Pour les habitants du Parc de la Noue, le réaménagement du quartier devrait s’accélérer. Ce mardi 12 avril, le conseil de l’établissement public territorial Paris terre d’envol, dernier partenaire consulté, a donné son feu vert à l’opération de requalification de la copropriété dégradée d’intérêt national. Ce sera la quatrième en Ile-de-France et la deuxième en Seine-Saint-Denis après celle engagée à Clichy-sous-Bois. Pour les habitants, cette restructuration est plus qu’attendue. Reportage.
En arrivant de la gare RER Sevran-Beaudotte, l’accès au quartier du Parc de la Noue, à Villepinte, peut se faire par la rue de l’Espérance bordée de petits pavillons. Un nom de voie qui ne reflète pas le ressenti des quelques 2 500 habitants qui peuplent ses barres d’immeubles situés en bordure de la Francilienne (A 104). « Les conditions de vie dans les logements ne sont pas faciles, raconte Linda, qui vit depuis deux ans avec ses deux enfants dans la tour A, haute de 15 étages, au cœur du quartier. Il a fallu que j’attende trois mois pour qu’on me répare une fuite d’eau. De toute façon, la plomberie, c’est une catastrophe : l’eau est tellement calcaire qu’elle me fait des plaques rouges. Sans parler des punaises et des cafards», énumère l’habitante.
Propriétaires et locataires excédés
Après la délibération du conseil du territoire Paris terre d’envol lors de la séance du 12 avril, le Parc de la Noue n’attend plus que le décret du Conseil d’Etat pour faire l’objet d’une opération de requalification de la copropriété dégradée d’intérêt national (orcod-in). Le dispositif créé par la loi Alur (2014) permet à l’Etat d’intervenir en urgence dans ces quartiers à l’abandon où prospère un habitat indigne.
En attendant, la copropriété du Parc de la Noue a engagé depuis avril 2018 un programme de travaux urgents de 4 millions d’euros financé à hauteur de 90% par l’agence nationale de l’habitat (ANAH). Mais les changements sont encore timides. « Vous parlez de rénovation ? Ils ont bien commencé des travaux mais la peinture s’est arrêtée au premier étage de mon bâtiment, clame Mirsada, 27 ans. Jean abonde en montrant les garde-corps fraichement posés. « Le problème, c’est que c’est encore cosmétique. Rien n’est fait pour le chauffage ou la plomberie et regardez autour de vous la saleté. Je paye 600 euros de charges tous les trois mois, ce qui est énorme pour des conditions pareilles. En fait, les propriétaires comme moi payent pour ceux qui ne payent pas. » Lui est arrivé dans le quartier lors de son inauguration en 1973. Il a vu la situation commencer à se dégrader dix ans plus tard, « lorsque la Codara [ndlr, marchand de biens et société de gestion immobilière] a décidé de vendre. A partir de là, de plus en plus de gens ont acheté pour sous-louer. » Dans des conditions loin d’être optimales pour les locataires.
Lutte contre l’habitat indigne
Croisé à l’entrée de la cité, un locataire âgé d’une quarantaine d’années confie être en situation irrégulière : « Il y a beaucoup de sans-papier ici et on paye cher le loyer : 1 000 euros pour un trois pièces. » Linda confirme. « Des marchands de sommeil profitent de la situation. Il y a aussi des squatteurs. Mais vous savez, malgré toute la misère, il existe ici beaucoup de solidarité et c’est calme », tient-elle à préciser.
Ce contexte social rend le processus de redressement du quartier d’autant plus complexe. Piloté par l’établissement public foncier d’Ile-de-France (EPFIF), il s’appuie sur une étude de préfiguration qui envisage les différentes options comme les rachats de propriétés, les opérations d’aménagement ou de démolition le cas échéant. Il réunit aussi tous les organismes impliqués sur les questions de logement à commencer par les collectivités, les bailleurs sociaux, l’ANAH, l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), mais aussi l’agence régionale de santé (ARS).
Le plan de sauvegarde approuvé par l’ANAH en avril 2019 donne une idée du volume de travaux qui doit être engagé : 40 millions d’euros sur cinq ans, financés en partenariat avec la région Ile-de-France, l’Union européenne (via le fonds européen de développement régional), la ville de Villepinte et Paris Terre d’Envol. L’objectif : réhabiliter le bâti, désenclaver le quartier et transformer le centre commercial qui le borde, le tout pour rendre plus attractif le Parc de la Noue. Déjà la municipalité y a implanté une antenne de la police municipale, un point d’animation de quartier et un centre de loisirs.
Mais pour Jean et son épouse, c’est fini : « On a signé le compromis de vente le 4 mars. On aura déménagé d’ici la fin du mois. C’est plus qu’un soulagement, c’est une libération!»
La vente en copropriété pour des populations pauvres, qui trop souvent ne payent (ou ne peuvent payer) les charges est une lourde erreur : les parties communes, mal entretenues se dégradent, beaucoup refusent alors de payer et c’est le cercle infernal … pour aboutir à ce que ce soit les impôts des autres qui payent à la place de ces soi-disant copropriétaires !
Dans un immeuble, on est pas seulement propriétaire de son appartement, mais aussi des parties communes.
Bonjour, étant à l’origine de la rénovation, en tant que maire adjoint à l’urbanisme, il me semble nécessaire, avant de se dire que tout tient debout, de vérifier l’ensemble des structures porteuses. Le béton peut vieillir mal, il faut s’assurer de sa pérennité, avant d’injecter les millions pour la rénovation.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.