Réplique miniature rive gauche du Grand Palais fermé pour travaux, le musée éphémère dessiné par Jean-Michel Wilmotte a pris place sur la pelouse du Champ de Mars, prêt à accueillir foires et expositions et épreuves de lutte et de judo des Jeux olympiques.
Tout près de l’Ecole militaire et dans la perspective de la Tour Eiffel, ce grand palais en bois d’épicéa a repris la forme en croix du musée de la rive droite mais s’exprime sur 10 000 m2. Inauguré le 12 juin, il tiendra son rang durant trois ans, le temps prévu pour la rénovation.
Sa nef provisoire accueillera la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), les défilés Chanel, le Saut Hermès (sauts d’obstacles) et autres évènements de prestige.
Couvert d’une toile transparente en polymère, le Grand Palais éphémère, “est comme un ovni qui aurait atterri sur le Champ de Mars. C’est de l’architecture aérienne”, résume le président de la Réunion des musées nationaux (RMN)-Grand Palais, Chris Dercon.
“En août dernier on pouvait encore jouer aux boules ici“, rappelle Jean-Michel Wilmotte. Après plusieurs mois de travaux préparatoires, 44 arches monumentales ont pu être assemblées sur place en trois mois.
L’entrée se fait par un hall en vitres où se reflète la façade de l’Ecole militaire et qui englobe la statue rénovée du maréchal Joffre. Puis s’ouvre une nef au sol en bitume, à la voûte bleu nuit. Aucun poteau ne rompt l’espace de 51 m de largeur et 33 m de profondeur.
Au dessus, six couches d’isolation phonique forment un coussin acoustique.
La surface d’exposition est de 9 900 m2. Chaque année une structure additionnelle légère s’ajoutera pour offrir à la FIAC et à Paris Photo jusqu’à 18 000 m2. La jauge sera de 9 000 visiteurs maximum.
8000 spectateurs attendus pour les épreuves de lutte et de judo en 2024
Le comité d’organisation des JO “Paris 2024” a prévu d’y installer des tribunes à partir de juillet 2023 pour accueillir l’année suivante 8 000 spectateurs pour les épreuves de lutte et de judo.
Mais un temps de cohabitation entre l’organisation des JO et les évènements organisés par le Grand Palais est envisagé.
“On est en train de voir dans quelles conditions nous pourrions rester jusqu’au printemps 2024, échéance à laquelle on s’est engagé à rouvrir le Grand Palais”, explique Emmanuel Marcovitch, directeur général délégué de la RMN.
“Ici, la nuit, les arbres, les bâtiments, la Tour Eiffel illuminée rentrent par les baies vitrées. C’est presque comme un palais de vampires!”, Chris Dercon se félicite de ce “dialogue avec tout ce qui se passe autour” et aussi “avec tout le passé” de deux siècles de foires industrielles dans ce lieu.
Pour sa grande baie vitrée au nord, Wilmotte a choisi la même courbure que l’arrondi sous la Tour Eiffel. Et “la lumière fait la jonction entre Trocadéro, Tour Eiffel, Ecole Militaire. On n’a pas cassé la perspective”, souligne-t-il.
Le jeu des reflets superpose même de manière nouvelle et étonnante la Tour Eiffel et l’Ecole Militaire.
Un Grand Palais écolo
Jean-Michel Wilmotte défend un projet “écoresponsable”: “L’épicéa est un bois d’élevage. Dans l’ensemble de la forêt européenne, ce chantier correspond à une heure et demie de pousse, c’est très symbolique!”.
Le polymère est de source minérale, générant 90% d’énergie en moins dans la fabrication par rapport au verre, et entièrement recyclacle. L’électricité fournie est garantie d’origine 100% renouvelable.
En septembre 2024, le démontage commencera. “Le bâtiment a été fait pour être vendu par morceaux”, explique l’architecte. Cinq morceaux principaux qui pourront être réutilisées, reconstruits ailleurs. Des SMS de propositions arrivent déjà à l’architecte.
Le coût du chantier, confié à GL Events : 40 millions d’euros. Un montant qui sera couvert, assure-t-on, par les revenus de location perçus par la Rmn-Grand Palais et les apports du Comité d’Organisation “Paris 2024”.
par Jean-Louis DE LA VAISSIERE
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