, et, bien sûr, les avocats de la partie civile et ceux de la défense, la chambre 10-2 du tribunal correctionnel a rarement été si remplie d’avocats. De quoi augurer de longues joutes oratoires. D’autant que, après une première audience le 23 septembre, l’accusé a obtenu le renvoi afin de s’entourer de six témoins. «La grande problématique va être de ne pas se répéter afin de pouvoir avancer», anticipe le président en début de séance.
Filmer sous les jupes
Trois jeunes femmes attaquent l’avocat quinquagénaire pour «voyeurisme par personne abusant de l’autorité» pour des faits présumés en mars et août 2014 et août 2019. La procédure décrite est toujours la même: l’ancien associé au cabinet demande aux plaignantes de faire usage de son ordinateur de bureau, puis, profitant de la diversion, prendrait une photo, voire une vidéo dans le cas le plus récent, sous leur jupe. Rym, stagiaire au moment des faits présumés de 2019, est à l’origine du procès. Elle sera soutenue par Alice et Élodie, deux anciennes collaboratrices.
Alice est la première à prendre la parole. En sanglot et la gorge serrée, elle explique comment Patrick s’y est pris pour obtenir la photographie. Plus assurée, Élodie narre la même histoire en affirmant qu’elle « recherche avant tout la vérité ». Si les deux premières membres de la partie civile, dont les faits présumés datent de 2014, n’ont que vu le téléphone, ainsi qu’un flash, Rym estime avoir entendu le bruit significatif de début et de fin de la vidéo de la caméra Iphone. Cette dernière, la plus jeune jeune membre de la partie civile, assure « Je suis de la génération Z, je ne me trompe pas là-dessus ».
«C’est faux !», répète Patrick à chacune des accusations, prenant la parole et oubliant par moment que sa défense est déjà assurée par Me Jacqueline Laffont et Me Christian Charrière-Bournazel, au point que le président lui rappelle qu’il n’est « pas là en qualité d’avocat ».
Patrick résume le témoignage d’Alice à un simple mensonge destiné à le nuire. La rumeur tournant au sein du cabinet aurait alors influencé le jugement des autres membres de la partie civile, qui se seraient laissée aller à l’auto-conviction. Il estime qu’il s’agit d’un complot pour l’évincer de son poste, des tensions existant entre l’autre pôle de droit social.
À la barre, ses six témoins, collaborateurs passés ou présents, reconnaissent à Patrick un côté séducteur mais affirment n’avoir «jamais constaté de comportement déplacé ou incongru» de sa part de l’avocat.
Des témoignages externes soulignent pour leur part que le cabinet n’avait aucun intérêt à voir partir Patrick « qui rapportait beaucoup d’argent au cabinet », d’autant que les plaignantes « ont tout à perdre de s’attaquer à un avocat renommé » au début de leur carrière.
En plus des témoignages allant dans le sens des plaignantes, le dossier fait aussi mention d’une photo « présentant un décolleté d’une collaboratrice » découverte par un informaticien. Patrick, lui, nie les faits. Concernant la vidéo filmée sur Iphone, le président souligne que le son annonçant le début et la fin d’un enregistrement ne peut se confondre avec la notification d’un mail, version défendue par l’avocat. Alors que l’évaluation du téléphone de Patrick ne relève la trace d’aucun effacement de photos ou de vidéos, le président rappelle les différentes sauvegardes de l’ICloud, et indique que le choix de la « mauvaise sauvegarde » explique peut-être l’absence de photos. Le ton commence à monter, la défense sollicite un supplément d’information sur la problématique de suppression de photos ou de vidéos.
Nouvelles expertises techniques et psychologiques
Une demande acceptée vers 22h. En plus de l’expertise sur l’effacement de documents photos ou vidéos, la chambre réclame une nouvelle expertise psychologique de Patrick, la première étant jugée trop lacunaire. Les plaignantes devront aussi faire une expertise psychologique.
Le procès reprendra « là où il s’était arrêté » le 1er juillet 2021 à 13h30. L’avocat encourt jusqu’à un an d’emprisonnement.
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