Il y a 3 ans, Ibrahima a débarqué de Côte d’Ivoire à 15 ans et d’abord vécu dans la rue avant de devenir un lycéen modèle, passionné par les énergies renouvelables et avec un avenir rayonnant… jusqu’à ce jour de janvier, quand la préfecture lui a demandé de reprendre l’avion, s’appuyant sur un test osseux.
Malgré le froid glacial, tout le monde s’est donné rendez-vous devant les grilles du lycée ce midi. “C’est un des meilleurs de la classe. Il ne baisse jamais les bras et est toujours là pour aider les autres”, résume un de ses professeurs. “C’est un élève exemplaire dans une classe agitée. J’espérais l’avoir comme élève cette année. Cette expulsion nous fout un peu les boules”, lâche un autre enseignant.
Devant le lycée, on chante des slogans, on accroche des banderoles : “Liberté, égalité, régularisez !” Autour de cette agitation, Ibrahima a l’air un peu confus, ému, alors qu’élèves, professeurs, et même élus de Vitry se relaient par dizaines pour venir personnellement témoigner de leur sympathie.
Pourtant, ce jeune Ivoirien n’en est pas à son premier moment difficile. Arrivé en France le 11 octobre 2017, le mince adolescent passe ses premiers mois à la rue. “Je dormais sur le boulevard Diderot, entre Nation et Bastille, parce que c’était les deux seuls endroits que je connaissais”, se souvient-il. Agé de seulement 15 ans, il ne tarde pas à tomber malade et est alors pris en charge par l’hôpital Saint-Antoine (12ème arrondissement), où les assistantes sociales l’aiguillent vers Paris d’Asile, association d’aide aux mineurs isolés.
Chaîne de solidarité et envie de s’en sortir
Grâce cette association, il rencontre Juliette, qui l’héberge à Vitry, et bénéficie d’une remise à niveau en français et en sciences. Dispensés par des volontaires, les cours ont lieu dans des médiathèques des XIXe et XXe arrondissements. En à peine un an, il intègre une classe de seconde au lycée Fernand Léger de Vitry, avant d’entrer à Jean Macé en première. L’intégration se fait quasi-naturellement. “Les élèves ont été gentils, et je n’avais pas trop de difficultés scolaires”, explique-t-il sobrement. A la rentrée 2020, il déménage chez les moines capucins de Créteil.
Un test osseux à l’origine de son obligation de quitter le territoire
Ibrahima mène ainsi une scolarité paisible, jusqu’à cette journée de janvier 2021 où la préfecture du Val-de-Marne émet une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) à son encontre. Au coeur de cet imbroglio judiciaire, un différend sur son âge. Muni d’un acte de naissance ivoirien, Ibrahima affirme avoir 18 ans. Mais la préfecture, se basant sur un test osseux réalisé en 2018, estime qu’il en a 19 et, sa demande de régularisation n’ayant pas été faite dans l’année suivant sa “majorité”, il est désormais expulsable. “C’est ridicule, on ne croit pas à l’authenticité des documents d’Ibrahima, mais on se base sur des tests osseux, dont on sait que la marge d’erreur peut aller jusqu’à un an et demi !” s’insurge sa professeure de maths.
Face à ce couperet, Ibrahima est tétanisé. “Je me sens impuissant, je n’arrive plus à me concentrer sur mes cours”, confie-t-il. Pudique, il est d’abord réticent à évoquer sa situation au lycée amis se décide finalement à s’en ouvrir à ses professeurs qui décident de se mobiliser avec les élèves. Le jour même, la classe prend 2 heures pour rédiger une lettre au rectorat, qui restera sans réponse. Mais le lycée ne perd pas espoir. Un deuxième courrier est envoyé à la députée de la circonscription Mathilde Panot (LFI), et une première mobilisation est organisée, le 21 janvier.
Obligé de réduire son ambition de formation pour entrer dans le moule de la régularisation
De son côté Ibrahima tente toutes les solutions administratives à sa portée. Il dépose un recours à la préfecture et au tribunal administratif de Melun, tous deux restés sans réponse pour l’instant. Au-delà de l’angoisse, c’est aussi de la frustration qu’exprime cet élève studieux, passionné par les énergies renouvelables. “Après le bac, je me voyais faire un Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) en génie thermico-énergétique, un diplôme en trois ans. Mais pour témoigner de mon insertion professionnelle à la préfecture, je dois maintenant opter pour un BTS en électro-technique en deux ans… De toute manière, j’aurai beaucoup de mal à trouver une alternance si je ne suis pas régularisé.”
Malgré ce coup dur, Ibrahima tente de ne pas perdre espoir. Une pétition de soutien a été mise en ligne qui a déjà atteint les 2800 signatures. Parmi les profs, on veut aussi y croire, citant le cas de plusieurs élèves déjà dans cetet situation il y a quelques années
Une question se pose en lisant la parcours de ce réfugié , comment a t’il pu intégrer une classe de seconde alors qu’il ne maitrisait pas le Français correctement ? soit le niveau scolaire a vraiment baissé ou alors c’est un sur-doué !
La France devrait remercier Ibrahima de venir nous faire profiter de ses talents !
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