Le feuilleton du contrat des futures rames du RER B devrait connaître un “happy end” après l’annonce mercredi d’un accord entre Alstom, qui le bloquait, et ses clients RATP, SNCF et Ile-de-France Mobilités (IDFM).
Ce contrat de 2,56 milliards d’euros porte sur la fourniture de 146 nouveaux trains destinés à la deuxième ligne RER d’Ile-de-France –avec près d’un million de passagers par jour (hors pandémie)–, à partir de la fin 2025.
“L’entreprise Alstom s’est rendue à la raison”, s’est félicitée devant des journalistes la présidente de l’autorité régionale des transports, Valérie Pécresse.
Voulu et financé par IDFM, le contrat avait été attribué en janvier à un consortium associant les constructeurs ferroviaires canadien Bombardier Transports et espagnol CAF –l’offre avait été préférée à celle d’Alstom. Mais ce dernier, qui a repris Bombardier fin janvier, se refusait à l’exécuter.
Une réunion décisive a permis mardi “de confirmer l’engagement d’Alstom-Bombardier/CAF dans l’exécution du marché et d’initier les prochaines étapes de sa mise en œuvre”, selon un communiqué commun d’IDFM, de la SNCF et de la RATP.
“Le contrat est tel qu’il est. Il n’y a aucune négociation supplémentaire”, a souligné la PDG de la RATP, Catherine Guillouard.
“Ce qui était le plus important pour Ile-de-France Mobilités, c’est que le consortium a confirmé que le calendrier de mise en service des premières rames fin 2025 serait maintenu. (…) Il n’y a pas de retard”, a ajouté Valérie Pécresse.
“Alstom a par ailleurs annoncé qu’il allait retirer tous ses recours contentieux”, a ajouté l’élue. Le groupe français avait en effet lancé toute une série de recours contre la procédure de passation de marché, dont il contestait la régularité.
Il avait retiré l’offre de Bombardier après en être devenu propriétaire, la jugeant trop risquée techniquement et financièrement. Mais la RATP et la SNCF considéraient que cette offre était inconditionnelle.
Les deux opérateurs publics avaient en conséquence signé le contrat, appelant le nouveau propriétaire de Bombardier à l’exécuter –et le menaçant de poursuites judiciaires.
Les “demandes complémentaires” permettront de rallonger le budget
“Chez Alstom, on confirme être en position d’exécuter le contrat, et on confirme avoir obtenu l’assurance que les risques soulevés soient traités pendant l’exécution du contrat”, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole du constructeur français.
CAF n’a pas souhaité s’exprimer.
Les parties en présence n’ont pas expliqué ce qui a permis de résoudre le différend.
“Je pense que la pression qui a été mise sur Alstom, notamment par les délibérations du conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités, (…) a permis la maturation de la réflexion d’Alstom”, a pointé Valérie Pécresse. “Il fallait un discours de fermeté.”
IDFM avait menacé d’introduire dans ses futurs appels d’offres “une clause de loyauté” basée sur le respect des “engagements passés et en cours” des sociétés répondantes: en clair, l’autorité régionale menaçait Alstom de l’exclure des compétitions futures.
“Il faut quand même rappeler qu’Alstom a 25% de son carnet de commandes qui est fourni par les achats d’Ile-de-France Mobilités”, a ajouté Mme Pécresse.
“Le prix de l’offre sera respecté. On ne paiera pas un euro de plus pour les mêmes prestations”, a souligné la dirigeante.
“La seule chose que nous nous sommes engagés à faire (…), c’est à regarder de bonne foi toutes les demandes complémentaires qu’Alstom jugerait indispensables”, a expliqué Mme Pécresse. Pour l’homologation des trains, par exemple.
“Mais à ce stade, absolument aucune prestation supplémentaire n’a été demandée ou validée”, a-t-elle assuré. “Il faudrait qu’elles soient complémentaires et nécessaires, c’est la jurisprudence.”
Environ 60% de la valeur du contrat revient à Alstom-Bombardier, et 40% à CAF.
Le partage des tâches prévoit que CAF construise les deux voitures de tête des 146 trains –dans son usine de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)– et fournisse les bogies produits en Espagne. Alstom-Bombardier s’occupe du reste, et notamment des voitures intermédiaires qui doivent sortir de l’usine de Crespin (Nord).
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