Ancré depuis plus d’un siècle dans l’histoire de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le stade Bauer a commencé sa renaissance. Le promoteur immobilier Réalités, qui prévoit l’achèvement du chantier à l’été 2024, a détaillé mercredi 7 juillet son projet de reconstruction.
Depuis un mois et demi les travaux vont bon train au stade Bauer : la tribune Est a été démolie et des graviers ont fait disparaître la pelouse synthétique du terrain d’honneur. “D’ici la fin juillet tout doit être prêt pour accueillir à nouveau les joueurs du Red Star, c’est un vrai défi“, souffle Marcel Lebaud, directeur technique au sein du groupe immobilier Réalités en charge du chantier. Cette possibilité était essentielle aux yeux de Karim Boumarane, le maire de Saint-Ouen : “On a été marqué par les exils à Marville, à Beauvais et à Paris. Il fallait que le club continue à jouer pendant les travaux.” Construit en 1909, la rénovation du stade a longtemps été repoussée depuis les années 1970.
Stade en centre-ville
Le calendrier est serré puisque la saison de football 2021-2022 débutera le 6 août. “Ce que vous voyez là, c’est la préparation de la future pelouse naturelle“, poursuit Marcel Lebaud.
Cette pelouse en pleine terre est l’un des atouts que fait valoir Yoann Choin-Joubert, le président-directeur général du groupe immobilier nantais Réalités qui a remporté le 19 juin 2019 le concours “Inventons la Métropole du Grand Paris” pour la rénovation du stade Baeur. “C’est un projet d’avant-garde“, souligne-t-il tandis que Patrice Haddad, le président du mythique club audonien, le Red Star, salue “l’audace de garder un stade en centre-ville” qui permet “de conserver l’ADN du club.”
A l’horizon 2024, le nouveau stade Bauer pourra accueillir 10 000 spectateurs. D’ici là les fans de foot pourront tout de même venir assister aux matchs. Et ce dès la saison prochaine alors que tous les permis de construire n’ont pas encore été déposés. Dans cette optique, la tribune Ouest, qui pourra accueillir 2 600 personnes, doit être mise aux normes de sécurité cet été. Suivra la construction la tribune Est, d’une capacité de 4 600 places, au quatrième trimestre 2021 avec pour objectif de recevoir du public en 2023. Les travaux de démolition et de reconstruction de la tribune Ouest pourront alors démarrer. En fait, “le chantier est calé sur les inter-saisons“, résume Marcel Lebaud. Il faudra attendre l’été 2024 pour la livraison de la tribune Nord dont la configuration fait encore l’objet de discussions, deux versions étant privilégiées : soit 1 500 places assises, soit 1 800 debout.
Un modèle économique à trouver
Le lancement des travaux est intervenu après le cession du stade au groupe Réalités par la municipalité de Saint-Ouen le 18 mai. Pour son maire, c’est la fin d’une “longue série de péripéties“, dont la dernière en date a été le rejet par son prédécesseur, William Delannoy, du projet lauréat au profit de celui arrivé en deuxième position. “La MGP ne pouvait pas accepter que le projet choisi par le jury puisse être remis en cause“, a d’ailleurs glissé le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, se réjouissant du consensus trouvé à l’issue “d’un combat très fort“.
“L’idée s’est de créer un stade ouvert, responsable et écologique“, s’enthousiasme Karim Bouamrane. “Un lieu vivant en tout temps” qui bénéficie à tous les Audoniens, évoquant d’ailleurs la réflexion menée pour instaurer une tarification spécifique pour les supporters les moins aisés.
“C’est plus qu’un stade“, note d’ailleurs Yoann Choin-Joubert. Adossé à la tribune nord, un espace de 30 000 m2 doit en effet émerger de terre à l’été 2025. La “Bauer Box” tel qu’il est désigné, devrait notamment accueillir des commerces, des restaurants, des activités culturelles ou encore des bureaux. Une école de commerce y serait envisagée et le groupe Réalité compte y implanter son siège pour l’Ile-de-France.
Côté supporters, la présence d’une façade de restaurant de la Bauer Box dans la tribune nord a soulevé les critiques. “Nous ne savons même pas si le kop sera dans la tribune nord“, réplique Yoann Choin-Joubert pour qui des solutions peuvent être trouvées. Et d’égrainer les concessions déjà faites : un stade à l’anglaise (avec un public au plus près du terrain), l’engagement à ne pas accoler de nom de commercial (le naming) au stade Bauer, la préservation de certaines caractéristiques architecturales d’origine ou l’abaissement de la jauge de spectateurs de 15 000 à 10 000 supporters.
Pour mettre en œuvre son projet, le groupe Réalités investit 200 millions d’euros pour la Bauer Box et 35 millions d’euros pour le stade. Reste à trouver le modèle économique. “Le projet d’exploitation doit encore être discuté avec le club. Mais au fond, le Red Star doit devenir propriétaire de son équipement.” De son côté, Patrice Haddad considère en revanche que “le modèle économique d’un club de football ne peut pas reposer sur l’exploitation de l’infrastructure“, tout en mettant en exergue le rôle du club comme centre de formation. En attendant, le Red Star pourra utiliser le stade sans frais jusqu’à sa livraison.
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