Santé mentale, transition écologique, prévention, sport, activités hors temps scolaire au collège… la troisième mouture du projet éducatif départemental de Seine-Saint-Denis (2022-2027) destiné aux 79 000 collégiens du département se lance de nouveaux défis avec au passage une rallonge budgétaire.
En introduction à la délibération jeudi 18 novembre sur le 3ème projet éducatif départemental (PED), le président du conseil, Stéphane Troussel, n’a pu s’empêcher de lancer une pique au ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. “Le rapport de la défenseure des droits, Claire Hédon, nous alarme sur les questions de santé mentale qui s’est fortement dégradée avec la crise covid et le confinement. Elle y dénonce les addictions aux écrans, le harcèlement et le cyber harcèlement. C’est autant d’éléments qui devraient faire l’objet de l’attention de l’éducation nationale plutôt que les préoccupations et les débats parfois portés par le ministre lui-même sur l’écriture inclusive.“
Comme un écho au récent rapport de la Défenseure des droits sur la santé mentale des jeunes, ce nouveau PED en fait un des axes principaux avec la transition écologique, l’éducation par le sport dans le sillage des JO, la qualité de vie dans les collèges ou encore l’émancipation personnelle par la culture et l’ouverture au monde.
“Il [le PED] donne véritablement corps à l’égalité des chances alors que l’inégalité objective, vécue par les Séquano-dyonisiennes et dyonisiens en terme d’éducation est vécue au quotidien“, souligne Elodie Girardet, conseillère départementale EELV déléguée au projet éducatif. Et de citer des dispositifs déjà bien installés et reconnus au-delà de la Seine-Saint-Denis, tels que “La culture et l’art au collège “, “Odyssée jeunes” pour les voyages scolaires ou ACTE (accompagnement des collégiens temporairement exclus) destiné à lutter contre le décrochage scolaire.
Des activités hors temps scolaire
Le nouveau projet éducatif qui sera mis en œuvre de manière effective à partir de la rentrée 2022 voit son budget annuel passer de 7 à 10 millions d’euros. Au total, ce sont 54 millions d’euros (dont 48 millions d’euros en fonctionnement et 6 millions d’euros en investissement) qui seront consacrés aux collégiens du département, hors budget consacré au pass’sport.
Parmi les nouveautés : l’expérimentation dès 2022 d’une offre d’activité hors temps scolaire (16h30-19h en semaine) pour les collèges affichant les taux d’évitement les plus élevés, afin de favoriser leur attractivité.
Le département veut par ailleurs élargir la démarche de co-éducation à travers l’implication de l’ensemble des référents concernés (parents, association, communes, cité éducative…) par un programme et un soutien renforcé aux équipes éducatives. La méthode privilégiée est la contractualisation avec les collèges qui souhaiteront s’inscrire dans un programme pluriannuel pour approfondir certains enjeux (comme l’éducation artistique et culturelle, l’éducation au développement durable ou encore le sport), en ciblant les territoires prioritaires. Mais il laisse aussi la porte ouverte à une démarche annuelle pour faire face à l’important renouvellement des équipes en Seine-Saint-Denis.
Pour bénéficier des actions, les 130 collèges du département pourront soit répondre aux appels d’offre, soit se référer au guide des actions éducatives.
Agriculture urbaine, vélo, prévention obésité…
Au-delà des dispositifs prévus dans le précédent PED, 42 nouvelles actions sont prévues dont des dispositifs considérés comme structurants tels que: l’agriculture urbaine, 130 pays dans 130 collèges, le programme éco-collège, la sensibilisation au vélo, le déploiement de bus de dépistage santé sur le territoire, prévention de la sédentarité et de l’obésité, un budget participatif des collèges, penser la ville après les JO, la distribution de kits pédagogiques sur la santé sexuelle, l’inclusion des élèves en situation de handicap avec des projets comme Handeo, la santé mentale, la solidarité locale et internationale ou encore des ateliers de prévention contre les discriminations relatives aux orientations sexuelles.
Si le projet éducatif a été adopté à l’unanimité, Franck Cannarozzo, adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois et conseiller départemental (LR), a pointé le manque d’actions dans le domaine de la découverte des métiers et du monde de l’entreprise ainsi qu’en matière de lutte contre les fake news. Ce qu’il qualifie de “trou dans la raquette. On vient de vivre une période, et elle s’accélère, où les réseaux sociaux permettent l’expression de l’obscurantisme. Dans ce domaine là je n’ai rien vu dans vos plans. Pourtant c’est essentiel pour les collégiens.” En réponse, Emmanuel Constant, VP socialiste en charge de l’éducation et aux JO a au contraire souligné le rôle du dispositif Agora visant à permettre le parrainage par des journalistes de projets sur le traitement l’information ou encore la vérification des sources. “Nous n’avons pas vocation à tout faire. L’acteur principal en direction de la réussite scolaire des enfants, de leur éducation et de leur instruction, demeure l’Etat. Nous venons en complément de l’action de l’école et non pas en substitution“, a ajouté l’élu.
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