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Culture | Val-de-Marne | 12/12/2021
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Rencontre avec Quentin Chaudat, artiste cachanais du post-graffiti abstrait

Rencontre avec Quentin Chaudat, artiste cachanais du post-graffiti abstrait © Louan Deniel

“Le street-art est un courant en soi, avec un corpus d’œuvres identifié. Je ne pratique pas le street art“, clarifie d’entrée de jeu Quentin Chaudat. Rencontre avec cet artiste cachanais qui investit les murs et palissades de la banlieue depuis ses quinze ans.

Vendredi 3 décembre, la deuxième édition de Phénomèn’Ar, le festival street-art du Val-de-Marne a fait braver le froid pour suivre les traces des grapheurs du 94. Quentin Chaudat, 41 ans, s’est prêté au jeu et explique sa démarche. “Je ne choisis que des supports qui n’ont aucune destination esthétique préétablie. Je ne vais pas faire de façade de maison ou de portail. Je ne travaille que des zones industrielles ou des palissades de chantier où je peux choisir la destination esthétique”

Post-graffiti abstrait

L’espace public, il en a fait son terrain d’art depuis ses 5 ans, “comme tout les autres graffeurs” se souvient-il. Les Beaux-Arts le poussent vers la photographie numérique et surtout le dessin contemporain. Un temps pour s’approprier son art dans une perspective plus personnelle avant de revenir à à la rue, même si le terme de “street-art” ne lui convient pas. “Aujourd’hui, je pratique de l’art dans l’espace public qui n’est plus du graffiti, je pense qu’on pourrait plutôt me classer dans le post-graffiti abstrait.”

© Louan Deniel
Quentin Chaudat en pleine performance à la bombe aérosol, sur une palissade de chantier à Arcueil.

L’évolution par rapport au graffiti et notamment au lettrage se manifeste d’abord dans le processus créatif lui-même. Les performances sont répétées, comme celle présentée sur cette palissade de chantier à Arcueil. Quentin Chaudat confie en riant avoir répété cette performance pendant “une semaine, [où] on faisait les zouaves !”

Point commun : des formes rondes, qui peuvent évoquer, selon l’imagination du spectateur, des feuilles d’arbres, des nuages, “une partition”, ou rien de tout cela. “On peint sur des bâtiments qui sont tous carrés, alors cela permet de contredire la linéarité du paysage. Je fais des formes organiques qui nous ressemblent car on vit dans des environnements qui sont très agressifs pour nos corps,” relève-t-il.

Quentin Chaudat interroge sans cesse son art dans la pratique “Je cherche les formes nouvelles, tout en travaillant exactement avec les mêmes outils et techniques que quand je faisais du graffiti. Je cherche à revenir à l’essence de cette pratique, à répondre à la question “: qu’est-ce que cela veut dire, peindre dans la rue ?”

© Louan Deniel

Peindre dans la rue: un acte existentiel et politique

Pour Quentin Chaudat, l’art dans la rue, dans des lieux le plus souvent non autorisés, est imprégné de cette urgence de l’illégalité. “Cela crée une esthétique de peindre illégalement : c’est obligatoirement rapide. Je cherche à réinterroger le folklore du graffiti, à le ramener à la racine en ayant une démarche radicale en revenant à l’essence de la peinture de rue illégale”.

© Louan Deniel
Performance sur un chantier autoroutier

Et l’artiste d’insister sur “la démarche politique” de cet art, citant Les Ghettos du gotha, un essai de sociologie de Monique et Michel Pinçon-Charlot qui estime que la bourgeoisie parvient à maîtriser son espace de vie grâce à son capital financier. Pour l’artiste cachanais, la peinture de rue en prend le contrepied, en constituant un moyen d’exister et de faire exister les habitants, comme cette fresque dans la cité du Chaperon Vert. “Dans ma peinture d’essence populaire, je pars du postulat que les gens qui sont pauvres subissent leur environnement. Pour moi, peindre dans la rue, c’est reprendre la maîtrise de son environnement.”

© Louan Deniel
Fresque de Quentin Chaudat dans la cité du Chaperon Vert à Gentilly
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