Certains voyaient les diplomates comme des spécialistes des “belles paroles”, d’autres imaginaient une armée de bureaucrates. Environ 150 lycéens et étudiants ont suivi cette semaine un stage organisé par le Quai d’Orsay pour casser les stéréotypes et attirer de nouveaux profils.
Venus de Paris, de l’Île-de-France et d’autres régions, une cinquantaine d’entre eux ont pu assister en direct à cette première “académie diplomatique d’été” organisée par le ministère dans ses locaux de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Les 100 autres, sur les 700 candidatures reçues au total par le ministère, suivent le stage en ligne.
But de l’opération: “susciter des vocations dans toutes les classes sociales, et pas seulement dans quelques arrondissements parisiens”, résume Philippe Carré, ancien ambassadeur.
Selon le ministère, la majorité des étudiants et lycéens retenus sont boursiers. À l’instar de Sountou Guirassy, étudiante en licence de langues à Paris. “Quand on vient de milieu défavorisé, on a tendance à croire que ce sont des milieux élitistes où on n’a pas notre place”, souligne la jeune femme de 20 ans, d’origine sénégalaise. “Mes deux parents n’ont fait aucune étude, ça n’a pas été facile pour moi d’accéder aux études supérieures. Si je deviens diplomate ce sera le moyen de montrer que c’est possible”, ajoute-t-elle.
“C’est important que les diplomates qui représentent la France à l’étranger soient à l’image du pays”, insiste Mohamed Bouabdallah, sous-directeur des Affaires politiques du Quai d’Orsay. Ancien conseiller culturel en Égypte, il se souvient avoir dû raconter à ses interlocuteurs ce qu’étaient les gilets jaunes. “Je viens de Seine-et-Marne, un département à la fois de banlieue et rural, je pouvais expliquer”.
Pour autant, diversifier le recrutement est “plus facile à dire qu’à faire”, concède Philippe Carré. Et tous les participants au stage ne sont pas issus de milieux défavorisés, loin de là.
Mais ils découvrent avec un plaisir évident un métier qu’ils n’avaient pas envisagé comme possibilité de carrière.
“J’ai découvert un métier d’action, de terrain. Ça m’a fascinée, je pensais que c’étaient des bureaucrates”, dit Eva Jimenez, lycéenne de 16 ans dans un établissement prestigieux de la banlieue ouest parisienne.
À l’issue de l’académie vendredi, les participants se verront remettre un certificat qui leur ouvrira éventuellement la porte pour un stage.
L’ensemble de la diplomatie française représente 13 500 personnes. En 2020, il y a eu 1 153 recrutements (283 titulaires et 870 contractuels), selon le ministère.
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