Inquiétudes liées au contexte sanitaire, crainte de fermeture de classe, incertitudes sur l’accompagnement des élèves handicapés… en cette rentrée 2021, enseignants et parents d’élèves signalent les premiers couacs, prêts à se remobiliser. Une réunion d’ajustement avec les services de l’Education nationale doit se tenir le 7 septembre.
Tout juste mise en service, l’école Germaine Tillon de Chennevières-sur-Marne, flambant neuve, doit déjà pousser les murs. Les seuils de 27 élèves par classe ont été dépassés suite à une fermeture de classe, signalent les enseignants. A peine plus âgé, le groupe scolaire Simone Veil de Vincennes a lui fait sa rentrée avec un rassemblement contre une menace de fermeture de classe. “La menace plane, depuis la veille de notre journée de rentrée, sur la fermeture d’une classe… sur huit !”, s’inquiète la FCPE locale. Dans certains établissements comme au collège Les Closeaux, à L’Haÿ-les-Roses, les mobilisations de la fin de l’année dernière ont également repris.
Pour huiler les rouages de cette organisation qui doit composer avec près de 150 000 élèves du 1er degré, 67 000 collégiens, 46 000 lycéens, et quelque 20 000 enseignants, rien que dans le Val-de-Marne, le comité technique spécial départemental (CTSD) doit se réunir le 7 septembre. Ces derniers jours, l’inspection académique a d’ores et déjà reçu en délégation plusieurs représentants syndicaux, parents d’élèves et élus venus à propos de situations dans leur établissement, notamment les écoles maternelles Barbusse (Arcueil), Kergomard (Vitry-sur-Seine) et élémentaire Tillon (Chennevières-sur-Marne), qui font part de sureffectif. “C’est encore trop tôt pour avoir une vision d’ensemble sur le département et de pouvoir en tirer des conclusions globales mais la désorganisation se fait déjà ressentir. Des élèves vont faire leur rentrée et n’auront d’enseignant pas face à eux. Pour autant, nos collègues remplaçants n’ont pas encore été positionnés sur des établissements. Même chose pour nos collègues contractuels qui bien que mis à disposition de l’éducation nationale, n’ont toujours pas été appelés”, explique Ana Macedo du syndicat CGT Educ’action 94.
“Les dysfonctionnements sont directement liés à la baisse continue de nos moyens, en particulier les fermetures de classes. Rien que dans mon collège de Maisons-Alfort, en zone banale, le passage de 12 à 11 classes a déstabilisé tout l’établissement. Nous avons désormais des classes à 31 élèves, et 7 des 20 enseignants de notre équipe pédagogique n’ont pas les quotités horaires suffisantes et vont devoir aller donner des cours dans d’autres établissements. Face à cette situation, certains enseignants préfèrent renoncer à une partie de leurs heures et de leur rémunération pour ne pas avoir à courir partout. Résultat, il est presque impossible de trouver du personnel pour compléter des blocs de deux à trois heures hebdomadaires. Imaginez ce que cela donne en zone d’éducation prioritaire”, illustre Arnaud Fabre, un enseignant membre du collectif Stylo Rouge.
Concernant les effectifs, le rectorat a présenté ce lundi des chiffres présentant une augmentation du nombre d’enseignants. Voir notre article sur les chiffres de la rentrée 2021. Lors de son point presse de lundi, le recteur, Daniel Auverlot, a par ailleurs insisté sur la budgétisation d’un crédit de 500 heures supplémentaires par lycée et par an pour accompagner les élèves en difficulté. Concernant les remplacements, particulièrement chaotiques l’an dernier, Daniel Auverlot a rappelé les circonstances sanitaires très spécifiques et ajouté qu’il y aurait néanmoins un peu plus de recrutements pour faire face, dans le 1er degré.
Accueil des élèves handicapés
Le 30 août, une quarantaine d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) ont manifesté devant le siège de l’inspection académique. “Aujourd’hui, pas une seule AESH ne sait dans quel établissement elle va travailler ni quels élève elle aura en charge. L’accueil de ces élèves en situation de handicap n’est donc pas assuré en cette rentrée. Ce défaut d’affectation est la conséquence directe de la mise en place des PIAL (Pôle d’inclusion académique localisé), une nouvelle organisation de leur travail qui tend à les mutualiser parce qu’il n’y en a pas suffisamment. L’éducation nationale gère la pénurie au mépris de la vie de ces femmes qui, seulement payées 700 euros par mois, doivent souvent cumuler d’autres petits emplois”, explique Luc Bénizeau (Snudi-FO), directeur d’école élémentaire à Villejuif.
Le chef d’établissement et élu syndical ajoute par ailleurs, en prenant exemple sur sa circonscription, que le fonctionnement des classes pour élèves à besoin particuliers (ULIS, UMA,…) est compromis par la suppression de postes supports tels que les psychologues. “A Villejuif, nous avions l’année dernière 4 psychologues qui intervenaient dans la ville et notamment ses établissements comprenant de telles classes. Cette année, ils ne sont plus que deux. Autant dire que tout le travail de suivi réalisé jusqu’à présent va être détruit”.
De son côté, le recteur de l’Académie de Créteil a défendu ce lundi la création d’un véritable “corps d’accompagnants au handicap” grâce au statut d’AESH, qui a remplacé une organisation qui s’appuyait sur des emplois aidés limités dans le temps. Concernant les personnels de santé, le recteur a partagé la grande difficulté à recruter.
Inquiétudes sanitaires
Le contexte sanitaire, avec la persistance du coronavirus dopé par le très contagieux variant Delta, inquiète également. “Les inquiétudes sont grandes sur la façon dont ce variant va impacter la vie de nos établissements. Malgré cette menace, nous conservons le même protocole qu’à la fin de l’année dernière avec quelques assouplissements en matière de brassage d’élèves. Nous ne pourrons pas contrôler grand chose. Pour pouvoir garder les écoles ouvertes, il faut un niveau de protection adéquat. L’année dernière, le sujet des purificateurs d’air n’était même pas sur la table du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’Académie de Créteil. Aujourd’hui, ils commencent à en parler”, explique Cécile Quinson du Snuipp-FSU 94. Sur le sujet, le recteur a rappelé lors de son point presse que le plus sûr pour s’assurer du renouvellement de l’air était d’ouvrir la fenêtre régulièrement pour aérer, tout en indiquant être prêt à étudier au cas par cas la situation d’établissements où il serait difficile d’ouvrir les fenêtres dans certaines salles.
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