Depuis plusieurs années, des populations de ragondins élisent domicile au lac de Grand-Val à Sucy-en-Brie. La municipalité fait appel à des piégeurs pour réguler leur nombre jugé trop important par rapport à la taille du plan d’eau. Opposition et défenseurs de l’environnement dénoncent une “extermination” basée sur des “mensonges”. La ville explique pourquoi elle ne peut procéder autrement.
Bâti sur le domaine du château de Grand-Val durant l’entre-deux-guerres, le quartier éponyme bénéficie toujours aujourd’hui de vastes espaces arborés autour desquels serpente le Morbras, petit affluent de la Marne. Cet espace naturel fait office de refuge pour de nombreuse espèces animales et florales. Autour du lac de Grand-Val, s’installent notamment des ragondins, ces gros rongeurs parfois confondus avec les castors. Bien à leur aise, ces derniers se multiplient et la municipalité a fait appel à des sociétés pour réguler leur population.
Pendant ces vacances scolaires, des cages destinées à piéger les animaux ont ainsi été disposées sur un îlot et sur certaines parties des berges. Depuis, des traces de sang ont été retrouvées, semblant indiquer que les ragondins ont été blessés sinon tués. Des témoins racontent que les piégeurs ont abattu les bêtes sur place à la carabine. Des familiers du lac qui venaient s’y promener exprès pour voir les ragondins ont exprimé leur peine et leur colère sur les réseaux sociaux. Et le groupe d’opposition Sucy en Mouvement, présidé par Vincent Giacobbi, a relayé cette protestation, photos à l’appui.
«Des ragondins bébés et adultes ont été exterminés. Des pièges ont été installés par deux hommes qui, une fois les animaux attrapés, ont tendu une bâche et ont tué de sang-froid au fusil ces animaux devant les habitants du quartier traumatisés. La maire s’était pourtant engagée, été 2020, à étudier la stérilisation après la première vague d’indignation. En conscience, nous ne pouvons accepter de telles pratiques sur le fond comme sur la forme : barbares et mensongères. Nous n’insisterons pas sur la forme qui consiste à le faire à chaque fois pendant les vacances scolaires, pensant que personne ne sera présent. L’appel des habitants de notre ville bien-aimée est méprisé. Sur le fond cela donne à réfléchir : Comment aujourd’hui pouvons-nous traiter des animaux de la sorte ? En termes de respect écologique, de notre environnement, des animaux, cela interpelle. C’est le triste visage cynique de cette majorité qui doit vous appeler à reconsidérer les choses tant sur la symbolique que sur les valeurs véhiculées», réagit le groupe.
La municipalité explique ne pas avoir d’autre solution
«Tout a été tenté en amont par la ville pour trouver des solutions alternatives, dont la stérilisation. Mais les ragondins étant classés par arrêté ministériel comme “animal susceptible de causer des dégâts”, la législation à leur sujet est très contraignante. Les services de l’État à travers la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie ont confirmé “l’interdiction de prélever des ragondins pour les stériliser” à l’appui de deux arrêtés du Ministère de l’Environnement pris en 2015 et 2016 qui stipulent qu’aucune opération de stérilisation n’est permise, explique-t-on au cabinet de la maire, Marie-Carole Ciuntu (LR). Face au constat opéré par des riverains du lac du Grand-Val et par la mairie sur la prolifération de ragondins et les dégâts occasionnés, en particulier sur le patrimoine arboré, des opérations de régulation doivent être menées sur ces animaux par des piégeurs officiellement agréés par la préfecture du Val-de-Marne. Nourris par certains, les ragondins se sont très largement développés, entraînant la présence d’un très grand nombre d’individus dans un espace relativement restreint et urbanisé où ils n’ont jamais été aussi nombreux. Ces animaux investissent désormais les jardins autour du petit lac et créent de nombreuses galeries souterraines. De plus, les ragondins peuvent transmettre la leptospirose, maladie pouvant être mortelle (notamment via leurs excréments)».
Les espèces invasives sont une des principales menaces pour la biodiversité.
Le Ragondin est une espèce invasive originaire d’Amérique.
Non seulement il n’a rien à voir avec notre faune sauvage, mais il déstabilise nos écosystèmes en concurrençant les espèces indigènes.
Maintenant qu’ils sont naturalisés en Europe, il serait vain de vouloir les exterminer complètement, mais au moins limiter population est une nécessité écologique.
Il en est de même de toutes les autres espèces classées invasives, dont la commercialisation et l’introduction dans la nature sont interdites, comme la perruche à collier, l’écureuil gris, la renouée du Japon, le moustique tigre, l’ambroisie, la Jussie, le crapeau buffle, etc.
https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/61667/tab/statut
Il est réconfortant de savoir qu’il y a autant de spécialistes du ragondin dans le Val-de-Marne !
Qui a déjà testé le pâté de ragondin ?
C’est vrai : l’élevage du ragondin pour la viande pourrait offrir des débouchés économiques à Sucy-en-Brie, et un avenir aux générations futures ! Je propose de réunir une commission d’experts pour discuter de cette opportunité.
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