Education | Val-de-Marne | 29/01/2021
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Val-de-Marne : épreuve de force autour de la carte scolaire 2021

Val-de-Marne : épreuve de force autour de la carte scolaire 2021 © Famveldman

Après une année scolaire perturbée par la crise sanitaire, l’inspection académique du Val-de-Marne prépare déjà la rentrée de septembre 2021. Un CTSD (Comité Technique Spécial Départemental) virtuel devait se dérouler ce jeudi mais le projet de carte scolaire a tellement déçu les syndicats Snudi-Fo, Snuipp-Fsu et CGT Educ’action, qu’ils l’ont boycotté et appellent à une manifestation mercredi, la vieille de la session de repli.

«Nous avons constaté dès la rentrée une baisse de nos effectifs et nos prévisions pour septembre 2021 indiquent une poursuite de cette chute démographique avec environ 600 élèves en moins (soit 137 462). Pour autant, nous allons bénéficier de 101 emplois supports en équivalent temps plein», insiste pourtant Anne-Marie Bazzo, directrice académique du Val-de-Marne. La directrice prévient toutefois que des fermetures de classes sont à prévoir car malgré plusieurs ajustement en septembre 2020, les moyens ont été laissés dans un certain nombre d’écoles malgré des deltas de «20, 30 à 50 élèves» en moins pour rapport aux prévisions d’inscription. L’ajustement est donc prévu en septembre 2021. Anne-Marie Bazzo explique par ailleurs que la baisse démographique impactera de façon inégale le territoire et que des ouvertures sont prévues dans les secteurs où la population scolaire s’accroît.

Pour les syndicats d’enseignants Snudi-Fo, Snuipp-Fsu et CGT Educ’action, le compte n’y est pas et la concertation n’a pas été suffisante. «La direction académique a refusé de nous recevoir avant le CTSD pour que nous puissions exposer les situations des écoles avec leurs représentants. Nous avons l’impression qu’ils veulent mener cette carte scolaire au pas de charge alors que vivons déjà une année scolaire chaotique. Malgré cette dotation positive de 101 postes, l’orientation démographique à la baisse peut encore évoluer. Si l’on additionne les projets d’ouverture et de fermeture, nous avons 40 postes en plus en zone banale et deux en moins en éducation prioritaire», indique Cyrille Micheletta, représentant Snuipp-Fsu.

«Puisque le président Macron souhaite que les écoles restent ouvertes, quoi qu’il en coûte, qu’il dépense davantage pour l’Éducation, qu’il annule toutes les suppressions de poste, qu’il recrute les enseignants en liste complémentaire et qu’il permette de procéder à un recrutement de profs remplaçants en nombre suffisant, que l’on puisse les titulariser», demande Luc Bénizeau, représentant de Snudi-Fo.

Dans certaines villes où les établissements scolaires connaissent déjà des difficultés d’accueil en raison de la crise sanitaire, les projets de diminution de moyen suscitent incompréhension et colère. «Pendant plusieurs mois, des classes n’ont pas eu d’enseignant parce qu’il n’avait pas été nommé. Les profs absents ne sont pas remplacés, les enfants sont répartis dans les classes, créant un brassage. Nos demandes auprès de l’Éducation nationale restent lettre morte. Après une expérience très douloureuse en 2020, nous craignons que ce soit pire en 2021. Ils nous annoncent 12 fermetures de classe alors que nous avons des demandes d’inscription en hausse et que des programmes immobiliers vont être livrés entre-temps», alerte de son côté Pierre Bell-Lloch (PCF), maire de Vitry-sur-Seine, qui a adressé, avec l’ensemble de la communauté éducative de sa ville, une lettre au ministre Jean-Michel Blanquer, sous forme de SOS.

«Nous, familles, avons demandé à plusieurs reprises d’être reçues à la DSDEN et au rectorat parce que nous n’avons aucune visibilité sur la gestion de cette crise. Ils ne veulent pas donner à nos enfants les moyens de réussir leur scolarité. Nous allons organiser de nouvelles action comme la manifestation à Créteil-Soleil de samedi dernier », enjoint de son côté Nageate Belhacem, présidente de la FCPE 94

Pour Anne-Marie Bazzo, cette carte scolaire 2021 se traduit au contraire par des moyens supplémentaire pour amplifier certaines politiques. «Conformément à la priorité donnée par le gouvernement, nous souhaitons poursuivre la baisse du nombre d’élèves en classes de grande section, en zone banale, à 24. Nous allons également tâcher de regarder de près les écoles avec des classes ULIS. Il y aura des ouvertures en fonction des besoins. Le déploiement du 4e plan autisme va nous permettre d’ouvrir 1 dispositif en maternelle et 2 en élémentaire. Pour les AESH (assistants pour les élèves handicapés), nous sommes en train de reconstruire un schéma pour renouveler notre vivier et le fidéliser en proposant des formations continues et en créant des pôles d’inclusion pour favoriser le partage de connaissance avec des enseignants plus aguerris. Avec cette carte scolaire 2021, tous nos indicateurs d’encadrement scolaire s’améliorent», défend la directrice académique.

La suppression de 7 postes de profs pour enfants allophones scandalise

Parmi les éléments qui choquent le plus les syndicats : la suppression de 7 postes d’enseignant pour les unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A). Elle permettent aux enfants ne parlant pas le français de se mettre à niveau, pendant un an, en bénéficiant de cours en petit groupe, parallèlement à la classe.

Ces postes concernent les circonscription scolaires d’Arcueil, de Champigny-sur-Marne 2 (Chennevières-sur-Marne), de Choisy-le-Roi, de Créteil 2, d’Ivry-sur-Seine, de Maisons-Alfort, d’Orly, de Saint-Maur-des-Fossés, de Villejuif et de Villiers-sur-Marne (Le Plessis-Trévise).

«Cette année, à cause de la fermeture des frontières, nous avons des effectifs anormalement bas. Nos classes accueillent en général des groupes allant de 20 à 30 élèves, ce n’est pas le cas partout en 2020. Pour autant, ces familles arrivent de façon échelonnée toute l’année. Il est absurde de prendre en compte les effectifs de janvier pour décider des moyens de la prochaine année scolaire», explique une enseignante. «Dans nos villes, nous avons des enfants vivant avec leurs familles dans hôtels sociaux en attendant d’obtenir le droit d’asile, nous avons également des campements de roms dont les enfants s’inscrivent à l’école. Comment va-t-on s’occuper d’eux ? La situation est incompréhensible», s’alarme Christian Métairie (EELV), maire d’Arcueil.

Sur le sujet, la Dasen assure que les ressources humaines flécheront ces professionnels de manière à pouvoir les mobiliser sur ces classes, si jamais le volume de ces élèves à besoins particulier repartait à la hausse.

Une session de repli du CSTD est organisée jeudi 4 février, l’intersyndicale (CGT Educ’action, Snuipp-Fsu, Sud Education et Snudi-Fo) a lancé un appel à manifester, mercredi après midi, à 14h30 devant l’inspection académique pour demander un plan d’urgences et l’annulation des suppressions de moyens.

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