Santé | | 29/05/2021
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Réa à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre: reflux du covid mais personnels épuisés

Réa à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre: reflux du covid mais personnels épuisés © Open Clipart Vectors

“Soulagés” mais “encore sous pression”, les soignants de la réanimation chirurgicale de l’hôpital Bicêtre (AP-HP), “retrouvent leur quotidien”, les malades du Covid-19 laissant peu à peu la place “aux patients habituels”.

“Actuellement, il nous reste six patients Covid”, contre 28 au plus fort de la troisième vague, explique le professeur Jacques Duranteau, chef du service. “On respire un peu!” après avoir dû gérer de front les Covid et les urgences non Covid, ajoute-t-il.

L’entrée de l’unité de réanimation chirurgicale est baignée par la lumière et la voix de Lauryn Hill dont le “Killing me softly” s’échappe d’une chambre. Un peu plus loin, un patient victime d’un œdème cérébral est plongé dans un sommeil artificiel. 

“On est soulagé de retrouver nos patients habituels, ce que nous aimons faire”, confie Mélanie, infirmière en réa depuis sept ans.

En plus des patients polytraumatisés (les accidents de la route ou domestiques, les victimes d’agressions…), des traumatismes crâniens, des accidents vasculaires cérébraux, la réa chirurgicale prend en charge les patients qui sortent d’une opération complexe ou dont l’état s’aggrave lors d’une intervention.

“Mais nous faisons maintenant face à une vague de départs très importante: les soignants sont fatigués, lassés, ou reprennent leur projet professionnel un temps mis en sommeil”, poursuit Mélanie. Une situation une fois de plus synonyme d’heures supplémentaires, de jours de repos travaillés, “de jours que je ne passe pas chez moi”.  

“Je vais vous mettre un tube dans la bouche”, prévient la trentenaire avant d’aspirer la salive d’un patient intubé/ventilé. Les deux pieds dans le plâtre, un bras en écharpe et une minerve autour du cou, l’homme s’est défenestré. “Je vais regarder vos yeux”, poursuit la jeune femme dans une simple tenue bleue, enfin débarrassée des charlottes, masques FFP2 et lunettes protectrices spécial Covid. Dans un état grave, le patient nécessite un contrôle des constantes toutes les quatre heures.

“On aime notre métier, on aime notre hôpital mais on aimerait pouvoir travailler dans de bonnes conditions, avec des personnels formés, qui ont envie d’être là”, avoue Mélanie, “très heureuse” d’intégrer l’école d’infirmières anesthésistes en octobre, même si elle craint de devoir interrompre ses études et revenir en réanimation si une nouvelle vague de Covid s’abat sur son service.

“Cette décroissance de l’activité Covid redonne aux équipes une petite bouffée d’air mais cela ne va pas suffire”, prévient Stéphanie Bonnel, cadre de santé, pointant du doigt “un problème de reconnaissance avec la profession d’infirmier de réanimation”, qui se pratique sans formation spécifique ni reconnaissance financière.

Surtout que les mois à venir ne s’annoncent pas simples. Si la décrue des patients Covid est “nette” et salvatrice, l’activité va devoir être maintenue à un niveau “élevé” pour que les patients qui ont été déprogrammés lors des vagues successives retrouvent le chemin des blocs opératoires. Le tout en faisant en sorte que “les équipes puissent un peu souffler, se reposer”, ajoute Jacques Duranteau. Un nouveau défi.

“On est soulagé que le service refonctionne normalement mais nous sommes encore sous pression et nous n’avons pas eu vraiment de répit” entre la décrue et la reprise de notre activité classique, reconnaît Sarah Bruni, infirmière de réa.

Depuis deux ans et demi dans le service, elle attend “avec impatience” de partir en vacances “pour changer un peu d’air”, “sortir de l’hôpital, de cette épidémie”. Mais avec “une appréhension du retour” avec les départs de collègues et le peu de volontaires pour prendre leur place.

par Laurence COUSTAL

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