Un mois après le début de la campagne de vaccination dans les Ehpad, résidents et personnel de la Dame Blanche, à Fontenay-sous-Bois, recevaient leur première dose du vaccin anti-Covid ce mercredi 27 janvier. Reportage.
“On était tous un peu tendus depuis un an. Maintenant, je me sens relâchée.” Quelques heures à peine après avoir reçu sa première injection du vaccin contre le Covid-19, Odette, 92 ans, nous accueille dans sa chambre de l’Ehpad de la Dame Blanche (qui fait partie du groupement des Ehpads publics du Val-de-Marne). La piqûre passée, la nonagénaire souriante a surtout ressenti un immense soulagement. “La pandémie m’a rendue nerveuse, anxieuse. Pendant le premier confinement, j’étais persuadée que j’allais en mourir !” confie-t-elle. Pourtant, elle admet avoir émis des doutes avant d’avoir accepté de se faire vacciner. “C’est rare de trouver un vaccin contre une maladie en un an”, insiste-t-elle. Ce-sont les explications de l’équipe médicale, menées plusieurs semaines en amont de l’arrivée des doses à la Dame Blanche, qui l’ont convaincue. Odette fait ainsi partie de la vaste majorité des résidents ayant accepté le vaccin : sur 96 pensionnaires, 86 ont reçu leur première dose ce mercredi – soit plus de 90% de cette populations.
Chiffres Val-de-Marne – A date du 25 janvier, 2 000 résidents d’Ehpad avaient été vaccinés contre la Covid-19 en Val-de-Marne, selon le directeur de la délégation 94 de l’Agence régionale de santé, Eric Véchard, lequel précise que ce chiffre “évolue très vite du fait de la campagne en cours”.
Un chiffre satisfaisant pour Nabil Berrached, médecin responsable de l’Ehpad de la Dame Blanche. “Nous avons travaillé à recueillir le consentement des seniors en leur expliquant les avantages du vaccin, et cela a porté ses fruits. Progressivement, de plus en plus de résidents nous ont donné leur accord, et au final nous n’avons essuyé que 7 refus. Deux autres personnes n’ont pu recevoir le vaccin car elles présentaient des contre-indications e tune autre était hospitalisée. Les personnes réticentes avaient souvent peur des effets secondaires. Grâce aux consultations pré-vaccinales, nous n’ en avons recensé aucun jusqu’ici”, explique le médecin entre deux tournées d’injections.
Parmi le personnel de la Dame Blanche, lui aussi éligible au vaccin, la réticence est plus importante. Sur la soixantaine d’infirmières, aides soignants et personnels administratifs, seule une quinzaine se sont portés volontaires. La direction a pourtant mis les moyens pour tenter de faire pencher la balance : deux réunions d’informations ont été organisées afin de mettre en avant le vaccin à ARN messager. Du côté de la direction, on reste confiant. “On ressent déjà beaucoup moins de méfiance qu’au début de la campagne de vaccination à la fin décembre, observe Aurélien Pariente, directeur adjoint de la résidence La Dame blanche. En bout de course, je pense qu’on aura un taux de vaccination satisfaisant chez les soignants aussi, même si il restera inférieur à celui des résidents. La demande risque d’augmenter au fur et à mesure que le vaccin se raréfie.”
Pour les résidents, la prochaine étape sera dans 21 jours, date de la 2ème vaccination. Un soulagement pour la direction. “Jusqu’à l’arrivée du vaccin, je serrais les dents”, avoue le directeur. Car la pandémie n’a pas épargné la résidence, avec 17 morts entre mars et avril 2020, même s’il y a eu aussi 19 guérisons. “Je connaissais la plupart d’entre eux”, soupire Odette. “On jouait ensemble au Scrabble, on assistait aux animations…” Outre les décès, les vagues épidémiques successives ont forcé le personnel à prendre des mesures drastiques pour limiter la propagation du virus. Lors de la première vague, les résidents, confinés dans leurs chambres, avaient été privés de visites. Si ces mesures ont permis de limiter les pertes humaines, elles ont en revanche eu des effets psychologiques considérables. “On sentait que le contact humain leur manquait beaucoup. Beaucoup de résidents n’avaient plus le moral, certains ne mangeaient plus”, se souvient le docteur Berrached.
Les règles ont été assouplies depuis : à partir de mai, les résidents ont à nouveau pu recevoir des visites, dans la salle commune du rez-de-chaussée ou en plein air dans la cour. Mais il leur est toujours formellement interdit de pointer le nez dehors, sous peine d’être confinés pendant 8 jours. La méthode semble porter ses fruits : depuis avril, il n’y a eu aucun nouveau cas de Covid-19. “Cela ne veut pas dire que nous sommes à l’abri de nouveaux cas dans le futur”, prévient le directeur.
Des résidents au personnel, tout le monde espère que la vaccination permettra un allègement des mesures sanitaires. Mais pour l’instant, aucune consigne n’a été donnée dans ce sens – voire l’inverse. Suite à l’apparition des variants anglais et sud-africain en France, la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) a d’ores et déjà demandé aux Ehpad de faire passer les règles de distanciation sociale de 1m à 2m .
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