Quelque 200 manifestants marchaient à Paris vendredi après-midi pour dénoncer notamment un “piège d’état” lors de l’opération de mise à l’abri de migrants samedi dernier, à l’issue de laquelle plusieurs sans-papiers ont été placés en rétention par la police.
Le cortège, constitué de migrants et de leurs soutiens à l’appel du “Collectif réquisitions”, est parti de la Tour Eiffel, a constaté un journaliste de l’AFP, avant de rejoindre la préfecture de région (XVe arr.), où un campement de 1 200 exilés s’était formé le 1er septembre avant d’être démantelé samedi.
Lors de l’opération pilotée, fait rare, directement par le ministère de l’Intérieur, environ 670 sans-abris ont été transférés en bus vers des centres en province.
“A l’arrivée des bus, le piège planifié s’est refermé: la police les attendait, pour contrôler les identités (…) et surtout arrêter les personnes sans papiers, pour leur délivrer des OQTF”, obligation de quitter le territoire français, ont dénoncé les associations Utopia56, Solidarité migrants Wilson ou encore DAL (Droit au logement), membres du collectif à l’origine du camp informel.
Une dizaine de personnes ont été envoyées en Centres de rétention administrative (CRA), en vue d’une expulsion.
Un “piège d’état”, condamne le collectif, fustigeant une “opération de basse police contre des personnes sans abri qui font valoir leur droit inconditionnel à un hébergement”.
“L’inconditionnalité de l’accueil ne veut pas dire inconditionnalité du droit au séjour. Chacun est dans son rôle (…) l’État doit orienter les personnes vers les dispositifs qui ont vocation à les accueillir”, et “avant d’aiguiller les gens vers leur mise à l’abri, il est de notre devoir de vérifier qui ils sont”, a répondu à l’AFP le ministère de l’Intérieur, soulignant que l’Etat héberge “chaque soir, 150 000 personnes rien qu’en Ile-de-France”.
Parmi les personnes placées en CRA, certaines ont été libérées.
Ainsi, une juge des libertés et de la détention de Lille a mis fin à la rétention d’un Ivoirien de 29 ans qui avait été interpellé sur le parking d’un hôtel à Arques (Pas-de-Calais).
Elle a conclu à un contrôle “déloyal”. “L’intéressé a été conduit pour un motif humanitaire sur un lieu où se trouvaient des policiers munis de réquisitions prises opportunément le jour précédent l’évacuation du camp parisien” et qui ont été “détournées de leur objet”, écrit-elle dans l’ordonnance datée de mardi, consultée par l’AFP.
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