Le tribunal correctionnel de Créteil a condamné ce lundi à deux mois de prison avec sursis un étudiant de 24 ans qui s’était lancé dans un commerce non déclaré de protoxyde d’azote. Ce gaz, vendu au grand public pour faire monter la chantilly, provoque à l’inhalation un effet euphorisant et des distorsions sensorielles qui a en ont progressivement détourné l’usage en psychotrope facilement accessible. Compte-rendu.
C’est au hasard d’un contrôle routier, en septembre dernier à Saint-Maur-des-Fossés, que la police a découvert dans le coffre de voiture du jeune une trentaine de boîtes de cartouches de protoxyde d’azote ainsi que quatre bouteilles du même gaz. Dans le portefeuille de cet étudiant en licence de gestion dans les Yvelines: 690 euros en liquide. Placé en garde à vue, il reconnait s’être lancé dans ce commerce de ce gaz, faute d’avoir un job étudiant.
“J’ai entendu dire que c’était tendance d’en consommer, alors, depuis trois semaines, j’allais acheter, tous les 3 jours, ces produits en gros au centre commercial Rosny 2 pour aller ensuite le vendre à des consommateurs”, avait-il expliqué aux policiers lors de son interrogatoire. Dans sa déposition, il expliquera que la forte somme de numéraire retrouvée dans son porte-monnaie provenait de sa famille et refusera de donner son code aux agents pour qu’ils fouillent son téléphone portable. C’est dans ce contexte qu’il comparaissait ce lundi devant la 9e chambre correctionnelle de Créteil pour blanchiment, travail dissimulé et refus d’accès à son téléphone.
Au cours de l’audience, l’étudiant a reconnu que les 690 euros retrouvés sur lui constituaient la recette amassée en trois semaine de vente. “J’ignorais les risques. Je voulais faire de l’argent pour la rentrée mais au final, tout cela m’a apporté plus d’ennuis qu’autre chose. Je regrette. J’ai eu l’idée de cette activité parce que j’en consommais et que l’on m’en demandait”, a témoigné l’étudiant, évaluant ses gains à 30 euros par journée. En dehors d’une infraction pour conduite d’un véhicule sans assurance il y a quatre ans, le jeune homme n’avait pas d’autre mention à son casier judiciaire.
Le parquet requiert 5 mois de prison avec sursis
La substitut du procureur, Alice Proy a requis cinq mois de prison avec sursis à l’encontre de l’étudiant. “En ne s’immatriculant pas, il a tenté de se soustraire aux contrôles et à l’impôt, se rendant coupable de blanchiment et de travail dissimulé. Compte tenu de son profil, vous entrerez en voie de condamnation et prononcerez une peine d’avertissement de cinq mois avec sursis”.
L’avocat du jeune homme, Me David Maheu a plaidé pour faire baisser le quantum de la peine requise. “Nous ne sommes pas face à un trafiquant de stupéfiants qui se serait tourné vers cette substance pour prendre moins de risque. C’est un étudiant, qui, dans le contexte actuel, a tenté de trouver un moyen de se faire un peu d’argent”.
Au terme du délibéré, la présidente de la 9eme chambre, Nathalie Dell’Ominut, a finalement condamné le jeune homme à une peine de deux mois de prison avec sursis, prononcé la confiscation de la marchandise, des 690 euros. L’étudiant devra également s’acquitter de frais de justice à hauteur de 127 euros.
Avec une déclaration d’activité, le vendeur n’aurait pas été inquiété
“On sentait la présidente et le ministère public gênés aux entournures puisque, finalement, ce qui est reproché à mon client n’est pas ce qu’il transportait dans son coffre mais le fait qu’il ne se soit pas immatriculé”, a relevé l’avocat de l’accusé à l’issue de la séance.
Ces derniers mois, de nombreuses municipalités ont pris des arrêtés pour interdire la vente de ces cartouches dans les commerces, face à la prolifération de leur consommation dont les effets secondaires peuvent s’avérer très dangereux.
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