Devant les inquiétudes suscitées par l’avant-projet de plan de prévention au bruit de l’aéroport d’Orly pour la période 2018-2023, le préfet du Val-de-Marne a annoncé la semaine dernière une révision du texte. Pour l’Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa), qui s’apprête à rendre un avis sur la question, la concertation a cruellement fait défaut et le PPBE manque encore d’ambition.
Devant un parterre d’élus locaux et d’associations représentant les riverains en colère, le préfet du Val-de-Marne a accepté, le 26 janvier dernier, en commission consultative de l’environnement, de revoir le projet de plan de prévention du bruit de l’aéroport d’Orly. «Face aux nombreuses observations et interrogations, il a décidé de ne pas faire voter le projet, de le retirer pour revoir le texte en promettant l’organisation d’une nouvelle réunion», relate un participant.
Cette reculade a fait suite à une mobilisation initiée notamment par le maire de Villeneuve-le-Roi, Didier Gonzales, très remonté contre l’une des points de document pluriannuel, la révision des zones d’expositions aux nuisances aéroportuaires, qu’il considère comme risquant de figer l’urbanisme. Les associations de riverains comme le Drapo protestent également, réclamant plutôt des contraintes plus fortes sur l’aéroport comme l’extension du couvre-feu, plutôt que des contraintes urbanistiques pour les habitants.
Ce lundi, le Conseil départemental du Val-de-Marne, a appuyé la démarche des élus en votant à l’unanimité un vœu pour manifester son opposition à ces extensions et créations de zones dans le futur plan de prévention au bruit dans l’environnement (PPBE) de l’aéroport d’Orly.
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Partie prenante de la commission consultative, l’Acnusa, l’Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, doit également rendre un avis dans les prochains jours sur le projet.
«Ce sont des dossiers compliqués qui demandent du travail en amont auprès des élus et des associations, et en tout état de cause, cela n’a pas été fait. Quand les élus croient ou feignent de croire que le plan de prévention au bruit est un document d’urbanisme, c’est totalement faux. Il s’agit d’un outil qui fixe des objectifs pour 5 ans en vue de calculer l’impact des mesures pour limiter le bruit aéroportuaire. Ensuite, sur les zonages, Orly est le seul aéroport de France à ne pas avoir de zone D. Elle permettrait d’ouvrir un certain nombre de droits (information des locataires et acquéreurs, isolation acoustiques,…). C’est curieux de s’en priver. Enfin, la zone C à Orly demeure inchangée depuis les années 1970 alors qu’à cette époque, il était prévu de faire décoller et atterrir les avions sur une piste nord-sud. Elle constitue donc une servitude sur des terrains où elle n’a pas lieu d’être, et à l’inverse, ne concerne pas des lieux qui sont pourtant exposés à des niveaux acoustiques très élevés», estime Gilles Leblanc, le directeur de cette autorité administrative.
Pour le gendarme des plateformes aéroportuaires, ce nouveau projet doit néanmoins faire l’objet d’un certain nombre de modifications pour être plus ambitieux en matière de limitation des nuisances. Alors que la première mouture du texte prenait comme situation de référence des cartes stratégiques de bruit de 2016, l’Acnusa recommande notamment de s’appuyer sur des documents plus actuels.
L’Autorité déplore par ailleurs l’absence de bilan du plan quinquennal précédent et constate qu’à l’instar du projet précédent, le PPBE 2018-2023 fait également l’impasse sur des outils d’évaluation des mesures proposées. Or, sans résultat chiffré sur l’impact des mesures préconisées, difficile de demander des comptes au gestionnaire de la plateforme. L’Acnusa salue en revanche la volonté de prise en compte des impacts sanitaires pour les populations exposées à des seuils compris entre 55 et 50 db en moyenne LDEN.
«Il nous semble qu’il aurait fallu introduire davantage de mesures visant à réduire le bruit à la source. Quoi qu’il en soit, il n’est pas possible de geler ce texte qui a déjà pris quatre ans de retard pour une ou deux mesures qui ne font pas consensus. Mieux vaut les écarter pour voter le PEB rapidement», ajoute Gilles Leblanc.
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