Alors que le centre logistique Signify (ex-Philips Lighting) de Villeneuve-Saint-Georges est en proie à un conflit social depuis deux mois, en raison d’un projet d’externalisation, une manifestation réunissant une soixantaine de personnes a eu lieu ce mardi midi devant le site industriel.
Voilà déjà deux semaines que les syndicats CGT et FO ont installé un piquet de grève devant le portail d’accès du centre Signify (ex-Philips Lighting) de Villeneuve-Saint-Georges. Ce mardi, le mouvement social s’est mué en manifestation autour de pneus incendiés et de banderoles dénonçant le projet d’externalisation.
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Au mégaphone, Hubert Kidzouani, le représentant local de la CGT, prévient la direction. “On vous donne 30 minutes pour nous laisser entrer”. Les prises de parole se succèdent pour apporter un soutien au mouvement. “Ils jouent la stratégie de l’enlisement, du pourrissement en multipliant les négociations qui n’aboutissent à rien. L’outil industriel fonctionne, il y a des compétences, des savoir-faire. Signify est dans la recherche maximale de profit. Le droit et la justice sont de notre côté, s’ils ne veulent pas vous entendre, nous reviendrons plus nombreux et vous pourrez opter pour des actions de plus en radicales”, enjoint Cédric Quintin, secrétaire général de l’UD CGT du Val-de-Marne, qui salue les 16 jours de grève. “Philips est une grosse boîte et cette délocalisation est incompréhensible puisque vous avez des gains de productivité importants. Ce sont des prétextes fallacieux et arguments prétexte pour supprimer des emplois à travers un faux-PSE. Nous ne pouvons accepter d’être le parent-pauvre du sud francilien alors que le nombre de demandeurs d’emplois est aussi haut“, lui succède Marc Ferro, secrétaire général de l’UD FO du Val-de-Marne.
Un peu à l’écart du cortège, à l’ombre, des salariés grévistes discutent de leur avenir incertain. Ils sont plus de 80% a avoir rejoint le piquet et le centre ne fonctionne plus qu’avec les intérimaires. “Nous avons vu la différence, il y a deux ans, au changement de nom (passage de Philips Lighting à Signify), il fallait faire toujours plus de travail avec moins de personnel. En octobre dernier, ils nous ont annoncé la fin des nuits. Cela impliquait 800 euros en mois sur nos salaires. Ils nous ont dit, c’est ça où c’est la démission. Toute l’équipe de nuit n’a pas lâché et a demandé des ruptures conventionnelles. Ils ont finalement abandonné leur projet. Cette fois-ci, c’est pareil. Normalement, ils devraient nous proposer un plan social, et ils font tout pour trouver une solution moins coûteuse”, expliquent Laurent, Saïd et Abdelaziz qui travaillent comme cariste depuis plus de 20 ans.
A proximité, deux salariés assurent qu’à de rares exceptions, personne n’accepte le projet initial de la direction consistant à externaliser le site auprès d’une autre entreprise, ID Logistics, avec début 2022 un déménagement sur un site à Plessis Paté (Essonne). “Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils demandent, et des contreparties proposées. Ici, c’est le Club Med à côté des conditions de travail que nous aurons là-bas. Nous allons passer sous une convention collective moins protectrice. Nous sommes pour la plupart avec une certaine ancienneté. Ils vont tout faire pour se débarrasser de nous et ne pas avoir à payer des salaires trop élevés”, explique l’un d’eux. Son voisin, à une quinzaine de mois de la retraite, a fait le déplacement mais reconnaît que pour les salariés plus jeunes ayant construit leur vie autour de Villeneuve-Saint-Georges, le choix est moins évident.
Au final, les deux représentants syndicaux locaux, FO et CGT ont été reçus en délégation par la direction mais l’entretien n’a pas mis fin au conflit social et la grève devrait entrer dans son dix-septième jour ce mercredi.
De son côté, le groupe indique que “les négociations sont toujours en cours entre les instances représentatives et la direction de Signify France, dont la priorité reste l’avenir de nos salariés, avec entre autres, la préservation de l’emploi et l’accompagnement des personnes concernés par le transfert de l’activité à ID Logistics.”
Le maire de Villeneuve-Saint-Georges envisage la reconversion du site
Philippe Gaudin, maire de Villeneuve-Saint-Georges, se projette pour sa part au-delà du départ, alors qu’il a reçu il y a quelque semaines des représentants de la direction de Signify venus leur annoncer le transfert prochain d’activités. “Je leur ai demandé ce qu’allaient devenir les employés. Ils m’ont assuré qu’ils feraient une proposition de solution à chacun, ce qui m’a partiellement rassuré. Ce n’est pas mon rôle d’aller voir s’ils tiennent parole ou non. J’ai immédiatement fait travailler mes équipes pour voir s’il n’y avait pas moyen de recréer de l’emploi et de la richesse à Villeneuve-Saint-Georges en utilisant ce site idéalement placé avec l’accès à la route, au rail, au fleuve et à l’avion. Sans avoir la prétention d’en faire une annexe au Min de Rungis, il pourrait être intéressant d’y accueillir des prestataires chargés de l’approvisionnement du marché. Elle serait complémentaire avec la plateforme logistique métropolitaine que nous devons accueillir sur le site de Triage”.
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